Animal Collective // Painting With

 Animal Collective // Painting With

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Voix singulière dans la pop indé actuelle, Animal Collective déroule depuis le début des années 2000 et un dizaine d’albums une folie pas si douce, frôlant souvent avec la schizophrénie.
Voix démultipliées venant rebondir sur les parois de notre cerveau, bruitages ressemblant dangereusement à des sons de travaux… Rien ou presque ne nous était épargné. Et pourtant, au milieu de ce gros bazar, était toujours ressortis ce sens de la mélodie et cette magie inexplicable qui nous faisaient revenir à chaque fois, avec cette attente sans cesse renouvelée – et assouvie : celle d’être surpris.

Le nouvel opus des New-Yorkais Painting With peut donc étonner lors de ses premières minutes… par son absence de surprise. Le single Floridada, malgré son titre merveilleux, rassemble tous les motifs du groupe : le chant en canon, la basse bourdonnante, le tout enrobé d’une ritournelle sautillante. Bref, on a déjà entendu tout ça.
L’intérêt de de l’album se dévoile en fait au fur et à mesure de l’écoute. Si chaque morceau pris séparément a un arrière-goût de déjà-vu, lorsqu’ils se retrouvent réunis sur cette petite galette, l’auditeur peut alors voir le tableau dans son ensemble. Celui d’une forêt tropicale luxuriante, moite et étouffante, dans laquelle se seraient cachées des milliers de créatures étranges (après tout, n’avons-nous pas affaire à un collectif animal ?).
Des yeux lumineux nous guettent dans l’obscurité inquiétante de Hocus Pocus, une nuée de libellules technoïdes s’envole sur Natural Selection (titre très darwinien, pour un morceau tout aussi sauvage), une panthère semble parader fièrement sur Golden Gal et d’autres bêtes bien plus étranges roucoulent dans l’herbe de Lying In Grass. Chaque titre semble s’imbriquer l’un dans l’autre pour reconstituer un puzzle psychédélique géant, aussi coloré que savoureux.

Au milieu de cette jungle musicale aux mille trésors, Animal Collective nous offre donc surtout un album lumineux et limpide – ils reconnaissent eux-mêmes l’avoir réalisé dans la plus grande sérénité, et cela s’entend. Refrains entêtants, accélérations de rythmes, groove imparable : pour une fois, ces animaux en liberté ne nous donneront pas envie de nous taper la tête contre les murs. C’était donc ça, leur grande surprise.

Rédactrice: Julia Rivière

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