Jake Bugg // La Flèche d’Or // le 3 mai 2016

 Jake Bugg // La Flèche d’Or // le 3 mai 2016

Petite friandise accordée aux fans les plus réactifs (ou du moins à ceux qui ont une connexion Internet fiable à 10h du matin), Jake Bugg était à la Flèche d’Or le mardi 3 mai pour un concert intime aux allures de pré-écoute privée de son troisième album à venir.
Pas de première partie, l’Anglais n’est pas de ces stars qui se font désirer et débarque à 20h30 pétantes devant les quelques 400 chanceux qu’abrite la petite salle du 20e arrondissement. Tout de noir vêtu, bouille de chaton mal débarbouillé, bouteille d’eau à ses pieds : la sobriété est de mise. Sans fioritures ni bla-bla, brut de décoffrage à l’image de ses chansons, le gamin de Nottingham n’est pas très bavard et enchaîne les titres rapidement et avec sérieux. On sent son attitude due davantage à une concentration extrême et à une grande timidité (la couperose est là pour le confirmer) qu’à un quelconque mépris du public, bien un contraire. Loin de fixer ses pieds, son regard est planté directement dans les yeux des spectateurs, brûlant d’une intensité rare et d’une évidente volonté de bien faire. Dans ces conditions, pas besoin d’en rajouter : les chansons parlent d’elles-mêmes.

Le concert démarre ainsi sur l’intrigant single On My One, face sombre du Britannique qui nous avait déjà séduits dans sa version studio, avant d’enchaîner sur les évidents Two Fingers et Seen It All, histoire de mettre les hordes de groupies en condition. Si les anciens tubes fonctionnent à merveille (Taste It en tête) et nous donnent toujours l’impression de voir un jeune Bob Dylan chanter de la country, les nouveaux titres sont une véritable bonne surprise : plus bluesy, plus romantiques, ils démontrent une certaine audace tout en restant dans la simplicité pop. Ces morceaux-là ne nous feront peut-être pas taper du pied, mais nous donneront définitivement envie de nous pelotonner dans une couette pour pleurer sur un amour perdu (nous nous sommes quand même contenus au concert, nous étions dans un espace public). Le sublime Love, Hope And Misery sort particulièrement du lot, avec ses intentions très Last Shadow Puppets, et s’impose comme le prochain hymne sentimental de notre été. Vers la fin du set, l’angoisse un peu passée, Jake s’autorise enfin un sourire (bon, à son bassiste), avant de nous offrir en conclusion l’imparable Lightning Bolt et l’intrépide Gimme The Love, nouvelle promesse rock très appréciable.
En une vingtaine de titres pliés en une heure pile, l’Anglais est donc allé à l’essentiel et a su compenser un certain mutisme par une sincérité touchante. Il nous a simplement rappelé qu’un concert, au-delà du spectacle, c’est avant tout de la musique.

Rédactrice: Julia Rivière