Les Nuits Botanique 2016 // 20 et 21 mai 2016

 Les Nuits Botanique 2016 // 20 et 21 mai 2016

botanique

Pour voir des concerts pas chers de groupes pointus dans un cadre incroyable et avec des gens d’une gentillesse imbattable, ce n’est pas bien compliqué : il suffit de prendre le Thalys. Chaque année au printemps, Bruxelles nous offre ainsi pendant deux semaines ses Nuits dans les jardins du Botanique, qui se pare alors d’une salle de concert supplémentaire grâce à son chapiteau planté au milieu des fleurs. Rendez-vous incontournable pour tous les amoureux du rock indé et de l’électro, le festival accueillait notamment cette année La Femme et Feu! Chatterton côté rock français, Kaytranada et Jack Garratt pour le renouveau deep hip-hop, ou encore Ry X et Porches pour des pop plus douces. Plus penchés sur la scène électronique française émergente, nous nous sommes rendus aux Nuits Botanique les 20 et 21 mai pour deux dates très attendues : celle des copains Flavien Berger et Bagarre, et celle de la nouvelle idole des jeunes, Fakear.

Le vendredi, c’est le groupe Insecte qui ouvrait les festivités. Avec un nom pareil, on ne peut pas dire qu’il s’agissait là de notre plus grosse attente. Et pourtant, ces Belges d’adoption nous ont piqués dès la première chanson et le venin n’a fait que se répandre dans nos veines au fur et à mesure qu’ils déroulaient leurs pop songs aussi groovy que mélancoliques. D’une beauté évidente et d’une efficacité immédiate, ces quelques chansons ont suffi à nous convaincre qu’on tenait là les nouveaux Unknown Mortal Orchestra francophones. A ce coup de foudre musical, s’ajoutait un capital sympathie à toute épreuve, face à un groupe souriant et ouvert. Premier concert du weekend et déjà première grosse claque – quoique pleine de douceur.

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La claque que nous a ensuite administrée Bagarre n’était pas franchement pleine de douceur, c’est le moins que l’on puisse dire. Les foudroyants Français nous ont plutôt donné un bon crochet du droit, dont on ne s’est toujours pas relevés. Depuis le temps qu’on les suit en concert, on pensait s’être habitués à leurs uppercuts musicaux, mais nous n’étions de toute évidence pas prêts à encaisser cette tornade sonore et rythmique qui s’est abattue sous le chapiteau du Botanique. C’est simple : on dirait que les cinq garnements jouent dix fois plus fort que tous les autres groupes réunis. Un son monstrueux, des textes habiles délivrés avec une force qui ferait presque peur. Les beats déferlent, les pieds décollent : de Ris-Pas à Claque-le en passant par Le Gouffre, tout nous interpelle et leur folie furieuse vient tirer par le col chaque personne du public, qui ne comprend pas ce qui lui arrive. Ce qui est sûr, c’est qu’on mettra du temps à s’en remettre.

On pensait avoir atteint le maximum de la surchauffe et avoir lancé nos dernières forces dans la bagarre. Mais ça, c’était avant l’arrivée de Flavien Berger et de ses longs cheveux bouclés. Accueilli en rock star, héros mythologique face à ses machines, le Français a littéralement fait trembler les verrières des serres du Botanique avec sa chanson française technoïde et inventive. Comme à chacune de ses prestations, on se laisse surprendre par toutes ses improvisations musicales et textuelles et par la puissance de titres comme La fête noire ou Léviathan. Cette fois-ci, le spectacle tient aussi dans la performance personnelle. Après des séances de headbanging intensif, Flavien se jette ainsi dans la foule pour un bain d’amour cosmique, celui-là même qui est souvent évoqué dans ses chansons. Du statut d’artiste allumé et innovant, il est passé à celui de star adulée et en tire une force encore plus impressionnante. Les portes de l’univers lui sont désormais ouvertes.

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On revient le lendemain avec toujours la ferme intention de danser. Ça tombe bien, car à 19h30, le discret Lowself nous attend déjà sur le dancefloor. Le nom dépréciateur est mensonger, car avec ses productions entre house, hip-hop et drum-and-bass, Lowself marche doucement mais sûrement sur les traces du Canadien superstar du genre, Kaytranada, et a assuré une solide première partie de soirée : sans prétention, mais avec plaisir et efficacité. Clément Bazin, de l’écurie Nowadays, lui succède sur le même tempo. Artiste électronique atypique, avec ses instruments de musique rapportés du monde entier, le Français donne immédiatement une autre dimension à ses créations synthétiques. Et si l’on a pu trouver quelques titres répétitifs, on a beaucoup aimé cette petite ambiance tropicale qu’il a su instaurer avec trois bouts de ficelle et plusieurs litres de sueur. En quarante minutes, la température a su monter de plusieurs crans pour préparer un terrain plus que propice au héros de la soirée, le très attendu Fakear.

Foule (très) jeune et (très) compacte. Pour l’une des dernières soirées des Nuits Botanique, le public était venu en nombre et était prêt à transpirer sur la nouvelle idole des jeunes. Autre poulain du label Nowadays, le petit Fakear est clairement devenu grand depuis ses premiers remixes et s’offrait là une consécration belge bien méritée. Avec ses tubes électroniques aux influences orientales, le Français a embarqué le chapiteau dans son monde en forme de losange avec sa signature sonore toute personnelle et son charisme enfantin et attachant. Le rouleau compresseur drum-and-bass a facilement fait le travail avec ses titres phares comme La Lune Rousse et Morning In Japan. Si notre cœur d’artichaut lui aurait été éternellement reconnaissant de jouer Cheese Naan, issu de la géniale compilation de la Fine Equipe « La Boulangerie 3 », on ne pourra pas reprocher au garçon de ne pas s’être donné à 300%, porté par un public littéralement en délire. La dernière demi-heure, monstrueuse et fatale, aura presque eu raison de notre condition physique. Décidément, les Nuits Botanique, ce n’est pas pour les amateurs.

Rédactrice: Julia Rivière // Photographe: Eugène Kahlo pour LifeStage 

1 Comment

  • Pour écouter Cheese Naan, il fallait aller voir La Fine Equipe 1 ou 2h plus tard dans l’Orangerie! :-p

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