Pitchfork Opening Night // 27 octobre 2015

 Pitchfork Opening Night // 27 octobre 2015

On a beau dire mais le Pitchfork music festival, au delà de son enrobage de sucre hype, est devenu incontestablement l’événement musical de l’automne à ne pas manquer. Inépuisable de créativité, il nous offre cette année une délicieuse et audacieuse nouveauté pour ouvrir cette 5e édition : une soirée itinérante au coeur du 11e arrondissement, avec pas moins de 10 concerts répartis sur trois salles de concerts à quelques pas les unes des autres et auxquelles les festivaliers de ce soir ont tous accès. Il va falloir faire des choix difficiles et donc des sacrifices devant une si belle programmation. Pas de passage par la Mécanique Ondulatoire pour nous donc, mais un parcours déjà incroyable et des plus passionnants entre le Café de la Danse et le Badaboum.
19h30. Le Café de la Danse se remplit doucement. Le groupe américain BØRNS ouvre le bal, nous inondant joyeusement de leur indie pop lumineuse. Look androgyne pour Garrett Borns et une voix si singulière qu’on peut rarement détacher nos yeux de la scène. Une setlist enchaînant les meilleurs titres de son album Dopamine : Dug my heart, l’entêtant 10.000 Emerald pools, American Money, The Emotion, Holy Ghost plein de soul, pour finir sur leur dernier single, des plus pop et groovy : Electric Love.

20h. On se dirige avec excitation vers le Badaboum pour leur premier concert de la soirée, celui du jeune producteur SG Lewis, dont les sets d’électro ont enflammé les clubs de Liverpool depuis déjà quelques années. Les pas de danse se font encore timides à cette heure de la soirée, mais ses titres les plus forts (Warm, la reprise de Magnets de Lorde x Disclosure) n’en sont pas moins intenses que prévus, et l’expérience sur scène du musicien d’à peine 20 ans est indéniable.

Moses Sumney prend ensuite place, de sa présence magnétique. Il remplace au pied levé Neon Indian qui avait annulé il y a quelques semaines, et le public ne lui étant pas totalement acquis, il n’aura de cesse de vouloir être des plus rassembleurs, invitant les plus bavards du fond de la salle à se taire, et les plus attentifs à chanter à ses côtés. Contraste clair avec les autres têtes d’affiches de ce soir au Badaboum, on pourra cependant apprécier sa voix imposante, son jeu impeccable de samples, et son magnifique titre Plastics. On espère vite le retrouver dans un cadre plus intimiste, propice à sa soul-folk épurée et minimaliste.

21h30. Vite ! On retourne au Café de la Danse, en deux trois pas chassés et endiablés, pour voir le phénomène LA Priest. On avait quitté une salle encore clairsemée, en début de soirée, pour la retrouver à présent, surchauffée (probablement grâce à Empress Of, passés juste avant), et où il faut savoir jouer malicieusement des coudes et des épaules pour se trouver un bon spot. Clairement un des concerts les plus attendus de cette opening night. Tout vêtu d’un blanc satiné et mystérieux, l’ancien leader du groupe Late of the Pier, fait son apparition, seul, pour un set des plus psyché et hypnotique, distillé de funk et de pop. Il jouera les titres phares de son premier album solo Inji, dont le tubesque Oino, accueilli avec ferveur par le public, ou encore Party Zute/Learning to love, Lady’s In Trouble with the Law, et le génial Night Train. Comme sous l’emprise d’un gourou (ou « Earth Shaman » comme il aime à le dire parfois), la salle le suit les yeux fermés, au fil de ses différentes balades fantasques et énigmatiques, pour finir en dance party géante autour de lui sur scène.

On retourne enfin au Badaboum pour le concert explosif du jeune prodige anglais Mura Masa. Sous ce nom de scène, il s’agit d’Alex Crossan, le « 19 years old beat slayer heart breaker producer singer writer lover » qui connaît un succès fou sur Soundcloud et a déjà plusieurs concerts et collaborations à son actif. Il entame un set parfait enchaînant d’emblée deux de ses titres les plus forts : Lovesick fuck, puis Lotus Eater. Le public est conquis, le sourire est sur toutes les lèvres, et le sol n’accueille plus que les pas de danse incessants d’une salle maintenant compacte. Multi-instrumentiste, il maîtrise d’un bout à l’autre la moindre note et le moindre beat, et il est accompagné sur certains titres par la chanteuse de Bonzai, alternant des titres de son premier EP, Someday somewhere (Terrible Love, Firefly, Low) et de son album Soundtrack to a death.

Cette merveilleuse opening night touche hélas à sa fin, mais on vous laisse avec Dj Allie Teilz, pour danser jusqu’à plus soif, avant de poursuivre les festivités dès demain à la Grande Halle de la Villette.

Sunthavy

Retrouvez aussi nos live reports du festival et de la Closing Party.

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