Rencontre // Champs // Vamala, frais et spontané

 Rencontre // Champs // Vamala, frais et spontané

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Nous avions rencontré les frères Champion à l’occasion de la sortie de leur tout premier album, la pépite folk aussi douce que mélancolique Down Like Gold. Tout juste un an après, on les a retrouvés avant leur concert à la Boule Noire en mars dernier, alors qu’ils venaient de publier leur second disque, le plus pop Vamala. Après s’être essayés à la vie urbaine en décidant d’enregistrer dans la bouillonnante Londres, il semblerait que Michael et David vouent décidément un amour sans faille à leur Île de Wight natale, sa mer et sa tranquillité.

Il y a tout juste un an, on discutait de votre premier album Down Like Gold. Pourquoi avez-vous choisi d’aller aussi vite et de publier un second album dans la foulée ?

Michael : Je crois que l’attention des gens pour les groupes est maintenant de plus en plus courte, la mienne comprise. En fait, je me suis rendu compte que je passais de l’écoute d’un groupe à un autre très rapidement. Donc on s’est dit que si on voulait retenir l’attention des gens, il fallait le sortir le plus vite possible.

David : Oui, les gens oublient qui tu es même quand ils ont adoré ton premier album. On ne voulait pas que ça nous arrive.

Michael : Et puis on avait écrit toutes les chansons et le label était prêt lui aussi.

Quand avez-vous écrit tous ces morceaux ? Aviez-vous déjà quelques titres de terminés avant la sortie de Down Like Gold ?

M: En fait oui…

D: …beaucoup d’entre elles !

M: Six, exactement. La moitié de l’album était déjà écrite avant le premier album, et la seconde moitié est neuve.

D: Par contre, on a écrit Upstanding quelques jours à peine avant d’entrer en studio, et on l’a enregistrée en une seule prise, c’était cool.

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Quels sont les autres morceaux que vous avez composé exprès pour cet album ?

M: (Il réfléchit) : …Roll Me Out, Vamala, Upstanding …et une ou deux autres !

Comment avez-vous composé cette fois, êtes-vous restés sur l’île de Wight ?

M: Oui, je t’ai probablement dit la dernière fois qu’on s’est vus que c’était le meilleur endroit pour écrire des morceaux, car il n’y a pas de source de distraction.

D: Je suis allé marcher pendant quatre heures il y a quelques semaines. C’était en hiver, je n’ai croisé personne. Je crois qu’il y a peu d’endroits ou tu peux faire ça. Je pense que ça aide pour composer. On remarque vraiment le changement des saisons, car on est à côté de la mer à la campagne, cela a une grande influence sur nous.

La dernière fois, vous aviez enregistré là-bas…

M : Dans un château d’eau oui, c’est un très vieux bâtiment. Ça a beaucoup influencé le son, en le rendant un peu lo-fi, plus délicat. Cette fois, on a enregistré à Londres, ce qui a rendu l’album plus pop et plus excitant, lui donnant plus d’énergie. On l’a fait très vite directement, on n’a pas trop délibéré, donc je pense que c’était assez frais.
La ville, c’est pas trop votre truc ?

M:J’adore Londres en fait, mais c’est cher.

D: On a pas trop les moyens d’y vivre donc on y allait pour bosser, on enregistrait et puis on rentrait se détendre sur l’Île de Wight, c’était chouette.

Mais j’ai lu que Michael, tu avais vécu pendant quelques mois à Londres et que tu avais fini par t’en aller. Ton île te manquait ?

M : Oui, j’ai besoin de la nature et de la mer. Je surf beaucoup et quand j’étais à Londres je ne pouvais pas surfer, je regardais le surf report tous les jours et je voyais que la situation était idéale sur l’ile de white.

D: Tu te torturais…

M: Je me disais : « Qu’est-ce que je fais là ?! »

Roll Me Out, c’est un hommage à la mer et à l’Île de Wight ?

M: Oui ! C’est pas forcément explicite, mais « Roll me out into the blue » veut dire « Roll me into the sea ».

Tu fais beaucoup de surf ?

M: La plupart des jours. Cet hiver, la mer offrait de bonnes conditions. Il faisait certes un peu froid, mais je portais une combinaison complète, avec des chaussures. Sinon, je vais bientôt a Hossegor et Beyrouth, ce sont parmi les meilleurs spots pour surfer, j’ai hâte.

D’où vient le mot Vamala ? J’ai lu plusieurs explications très différentes…

M: C’est une vieille expression de l’Île de Wight employée par les pêcheurs. C’est le nom d’une tempête imprévisible et dangereuse. Qu’est-ce que tu as entendu d’autre?

Que tu avais dit que c’était un joli nom pour une fille croate…

M: Je pense que c’est quelqu’un d’autre qui a dit ça….

Vous avez enregistré Vamala avec le producteur français Dimitri Tikovoi (Placebo, The Horrors, Sharko, Ghinzu). Comment l’avez-vous rencontré ?

D: Quand on a décidé de faire un deuxième album, notre label a fait une liste de dix producteurs. Dimitri était le dernier. Il aimait vraiment les morceaux et avait une approche différente. Alors que les autres s’étaient vendus en redoublant d’efforts pour montrer ce dont ils étaient capables, lui est arrivé et a dit : « J’adore les morceaux. Est-ce que je peux produire l’album ? » C’était plutôt une bonne approche.

M: Il était vraiment lui même et n’essayait pas de nous impressionner. C’est aussi un batteur génial. Il a joué beaucoup de batterie sur l’album.

D: Il est aussi kickboxer en France apparemment, donc faut pas le chercher ! Ce qui est cool avec Dimitri, c’est qu’il ne nous guidait pas forcément dans une direction, mais nous a rendu plus courageux car c’est quelqu’un de positif. Par exemple, pour la batterie de Vamala, il connaissait notre style et était capable de nous dire ce qui nous ressemblait ou non. Et puis, il ne voulait pas juste refaire notre dernier album. Avec lui, on pouvait explorer différents sons.

Vous diriez que votre musique a évolué vers quelques chose de plus pop ?

M: Dimitri vient d’un milieu plus pop, et on aime autant la pop que la musique l’alternative. Oui ,sur certains morceaux notre musique est devenue plus pop. L’album est une progression de sons. Je pense d’ailleurs que c’est ce qu’un album devrait toujours être.

Running est à cette image, plus dansant que les autres…

M: Running est presque hip hop ! C’est un de mes morceaux préférés sur l’album, il est super fun à jouer aussi.

Et comment allez-vous retraduire sur scène cette musique multi-instrumentale ?

D: On a fait des lives en full band plusieurs fois, avec un batteur qui parfois joue de la basse. Ce soir on sera trois, notre batteur s’appelle Tom, il est du même village que nous.

Sur votre premier album, vous chantiez à propos de Savannah, maintenant à propos de Sophia. Est-ce que les filles vous inspirent particulièrement ?

M: Sophia n’existe pas, elle n’est pas réelle. Avant, au lieu de « Please-tell-me-darling« , le refrain était était « So-phi-a darling« .

D: Un peu comme sur Julia, de Bob Lennon. Euh, John Lennon pardon ! C’est une de mes chansons préférées.

La dernière fois qu’on s’est vus, vous m’aviez dit que vous aimeriez jouer sur un ring de boxe. Avez-vous réalisé votre rêve depuis ?

M: Non ! On l’a suggéré à notre manager mais il n’était pas d’accord.

D: Il pensait que ça ne sonnerait pas bien.

M: Il avait peur de la logistique. Mais je pense que ça pourrait donner un truc super…

 

La playlist de Champs

Angel Olsen – Unfucktheworld

Natalie Prass – My Baby Don’t Understand Me

Bc. Camplight – Just Because I Love You

Emmy The Great – Swimming Pool

The War On Drugs – Red Eyes

 

Propos recueillis par Aurélie Tournois // Photographe: Jacques de Rougé

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