The Last Shadow Puppets // L’Olympia // 29 mars 2016

 The Last Shadow Puppets // L’Olympia // 29 mars 2016

The_Last_Shadow_Puppets_by_Zachery_Michael

Attendus comme des demi-dieux en ce 29 mars pluvieux, la tâche n’était pas facile pour nos chouchous Alex Turner et Miles Kane, composant le duo par intermittence The Last Shadow Puppets. L’excitation faisait jeu égal avec la peur d’être déçus, mais les deux enfants terribles de la nordique Angleterre nous ont rappelé avec une facilité déconcertante pourquoi nous étions si impatients de les retrouver depuis leur unique date parisienne en 2008 (déjà à l’Olympia).

Une file d’attente de plusieurs dizaines de mètres s’étirait déjà devant la salle en début d’après-midi pour accueillir nos Anglais préférés. Après une première partie dont la seule vraie qualité aura été de n’avoir duré que 30 minutes (désolée, Jeff Wootton), TLSP (habituons-nous à ce nouvel acronyme) débarquent enfin à 21h15 pétantes, dans un style éclatant : Miles en costard, Alex en clochard. C’est pour ça qu’on les aime. Ils attaquent bille en tête avec le titre le moins descriptif de la fosse à ce moment précis : Calm Like You. Les cordes sont là, l’effervescence aussi. Les anciens morceaux restent très présents et des énergiques In My Room et The Age of The Understatement aux plus mélancoliques The Meeting Place et My Mistakes Were Made For You (existe-t-il une chanson plus sublime sur cette Terre ? La réponse est non), il est toujours émouvant de voir à quel point cet album est devenu une référence générationnelle incontournable, à l’image, d’ailleurs, du premier opus des Arctic Monkeys. Le public bienveillant et curieux attendait avec encore plus d’impatience les nouvelles créations qu’on nous faisait miroiter depuis huit ans. Si celles-ci n’ont pas le même élan cinématographique que leurs prédécesseurs, elles sont toujours animées par la même verve romanesque et font figure de classiques instantanés, malgré l’apparente nonchalance avec laquelle les deux Anglais nous les ont livrées.

A la solennité du concert de 2008, tout en costumes trois pièces et orchestre (presque) symphonique, Miles Kane et Alex Turner avaient en effet opté ce soir pour une prestation joyeuse et pleine d’humour, créant un décalage parfois regrettable avec une musique très référencée et classieuse, dont l’ampleur nous a toujours poussés à les prendre au sérieux. Alors, aurait-on eu tort de prendre ces deux petites frappes pour les nouveaux génies du romantisme pop ? Bien évidemment que non. Même avec toute la désinvolture du monde, Milex (pour les intimes – ou les excités) dégage plus de charisme et regorge plus de mélodies que tous les groupes de Grande-Bretagne réunis. En témoignent les nouveaux singles Aviation et Everything You’ve Come To Expect, ballades pop évidentes et aériennes que l’on fredonnera encore dans dix ans (lors de leur prochain passage en France, donc). La seconde marquera d’ailleurs l’un des tournants de la soirée, les deux compères lâchant enfin les brides de la complicité et du second degré : Miles finit la chanson un genou à terre, tel un prétendant transis d’amour devant un Alex faussement dédaigneux. A partir de là, on ne retiendra plus l’hystérie du public devant un duo se la jouant Doherty-Barât – et que je te prends dans les bras, et que je te chante dans le même micro, etc… Ce qui n’est bien sûr pas pour nous déplaire.

Concluant leur set flamboyant par une reprise parfaite de I Want You (She’s So Heavy) des Beatles et par le cultissime Standing Next To Me, les Last Shadow Puppets nous prouvent encore une fois que le secret de leur succès réside dans le titre de leurs chansons. Leur nouvel album s’appelle Everything You’ve Come To Expect : comme ce soir, on ne devrait donc pas être déçus.

Rédactrice: Julia Rivière // Photographie: Zachery Michael

Leave a Reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *