Beauregard 2014 // Jour 3 // samedi 5 juillet
Ce samedi rassemble le tiercé gagnant des seconds albums très attendus : aujourd’hui, We Have Band, Foster The People et Angus et Julia Stone se succèderont sur scène. On aura aussi l’occasion de découvrir sur scène deux génies de l’hexagone, qui n’ont même pas encore sorti leur premier album : Samba de la Muerte et Fauve. Après la saucée qu’on s’est pris la veille, on est plutôt optimiste à la vue de ce magnifique ciel bleu.
On arrive pour les premières notes de Samba de la Muerte. Les Normands sont ici chez eux, et sont à l’aise sur scène. Leurs mélodies font un peu l’effet d’un film de tim burton. Sombre, glaçantes, mais aussi jouissives et dansantes en même temps. Un registre bien différent de celui de Concrete Knives, dont sont issus le chanteur et le guitariste Adrien et Corentin. Plus mélancolique, c’est certain, mais surement aussi plus intense, et laissant la part belle aux instruments dans leur individualité. En live, leurs mélodies prennent une toute autre dimension, beaucoup plus ample. Pourtant, en ce début d’après-midi, il n’y a pas foule devant la scène de Beauregard. Pour ceux qui auraient vécu comme nous une expérience émotionnelle devant leur concert, la peau caressée par un soleil bienveillant, leur morceau Sahara fait partie de la tracklist de notre compilation de l’été en téléchargement gratuit!
On est un peu perplexe face à Zone Libre, mais on reste quand même pendant quelques morceaux; sans se mettre en retard pour la suite.
Cette année a vu le grand retour des Anglais de We Have Band. Est-ce le couple formé par Thomas et Dede Wegg-Prosser qui rend leur musique si émouvante? On l’ignore. En tous les cas, sur scène, cette dernière vit le set intensément. La voilà penchée, fébrile, bras levés, le regard grave. Seule petite déception, malgré le génial single Someone, leur nouvel album Movements, plus « parlé » que chanté, se révèle beaucoup moins efficace en live et bien moins obsédant que leur précédent et premier opus Ternion.
On se donne maintenant rendez-vous de l’autre côté de l’Atlantique pour aller applaudir les Californiens de Foster The People. Mark Foster et sa bande étaient attendus au tournant après la sortie de leur premier album Torches en 2011, qui avait fait un véritable carton. Il y a quatre mois sortait leur second opus Supermodel, précédé de la parution du très bon single Coming Of Age. Les cinq gaillards de deux mètres de haut balancent leurs morceaux avec une énergie incontestable. Des morceaux si bien foutus, qu’on a l’impression d’entendre un enchaînement de tubes. Pourtant, l’ambiance ne décolle pas dans la fosse, et après un Pumped Up Kids entonné à l’unisson par les fans, l’adrénaline retombe bien vite. La faute, peut-être, à un nouveau disque qui verse un peu plus vers la ballade pop que son prédécesseur. On est tout de même heureux de pouvoir danser dans un grand parc devant une scène bourrée à craquer sur Helena Beat, Call It What You Want, ou encore Houdini, parfait pour faire la fête à l’heure de l’apéro.
Un autre retour très attendu: celui d’Angus et Julia Stone, avec un album éponyme. Les frère et soeur venus d’Australie étaient chacun parti de son côté se lancer dans une carrière solo. La jolie brune avait même chanté en duo il y a deux ans avec Benjamin Biolay. Cette reformation, on la doit au célèbre producteur Rick Rubin. »La famille, c’est génial, car elle est toujours là pour toi, se réjouit Julia, quelques heures avant de monter sur scène. C’est sûr que c’est un challenge de jouer ensemble, mais c’est aussi une chance. On peut se parler directement et se dire de vraies choses. C’est une expérience très riche. » Un point de vue partagé par son frère: « On n’a pas besoin de discuter de nos vies privées, je la découvre dans les musiques qu’elle écrit. »Après le succès de Big Jet Plane, les voilà à nouveau réunis, pour des ballades romantiques qui tournent, d’après leurs propres mots autour « de l’amour, de l’amour encore, et toujours de l’amour. » Les festivals ne semblent visiblement pas être le moment préféré de la tournée de la fratrie. « Les concerts sont toujours un concert plus courts, et les morceaux calmes (c’est à dire la quasi-totalité de leurs répertoire, ndlr) sont plus difficiles à jouer en festival car les gens sont là pour s’amuser et bouger, du coup il faut savoir adapter notre set list ». Pour autant, ils assureront un set touchant devant un public plutôt nombreux, comparés aux premières heures de l’après-midi.
Au coucher du soleil, c’est à la corp parisienne de nous entraîner dans ses nuits fauves. Les musiciens de Fauve, comme à leur habitude, refusent d’être pris en photo, de se montrer à la télé, ou même de laisser les caméras du festival filmer leur visage pour le retransmettre sur grand écran. Du coup, les mecs se baladent dans le festival tranquillou et partagent leurs allées et venues entre la plage vip et leur merch, vendant en personne les t-shirts à leur effigie. Quinze minutes avant leur concert, il y a déjà une foule impressionnante qui se presse contre les crashs. La concentration de fans au mètre carré est conséquente. D’ailleurs, on a croisé toute la journée des filles avec le sigle du groupe peinturluré sur le visage. Le long du set, le public hurle toutes les trentes secondes « Va te faire enculer ! » comme un gimmick, en hommage au désormais célèbre Blizzard. Sur scène, les morceaux d’une tristesse désarmante se vivent davantage comme un doigt d’honneur au spleen, un combat permanent. Si l’on chante à l’unission sur Infirmière, Voyous et Vieux Frères, les Parisiens sont tout de même moins en forme qu’aux Solidays, où ils ont joué la semaine précédente. Avant de terminer leur set, ils offriront à un de leur pote qui fête son anniversaire des tripes à la mode de Caen. What else ?