FAUVE ≠ // Le Bataclan // 8 mars 2014

Dixième étape de leurs vingt dates au Bataclan. FAUVE ≠ surfe sur la folie qu’il génère après la sortie de son premier album Vieux Frères le mois dernier. Sur scène, les jeunes torturés déploient une énergie inattendue et une mise en scène envoûtante.

Retour du printemps. Ce soir, il fait chaud et les ados viennent peu couverts pour « niquer le Blizzard ». Dans un énième Bataclan complet, une sirène distordue résonne. Le symbole « ≠ » s’imprime en rouge vif sur le fond de scène. Les néophytes découvrent les visages des anonymes de FAUVE ≠. À priori, rien de transcendant dans ces jeunes de 25 ans en t-shirt.

Les premières notes de De Ceux résonnent. C’est un hymne à tous les « vieux frères » qui ont une vie pas terrible, mais qui sont motivés pour la rendre fantastique. Haut les Coeurs et Cock Music Smart Music s’enchaînent dans des versions lives super-puissantes. Essayez de sauter en écoutant l’album, ça ne marchera pas. La puissance des guitares et des percussions se démultiplie sur scène, et surtout le « chanteur » livre une sacré performance. Il scande, rappe, chante ou crie son flot de paroles à une vitesse impressionnante (Eminem tiens-toi bien), sans jamais buter ni s’égarer. Le ton et le rythme sont parfois approximatifs, mais vite oubliés avec la course hypnotique du chanteur, qui arpente nerveusement la scène de gauche à droite.

La salle traverse des émotions extrêmes, jonglant entre le désespoir de Voyou ou Requin-Tigre et la douceur émerveillée de 4000 îles ou Rub a Dub. Le public scande en cœur les multiples punchlines du groupe : « Promis-juré qu’on la vivra notre putain de belle histoire ! » ou bien sûr « Tu nous entends le Blizzard, tu nous entends ? Si tu nous entends, va te faire enculer ! » Le groupe joue l’intégralité de ses titres officiels et n’épargne que ses RAG (sorte de courts interludes parlés dans leurs disques) et leur titres instrumentaux.

La scène est éclairée par des vidéos projetées en arrière-plan. Elles rappellent les multiples clips du groupe qui traînent sur Youtube. On reconnaît certains acteurs, membres de l’ombre du fameux « CORP », qui s’invitent sur scène pour danser un slow sur Infirmière ou faire la fête sur Blizzard, dernier titre du concert. Le groupe, bien plus à l’aise que lors des premières dates parisiennes, surnomme son public « la famille » et le Bataclan « la maison ». C’est l’heure pour les « vieux frères » de remballer et repartir en pique-nique à travers la France. Rendez-vous dans la capitale le mois prochain.