Lykke Li + Woman’s Hour + Oceaán // Festival Les Inrocks Philips // Casino de Paris // 11 novembre 2014

Assister à un concert de Lykke Li, c’est un peu les montagnes russes. Son troisième album, plus que les précédents, m’a ému. Un disque de rupture où la jeune femme se livre, en toute sincérité. De beaux textes sur des sentiments pas toujours faciles à mettre en mots. C’était donc avec une grande impatience que j’attendais ce live, d’autant plus dans une salle comme celle-ci: belle et grande, mais pas trop non plus.

En première partie, Oceaán ne semble pas beaucoup convaincre. Aux premiers rangs, c’est mou. Pourtant, il faut reconnaître que leur neo soul aux beats électro minimaliste est efficace. Le Mancunien Oliver Cean a sorti son premier EP au mois de mars. On se laisse happer par les nappes vaporeuses, dans la même veine sombre que leurs compatriotes de  No Ceremony /// et surfant dans les mêmes sphères soniques que Disclosure. Dark, mais prenant.

La pop aérienne de Woman’s Hour a ensuite un peu de mal à trouver sa place. Sombre, elle l’est tout autant que les beats d’Oceaán et la pop électronique de Lykke Li. Pourtant, malgré de jolies balades, ça ne décolle pas vraiment. Hormis le jeu de scène du claviériste qui chaloupe tel un dauphin dans l’océan, on reste un peu sur sa soif.

Vient enfin le moment d’accueillir la chanteuse suédoise sur une scène parsemée de voiles noirs accrochés au plafond et tombant jusqu’au sol, à l’image de l’artwork d‘I Never Learn. C’est d’ailleurs avec ce morceau éponyme qu’elle commence son set, devant un public totalement acquis et en transe. Si quelques smartphones polluent un peu l’espace au-dessus des têtes, en tous cas, dans la fosse, on s’amuse bien. Danses de potes improbables en duo et checks de fessiers, l’excitation est bien là.

Les morceaux se suivent, comme une armada de tubes poignants, sur lesquels la voix mi-juvénile mi-métallique de l’auteur-compositrice se fait déchirante. Un I Follow Rivers punchy popularisé par le remix de The Magician, un No Rest For The Wicked et un Gunshot vibrants… la magie opère, et la foule est transportée.

Tout d’un coup, elle avoue au public qu’elle vient de se taper une tournée de merde. Mais que ce soir, c’est enfin un bon live. Si l’on est pas dupes, on aime toujours à penser que notre amour est réciproque. C’est plutôt honnête, la grande brune ne fait pas semblant, c’est appréciable. Culotté, mais spontané.

Le temps passe, très vite, il faut l’avouer. C’est déjà la fin du set. Tempête d’applaudissements et supplications pour que la déesse noire revienne.

La voilà de retour, annonçant une chanson « moins triste, enfin, pas vraiment« . Entendre Love Me Like I’m Not Made Of Stone pour la première fois en live me donne des frissons. Et tout d’un coup, ce sentiment d’arrachement, le même que lorsque l’on vous  pose une question absurde et dénuée d’intérêt au moment crucial de votre série préférée. Lykke Li elle-même, qui ose balancer sans ambages: « This guitar sounds like shit! » à l’un de ses musiciens, qui se retrouve là, comme un con, un peu scotché. Gros silence dans la salle. Elle reprend, et on est tout prêt à excuser ce manque de considération pas très subtil pour ses musiciens déjà relégués au second plan, en noir, au fond de la scène. Et puis au bout de trois secondes: rebelote: « Non, je ne le sens pas » avant d’enchaîner avec son dernier morceau, sans prendre la peine de terminer celui-ci.

Si cette fin de concert est un peu abrupte, la mystérieuse suédoise n’aura probablement pas fait l’unanimité en raison de son comportement, mais nous aura quand même séduits au gré de ses ballades sombres.

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