Rencontre // Hyphen Hyphen // Solidays 2015
On a rencontré Hyphen Hyphen pour une interview peu de temps après leur concert aux Solidays fin juin (live report ici) pour discuter de l’évolution du groupe et de la sortie imminente de leur premier album (le 18 septembre).
La sortie de votre premier album, Times, a été repoussée à la rentrée 2015. Quelle est la raison de ce délai ?
Santa: L’envie de perfection. Et aussi pour le sortir dans d’autres conditions… ne pas précipiter les choses. On commence à peine à se faire connaître par un public plus large. Je pense que d’un point de vue marketing et pour que toutes les finitions soient parfaites, c’était essentiel de le décaler.
Qu’est ce qui est si important avec ce disque?
Santa: C’est notre première prise de parole. Et en plus de ça, on veut en être le plus fiers possible, et que ça marque vraiment un renouveau.
Les nouveaux morceaux ont toujours un côté épique et puissant, mais aussi plus posé.
Est-ce que vous êtes devenus plus matures? Plus calmes?
Santa: J’espère. Sûrement pas plus calmes, mais c’est vrai que sur l’album quand tu cherches du « beau », c’est plus facile d’aller vers quelque chose de plus « épique-lent » que dans les chansons hyper up tempo. Bon, on en a quand même pas mal… Je pense que l’album retrace vraiment nos émotions à travers cette année de composition, et aussi l’envie de grandiose-épique et d’essayer d’exister dans la musique, dans les images un peu universelles et grandioses. Et aussi l’envie de danse et de fête parce que voilà, on est jeunes et on a envie de faire la fête!
Vous composez vos morceaux à quatre, comment est-ce que vous gérez ça?
Santa: On le gère comme on peut, hein! (rires)
Zaccharie: Tout le monde compose chacun dans son coin tout le temps, et dès qu’il y a quelque chose qui nous plaît, il se passe une espèce de processus gigantesque de machine à laver du remix : tout le monde remixe tout le monde et remixe le remix d’un autre jusqu’à ce qu’il y ait une forme qui nous semble évidente à nous quatre.
Donc il n’y a pas de chef…
Zaccharie: Non. Ça serait peut-être plus simple! Je ne sais pas…
Santa: C’est vrai qu’on compose à quatre, c’est aussi l’envie de ce projet. Donc effectivement, on se fritte! Parce que quand tu as envie de faire du beau, tu conçois « ton beau » comme universel. Et avec quelqu’un d’autre, aussi proche que tes amis les plus proches, je pense que ça devient viscéral comme entente. Et l’envie de bien faire collégiale, je pense que c’est propice au fight! Mais au delà de ça, quand on est contents à quatre c’est qu’on est fiers et qu’on est aussi, pour moi, sûrs de quelque chose de beau.
Zaccharie: Et puis ça permet une certaine richesse aussi, puisque du coup on a des références d’autres, c’est très riche.
Vous travaillez aussi beaucoup le côté visuel, qu’est ce que vous voulez que ça apporte au projet?
Zaccharie: Ça paraît essentiel! Aujourd’hui tous les artistes vont avoir un projet global qui englobe plusieurs médias… On n’a jamais conçu la musique sans esthétique pour la prolonger.
Adam: Ce qui est choquant, c’est que tout le monde nous en parle comme si c’était un truc en plus. Mais en fait c’est bizarre de ne pas voir tout ça directement comme un tout. En fait, quand tu perçois un artiste, tu le perçois dans son intégralité… Tu peux en tomber amoureux ou tu veux que ça soit ton meilleur ami, mais dans son intégralité…
Santa: Toutes les égéries pop qui nous inspirent, de Madonna, qui est pour nous la grande mère de toutes les égéries Pop, à Michael Jackson ou David Bowie, présentaient un projet artistique complet. Ça nous inspire forcément.
Beaucoup d’artistes restent focalisés sur leur musique et délèguent ces aspects visuels, vous êtes plutôt pluridisciplinaires…
Santa: On aime s’amuser sur plusieurs médiums, et franchement c’est parce qu’on s’amuse à faire ça qu’on le fait.
Adam: On n’arriverait pas de toute façon à déléguer, ça paraît normal aujourd’hui quand tu fais de la musique que tu puisses contrôler tous les médiums qui sont autour.
Santa: De gérer aussi bien Photoshop que Abelton Live.
Vous êtes aux Solidays, vous avez déjà joué deux fois dans ce festival, qu’est-ce que ça représente pour vous d’être ici?
Santa: Un renouveau. J’ai l’impression que ce sont les mêmes personnes, mais avec un nouveau projet. Pour nous c’est nouveau, c’est la première fois qu’on propose vraiment notre musique. Ce qu’on proposait sur scène avant était vraiment purement scénique, et peut être pas forcément dans l’idée de la « grande chanson » qu’on évoque…
Zaccharie: C’était très naïf!
Santa: C’était assez naïf, et ça représentait bien cette envie de punk, à ce moment-là… Maintenant j’ai l’impression qu’on a envie de s’exprimer dans des grandes chansons et de rassembler les gens encore plus, que notre discours est encore plus cohérent que ce qu’on disait il y a deux ans.
Adam: Jusqu’à maintenant, j’ai l’impression qu’on était vraiment « en formation », et je pense qu’il ne faut jamais arrêter d’être en formation. Parce que sinon tu stagnes, et tu meurs. Après, tu joues tout le temps les mêmes chansons toute ta vie. Il y en a qui y arrivent bien en plus! Là, j’ai l’impression qu’il y a une espèce de cadre qui s’est placé, du fait qu’on se soit arrêtés, qu’on ait pris vachement de recul, qu’on ait commencé à composer plus en tant que producteurs que comme instrumentistes… Du coup, c’est un peu comme si on était passé de l’adolescence à quelque chose d’un peu plus… je ne dirais pas « adulte », mais… il y a un cap. C’est important pour nous d’arriver dans les mêmes festivals que ceux qu’on faisait il y a deux ans, avec notre nouveau truc, c’est super excitant de voir la différence, et on espère qu’il y en a une, parce que pour nous il s’est passé des milliards de trucs!
Vous ne jouerez plus vos anciens morceaux ?
Santa: Non. Absolument pas. Ils étaient faits pour la scène. Et l’EP… j’espère qu’il deviendra collector! (rire)
Line: Mais on les aime parce qu’on a grandi…
Santa: …grâce à ça! Je ne renie absolument pas ce passé, ça fait partie de notre histoire et de ce qu’on est maintenant, mais ça n’est absolument pas ce que les gens retiendront.
Du coup, est-ce que c’est votre premier « vrai » concert aux Solidays?
Santa: Non, on a toujours été très honnêtes. Donc nos concerts ont toujours été de vrais concerts. Dans notre manière d’être, il y a la volonté de vérité absolue, toujours! Mais forcément, là on prend un peu de recul. On est encore plus fiers du son qu’on propose.
Vous êtes très « festivals », est-ce que ce sont les scènes que vous préférez?
Line: Non, on ne préfère pas. Il y a deux manières de voir les shows: les shows un petit peu plus intimes, dans les salles; et ceux dans les festivals ou il y a cette notion de conquête, ou on n’est pas encore un groupe reconnu. L’envie de conquête et de conquérir le plus de gens possible, je pense que ça ne nous lâchera jamais. Et cette volonté d’unir et de rassembler et de vouloir être reconnus, je pense qu’en festival c’est l’opportunité ultime. Il y a plein de gens qui viennent à la fin du concert nous dire « je vous connaissais pas et je vous découvre » , et ça c’est vraiment une grande reconnaissance.
Adam: En plus ça met la pression, parce qu’il y a trente autres groupes qui jouent avant, après, en même temps que toi, et du coup tu es obligé d’être au meilleur de toi même pour essayer de te démarquer, d’exister quoi.
Le meilleur festival pour vous ?
Santa: Celui-ci en fait définitivement partie!
(Les autres) Ouais!
Santa: Rock en seine! J’espère que l’été prochain on fera notre deuxième concert là-bas. Les Eurockéennes aussi. On a aussi joué à Osheaga, et Sakifo à la Réunion, et ça nous a donné envie de nous exporter, et de jouer devant un autre public étranger, et de retrouver des gens de toute part.
Et celui où vous rêvez de jouer?
(Tous) Coachella!
LA PLAYLIST D’HYPHEN HYPHEN
Talking Heads – Psycho Killer
Sophie Ellis-Bextor – Murder On The Dance Floor
Seinabo Sey – Hard Time
Barry Manilow – Copacabana
Rod Stewart – Da Ya Think I’m Sexy?
interview et photos : Jacques De Rougé