Rencontre // Kitty Daisy and Lewis

 Rencontre // Kitty Daisy and Lewis

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Alors que leur album The Third vient de sortir, Kitty Daisy and Lewis seront en concert ce jeudi à la Maroquinerie à Paris. Nous avons rencontré les frère et soeurs Durham en décembre dernier. Ils nous ont raconté la construction de leur nouveau studio dans un ancien restaurant indien de la région de Londres, et la façon dont leur musique a évolué pour ce nouvel album, produit par nul autre que Mike Jones, des Clash.

Trois ans se sont écoulés depuis la sortie de votre précédent album. Qu’avez-vous fait pendant ce temps ?

Kitty : Eh bien, on a écrit de nouveaux morceaux ! Mais principalement, on a construit notre nouveau studio à Camden dans les locaux d’un ancien restaurant indien dans lequel mon père avait l’habitude d’aller. Ça faisait 15 ans qu’il avait fermé. C’est un bâtiment très joli, pour lequel on a toujours eu un faible. Alors quand il a été vendu aux enchères, on a sauté sur l’occasion. Ça nous a pris trois ans pour le retaper, il était vraiment en état d’abandon. Et pendant ce temps, on a beaucoup écrit et répété les chansons, pour les finaliser avant de se rendre en studio.

Comment avez-vous eu l’idée de faire de ce vieux restaurant un studio ?

Daisy : Parce que c’est à Camden, juste à côté de Kentish Town, où l’on a toujours vécu. On a toujours adoré cet endroit et quand il a fermé, on s’est dit : «  que va devenir cet endroit ? ». On s’était toujours dit qu’on voudrait avoir un studio ailleurs. Donc c’était la bonne occasion. On avait vraiment besoin de quelque chose de plus grand, parce que, comme on utilise un équipement analogique, c’est très encombrant ! Quand tu es DJ, tu as juste besoin de ton ordinateur, mais nous on a besoin de beaucoup d’espace. On avait l’habitude enregistrer dans la maison de notre maman, mais c’était très difficile d’avoir des sons net et bien séparés. En plus ma mère en avait un peu marre de tout cet équipement !

Pourquoi avez-vous opté pour un studio analogique ? Est-ce par souci d’authenticité ?

Kitty : C’est juste la façon dont on a toujours procédé. Et je pense que ça rend les choses plus faciles pour nous, comme on a l’habitude de travailler avec ce type d’équipement, ça nous permet de faire plus de choses. En particulier vu le style de notre musique. La plupart des groupes d’aujourd’hui utilisent des boites à rythmes, ou des samples, notamment pour la batterie. Nous, on ne fait pas ça, on joue en live, tous en même temps. On ne rassemble pas les pistes après. On n’a pas besoin d’ordinateur. Ce n’est pas qu’on ne veut pas en utiliser mais c’est qu’on n’en a pas besoin. D’ailleurs on en a un au studio, mais on ne l’utilise pas, ça ne capte pas vraiment ce qu’on fait comme il le faudrait je pense. Sinon, ça vient aussi d’un hobby de mon père car il avait un mastering studio pendant 30 ans, et il a toujours utilisé un équipement analogique. Pour nous, c’est devenu naturel. On adore le son que ça nous permet d’obtenir.

Votre album a été produit par Mick Jones des Clash, comment l’avez-vous rencontré ?

Daisy : On le connaît depuis longtemps. Pas vraiment bien, mais il vivait à Londres, et c’est une de ces personnes que tu rencontres par l’intermédiaire d’amis d’amis. Il a toujours apprécié notre musique. D’ailleurs, on a joué dans un de ses clubs il y a quelques années. On cherchait un producteur pour cet album et on ne savait pas trop qui prendre. On voulait que ça reste quand même notre truc à nous, en famille, de l’écriture à l’enregistrement. On a pensé a lui et il a géré ça parfaitement.

Il a participé aussi à quelques uns de vos morceaux…

Kitty : Il joue de la guitare solo sur pas mal de morceaux. Avant l’enregistrement, il a répété avec nous pendant 5 mois au studio. Il a apporté quelque chose de neuf à notre musique. Quand on jouait Feeling Of Wonder, on avait déjà la chanson avec toutes les pistes, mais on avait besoin de quelque chose en plus, comme un solo. Donc il a fait un solo de guitare. Après, il nous a demandé si on voulait la refaire, on lui a dit « non, c’était parfait ! ».

Daisy : C’est super d’avoir quelqu’un d’autre sur ta musique, quelqu’un avec une vibe totalement différente de ce que tu fais normalement. Et même si notre musique évolue, notre instrumentation gravite toujours autour de notre style musical. Avoir quelqu’un d’autre qui aborde la musique d’une façon complètement différente, cela ajoute vraiment un nouveau côté à la musique. Même si ce n’est que pour quelques secondes !

Comment a évolué votre musique depuis vos précédents albums ?

Lewis : Le songwriting a changé un peu, et la façon dont on joue s’est développée un peu plus. Ça dépend de ce que tu joues, parce que pour certains styles de musique, tu as besoin de jouer différemment. Tu peux faire un truc un peu fou quand tu joues du rock’n’roll, mais si tu joue un son un peu soul c’est différent. Évidemment, la façon dont c’est enregistré change aussi le son de la chanson beaucoup.

Daisy: L’instrumentation a aussi changé. Notre père a toujours joué en acoustique et maintenant il joue en électrique, et ma mère a toujours joué de la contrebasse mais maintenant sur la plupart des chansons elle joue de la basse électrique. Oui, je pense aussi qu’on est davantage capables d’expérimenter avec plus de pistes parce qu’on a acheté un nouveau magnétophone avec 16 pistes donc ça nous permet d’enregistrer davantage d’instruments et d’expérimenter un peu plus de choses.

Kitty : Aussi, je pense qu’on a grandi et qu’on fait des choses plus adultes, un peu plus sérieusement, au niveau des morceaux et plus spécifiquement quand on les enregistre. Alors que notre premier album est fait de chansons qu’on a écrit en grandissant, cette fois on s’est penchés plus sérieusement sur l’album qu’on voulait faire. Beaucoup de morceaux sont dans l’émotion. On a toujours su qu’on voulait un orchestre de cordes et qu’on devait travailler pour avoir ça. Il a fallu qu’on travaille d’abord sur notre musique, mais on a toujours eu ça en tête. Quand on a finalement eu cet orchestre, on s’est dit « ouaw ! ». C’était une des choses les plus incroyables qu’on n’ait jamais entendu: un groupe de musiciens géniaux faisant ce qu’ils savent faire de mieux, le long de ta musique, par dessus ta musique. Ça apporte quelque chose de vivant. Même juste les écouter jouer seuls, écouter les parties musicales arrangées, ça sonnait comme un morceau de musique classique. C’était superbe.

La chanson Baby bye bye commence comme une chanson d’amour mais son clip est très noir. Comment vous est venue cette idée ?

Kitty : On a eu une réunion avec le réalisateur, il avait une idée un peu cliché et un peu ennuyante, donc on s’est dit : pourquoi ne pas faire mourir quelqu’un ? (rires) On voulait une histoire différente sur la vidéo. C’est une chansons triste, qui évoque aussi le fait d’avancer, et qui en même temps a un rythme plutôt réjoui ! La première fois que Lewis nous a joué ce morceau après l’avoir écrit, ma mère a commencé à pleurer, mon père a commencé à pleurer, j’ai commencé à pleurer…

Lewis : …moi, je n’ai pas pleuré ! Le clip n’a pas forcément besoin de parler du même sujet que la chanson. Elle se suffit à elle même pour faire comprendre à celui qui l’écoute le sujet qu’elle aborde. Faire des vidéos est une bonne opportunité de s’amuser et de faire quelque chose d’un peu fou. On est musiciens, pas réalisateurs ! Mais c’est bien de mettre tes idées dedans, parce que tu n’auras pas d’autres occasion de le faire sinon !

Daisy : On voulait une vidéo qui soit belle, même sans musique, que tu t’amuses quand même à la regarder.

Vous venez de poster une photo sur Facebook sur laquelle on vous aperçoit porter de nouveaux costumes. Ou avez-vous trouvé ces tenues, et allez-vous les porter sur scène ?

Kitty : La tenue d’Arlequin que je porte, c’est ma mère et moi qui l’avons cousue, elle n’est pas terminée. A la base, l’idée m’est venue à cause du groupe Deee-Lite, ceux qui font Groove Is In The Heart. La chanteuse porte un peu ce type de costume.

Daisy : D’habitude, je porte des costumes cousus par ma mère. Mais cette fois, j’ai déniché une tenue avec des étoiles dans un café à Kentish Town, où il y avait des designers qui exposaient. J’espérais pouvoir le garder car il m’ont dit qu’ils étaient d’accord, mais ensuite, ils me l’ont redemandée. (rires)

Sur scène, vous êtes rejoints par le trompettiste Eddie Thornton. Comment l’avez-vous rencontré ?

Kitty: On joue avec lui depuis 7 ans maintenant ! On l’a rencontré alors qu’ils jouait à l’occasion d’une fête chez des amis. Notre père travaillait chez Island records à la fin des années 70 et l’avait déjà rencontré. Ils se sont reconnus lors de cette soirée, et on était justement à la recherche d’un trompettiste. On lui a demandé s’il voulait venir jouer avec nous. Il est génial, et il adore notre musique. Ça ne pourrait pas être n’importe quel musicien au hasard, c’est lui qu’il nous faut !

Cet été vous avez joué vos nouveaux morceaux dans plusieurs festivals. Quelles ont été les réactions du public ?

Kitty : Bonnes ! C’est un peu difficile quand tu joues de nouveaux morceaux devant un public car tu ne sais jamais s’il va les apprécier. Mais ça s’est très bien passé jusqu’à maintenant et comme on joue de vieux morceaux depuis longtemps maintenant, c’est chouette de pouvoir jouer des choses nouvelles.

Lewis : Quand on est concentrés sur ce qu’on joue, c’est difficile de voir quelles sont les réactions de l’audience.

Daisy : Si tu arrives à aller jusqu’au bout de ton concert, alors tout va bien ! En tous cas, on a eu pas mal de bons retours après les concerts.

 

La playlist de Kitty Daisy and Lewis

Beat Me Til I’m Blue – Alan Hawkshaw
T-Rex – Telegram Sam
Jimmy Mc Briff – The From The Man With The Golden Arm
Benny Hill – Ernie 
Flanders & Swann – The Gnu Song 

 

Propos recueillis par Aurélie Tournois // Photographe: Jacques de Rougé

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