Rencontre // Lucius // Libres et sauvages
Demain soir, mardi 28 octobre, Lucius montera sur la scène du Café de la Danse à Paris. Nous vous parlions déjà au printemps de Wildewoman, le premier album de ces fausses sœurs de Brooklyn à la musique sixties hyper jouissive. Nous avons rencontré les charismatiques Holly Laessig et Jess Wolfe dans les backstages de Rock en Seine.
Pourquoi avez-vous choisi Lucius comme nom de scène?
Jess Wolfe : C’était le nom de mon chien. Il était très marrant. Il avait vraiment une drôle d’apparence, il avait la mâchoire inférieure en avant et une de ses dents ressortait de sa gueule. Du coup, il ressemblait à un vieil homme avec une pipe ! Il ouvrait les portes avec ses pattes et courait droit dans les murs… C’était un sacré de personnage! On aimait bien l’idée de cette juxtaposition, le fait qu’il soit vraiment moche mais tellement mignon justement parce qu’il était si moche (rires).
D’où vous vient cette inspiration pour la musique des années 60?
Holly Laessig: Juste du fait d’avoir grandi en écoutant de vieux morceaux à la radio. Nos parents écoutaient ces morceaux et nous étions attirées par cette musique parce que les chansons étaient faciles à chanter et que les paroles sont bien pensées. Je pense aussi que la musique pop avait un sens différent de celui qu’il a maintenant.
Et quels groupes des années 60 écoutez-vous?
Holly :Beaucoup de vieille soul et de rock’n’roll comme les Stones, les Beatles, Cream et James Brown…
Jess : …Sam Cooke et Otis Redding.
Pourquoi choisissez-vous d’avoir une apparence identique sur scène?
Jess : Quand on était petites, on était inspirées par des artistes qui avaient une représentation visuelle très forte. Et je pense que c’était important pour nous de sentir qu’on pouvait s’identifier visuellement. Pour nous, ça semblait assez évident, puisque nos deux voix chantent à l’unisson comme une seule. C’était facile de créer un miroir entre nous deux, une symétrie. Nous sommes chacune d’un côté de la scène, et c’est presque comme si on se regardait nous-mêmes. Lorsqu’on est devant un public, ils regardent la scène et ils pensent à nous comme à une seule personne, et non pas en se disant: « oh tiens, ça c’est Jess, ça c’est Holly, ça c’est Dan, ça c’est Peter… »
Lucius, c’était le nom de mon chien. Il ressemblait à un vieil homme avec une pipe !
Votre album s’intitule Wildewomen. C’est vous, ces femmes sauvages?
Holly : Oui, dans un certain sens. C’est quelqu’un qui essaie de suivre son propre chemin, qui veut rester soi-même tout en découvrant des choses et en restant ouvert à la nouveauté. Dans ce sens là, oui. Je dirais que nous sommes ces femmes.
Jess : Cela vient du mot « wildebeest » (« gnou »). Est-ce que vous avez ce mot en français? C’est comme un sanglier avec des cornes et c’est un animal qui existe réellement, mais on en parle beaucoup dans la littérature de mythes et légendes. Quand on était petites, on était un peu sauvages et sa maman nous disait « Vous êtes des wildegirls, des wildebeest« . On conçoit notre musique comme le reflet de notre enfance dans notre vie d’adulte, afin de ressentir à nouveau cette innocence légère. Petites, on se demandait: qu’est-ce qui arrive quand une wildegirl grandit et qu’elle devient une wildewoman?
Vous avez l’air de vous connaître très bien, quand vous êtes-vous rencontrés?
Jess : On s’est rencontrées à l’école, au collège. C’était il y a 12 ans, c’est une vielle histoire!! (rires). Et on n’a pas cessé de travailler ensemble et de chanter depuis ce moment.
Et aujourd’hui, à Rock en Seine, quels groupes aimeriez-vous aller voir?
Holly : Si on y arrive, j’aimerais bien aller voir The Ghost Of A Saber Tooth Tiger. Ils vont jouer juste avant nous.
Jess : Saint-Vincent! J’aimerais bien la voir si j’en ai la chance. J’ai entendu que ces concerts étaient géniaux maintenant, je l’ai vue il y a plusieurs années. On voulait voir Mac Demarco aussi, mais il jouait hier.
Quel est votre meilleur souvenir de festival?
Jess : On vient juste de jouer de nombreux festivals aux Etats-Unis mais c’est seulement notre cinquième festival en Europe. Donc on n’a pas encore beaucoup de souvenirs sur ce continent pour le moment. Mais aux Etats-Unis, on a joué dans un festival cet été qui s’appelle Newport Folk Festival. C’est très connu, pas parce que c’est grand, mais à cause de l’endroit et des gens qui ont joué ici. C’est un peu la maison de Bob Dylan et Joan Baez, Joni Mitchell… et la liste est encore longue! Et il y avait Mavis Staples, c’est une légende de la soul musique ! Elle a chanté avec nous sur Go Home, c’était un honneur. On a aussi joué Slippery People des Talking Heads avec elle, c’était incroyable aussi, c’était génial!
La playlist de Lucius
Blake Mills – Don’t Tell All Our Friends About Me
Propos recueillis et photos: Aurélie Tournois