4 jours à Dour : soleil, poussière et tornades
Tout commence par un rendez-vous porte d’Orléans le mercredi 17 juillet pour les possesseurs du pack « tout compris » bus + camping + festival avec un retour à Paris prévu le lundi matin.
Dour est un festival réputé pour être bordélique, plutôt dans le sens positif du terme. Et ça commence dès la montée dans le car : les gens sont déjà presque tous bien alcoolisés (il est 13h30), l’organisation est super approximative (personne ne vérifie vraiment qui est sur la liste pour le car) et on part avec une bonne heure de retard, sans que personne ne s’en plaigne. Autant s’y habituer dès le début. Une fois arrivés, on nous file nos précieux bracelets de façon extrêmement encadrée (« Moi m’sieur, j’en ai pas eu, et un pour mon pote aussi steuplaît! » « Ah, d’accord oui prends en deux.« ) et on se met en route pour trouver un emplacement pour nos tentes. Je suis avec un pote dont c’est aussi le premier Dour et on se demande si les rumeurs sur le camping son exagérées. On remarque qu’il n’y a aucune vraie fouille des sacs et qu’il est autorisé de faire à peu près ce qu’on veut. Ça peut être bon, ou très mauvais. On verra bien.
Une fois les tentes installées (tout au fond, à 30 minutes à pied des concerts, dans l’espoir naïf d’être un petit peu plus au calme), très vite fatigués par les hurlements (« Dourrééééé » est le cri de guerre local, on s’en lasse un peu vite), la musique de merde diffusée par les stands de boissons 24/24, la chaleur et l’absence d’ombre, on part pour le supermarché le plus proche : 45 minutes de marche pour un Liddle devant lequel il y a une telle queue qu’on ne nous laisse même pas faire. On se dirige vers le centre ville et je commets l’erreur de demander l’adresse d’un Mac Do à un type du coin. « (accent belge à couper au couteau) Mais attends, mec, t’es fou ?! Va à la baraque à frites! C’est typiquement belg’ ça ! Tu vas pas aller au Mac Do ! Là, ils font des super frites, c’est pas cher ! Allez à la baraque à frites les gars ! » On se dit qu’on a qu’une vie et on se commande les menu les plus gras possibles, avec de la mayo en supplément. Pas grave, les toilettes du camping sont encore supportables le premiers jour.
^ L’escalier pour accéder au festival et au camping. Plus fatiguant chaque jour…
jeudi.
Après avoir fait le plein au supermarché, on retrouve notre campement avec un mât de tente volé. Merde. On ne va pas garder cette première impression, c’est trop nul. On commence les concerts avec les excellents Half Moon Run, toujours aussi parfaits sur scène. On regrette (une fois de plus) que leur set se situe en tout début de journée. On assiste au début de Fauve : le public est hyper réactif, presque en transe. Je n’arrive toujours pas à savoir si j’aime ou non ce groupe, mais aujourd’hui ils dégagent clairement quelque chose sur scène. Le chanteur lance un « Nous aussi on est venus au Dour, dans le public. Et maintenant on se retrouve là ! C’est émouvant ! » qui rend la foule encore plus hystérique. On part voir les Belges de BRNS qui nous avaient déjà bluffés aux Solidays. Après la claque : l’uppercut ! Le groupe rend le public totalement dingue, tous les morceaux font mouche. Le déjà culte Mexico monte encore le niveau d’un cran, les gens dans le public lancent des confettis et crient de joie. Le batteur/chanteur semble encore plus ému que nous : « Merci… c’est notre deuxième Dour, et c’est un truc de fou !«
La journée a décidément super bien commencé. La prog du festival étant cette année très axée « hip hop », on veut prendre notre première claque avec l’imposant Action Bronson dans la Boombox. Perdu, le son est super mauvais, on est mal placés, et même si le barbu sur scène a un putain de charisme, ça manque clairement de mise en scène. On se casse au bout de 3 morceaux. On passe devant Tomahawk et on se marre bien en écoutant Mike Patton faire le fou sur scène. Un peu plus loin se trouve un coin plus calme ou on regarde une partie de foot entre festivaliers en reprenant des forces. Ou des bières, je ne me souviens plus. C’est très vite l’heure de la vraie tête d’affiche du jour : les Yeah Yeah Yeahs foutent le feu à la grande scène dès les premières notes. Le public est infiniment plus réactif qu’à Paris ou dans d’autres festivals : sans que ça soit le pogo géant non-stop, on remarque que tout le monde chante, bouge la tête, réagit aux morceaux et surtout garde le sourire tout le temps. Même lorsque la chanteuse reprend un titre depuis le début parce que ses musiciens jouent trop vite pour elle, ou qu’elle part se changer entre 2 morceaux sans prévenir. L’effet Dour.
^ Les Yeah Yeah Yeahs, et les 45 photographes devant la scène.
La nuit commence avec Deluxe, qu’on avait vraiment hâte de voir dans ce festival pour saisir le potentiel de leurs concerts déjantés avec une foule 100% réceptive. Au final, l’ambiance n’est pas spécialement plus dingue qu’aux Solidays quelques semaines plus tôt. Sans doute parce qu’on est en train de rater le Wu Tang et que tous les festivaliers chauds bouillants sont devant la grande scène. Tant pis, on ne regrette pas une seconde : un show des Marseillais moustachus les plus énergiques du moment, ça ne se rate pas. Il est bientôt 2h du matin, c’est l’heure de Gramatik qui sera mon meilleur concert du jour. Sans effet de lumières « cool », sans faire de longue pause entre les morceaux comme les très décevants C2C sur scène, le Slovène balance un set surpuissant qui met tout le monde d’accord. Ça pogote, ça slame, ça danse de partout On ne voit pas le temps passer et il est plus de 3h quand la musique s’arrête. Très peu motivés pour aller voir les trop hype Brodinsky et Gesaffelstein, je décide qu’il est l’heure d’aller dormir. Ce qui est un bien grand mot quand son lit se trouve au milieu d’un camping belge, mais j’arrive à placer quelques heures de sommeil avant que le soleil ne se lève et transforme ma tente en four.
^ Pour ne pas se perdre, c’est facile ! On avait des tentes Quechua…
On découvre un super parc dans la ville de Dour avec un kiosque où il fait presque frais. L’endroit parfait pour faire une sieste matinale loin du bruit et déjeuner tranquillement. On retourne au camping dans l’espoir de prendre une douche, mais pas le temps pour faire la queue : Exsonvaldes va entrer sur scène. La chaleur et la trop courte nuit ont eu raison des festivaliers et seuls quelques dizaines de courageux ont fait le déplacement jusqu’à la scène Dance Hall. Tellement dommage ! Le set du groupe est toujours aussi propre et bon, malgré l’absence de certains titres, festival oblige. Personne ne semble connaître les morceaux mais les gens improvisent des danses en investissant tout l’espace devant la scène. Un très bon moment au final !
Changement d’ambiance avec La Coka Nostra sur la grande scène. Même regret que pour Action Bronson la veille : les basses beaucoup trop fortes ruinent totalement les instrumentales pourtant géniales du groupe. La mise en scène est hyper minimaliste (un dj avec un Mac qui clique sur « play » et des rappeurs debout qui marchent d’un coté à l’autre de la scène en se disant que ça fera le boulot pour l’ambiance), bref : dommage. Du coup on fonce voir la fin du concert d’Odezenne qui eux mettent totalement le feu. Les 2 derniers morceaux foutent un bordel pas possible dans le public alors que peu de gens autour de nous semblent connaître le groupe. Soudain, on se rend compte qu’on n’a toujours pas vu à quoi ressemble la Cannibal Stage, la scène métal et musiques extrêmes du festival ! On arrive pour la fin de Skindred, du métal-reggae bien cool. L’ambiance est au circle pit, la poussière vole et ça slam de partout. On est chauds bouillants pour aller voir Danko Jones sur la grande scène ! Un groupe qui ne nous a jamais déçus en live. Pas d’exception à la règle aujourd’hui : notre Danko est en pleine forme (comme toujours) et le public aussi. Après avoir insulté un type qui reste assis sur le côté, le chanteur nous recommande plein de trucs à voir dans la programmation, puis nous demande de faire du bruit pour lui comme si il était aussi génial qu’Hatebreed, qui vont jouer juste après. Toujours dans la mégalomanie et le second degré, comme les Hives, la combinaison fonctionne parfaitement. Ça restera comme l’un des meilleurs concerts du festival !
^ Danko Jones en plein travail.
Après une bonne heure de headbang non-stop à hurler les paroles, on a bien besoin d’un truc plus calme. Pas de chance ! C’est au tour de Hatebreed de foutre un merdier sans précédent sur le site du Dour ! Leur set se termine par I Will Be Heard et Destroy Everything qui portent parfaitement leurs noms. On prend le temps d’apprécier le set electro bien cool de Superpoze, mais on reste très perplexes devant le rock un peu trop fouillis de Mark Lanegan qui semble pourtant avoir beaucoup de fans. Puis à 23h, les Vaccines débarquent sur la Last Arena. Comme plein de groupes qui jouaient dans ce festival, j’avais déjà vu les Vaccines avant et l’ambiance n’était pas du tout la même : autour de moi les gens chantaient tous les morceaux par cœur et avec une énergie de malade, comme si c’étaient les Strokes ou Franz Ferdinand sur scène. Le groupe n’en est pourtant qu’à son deuxième disque et c’était étonnant de voir à quel point l’engouement était grand.
Comme les autres jours, une fois la nuit tombée l’ambiance change complètement. On regarde de loin un dj plutôt mauvais, à-côté d’un type en coma éthylique qui se fait ramasser par la croix rouge. Puis une bande de 5 types totalement perchés se mettent à poil et commencent à danser en cercle sans que personne ne réagissent autour. On regarde le début de Four Tet, pourtant excellent en album, mais c’est plutôt mou et on se dit qu’on ne tiendra pas toute la nuit avec ça. Direction la grande scène pour danser comme des idiots devant Sub Focus, du gros dubstep avec des passages drum & bass (ou le contraire). En gros, c’est la musique qui semble le mieux fonctionner au Dour : jusqu’à 150 mètres de la scène on se croirait en pleine rave party, personne n’a honte de danser en souriant à ses voisins et en se lâchant complètement dès que le rythme s’accélère un petit peu. Le contraire de certains festivals comme Rock En Seine, par exemple.
^ Petit kiosque dans un parc tranquille dans le centre ville que je recommande aux festivaliers qui ont besoin de plus de 2h de sommeil.
samedi.
Après avoir pris une douche (froide) à 4h du matin pour ne pas faire la queue, on est heureux de se lever à 8h grâce aux 40 degrés qu’il fait dans nos tentes et à l’absence d’ombre dans le camping. Bien que les festivaliers avec qui on discute nous considèrent comme des « warriors » parce qu’on marche 45 minutes chaque matin pour se rendre en centre ville, on est heureux de retrouver notre kiosque ombragé et tranquille où une poignée de festivaliers font déjà la sieste. On rattrape un peu de sommeil et on revient dans le festival, ou Lee Scratch Perry donne un concert de reggae tout ce qu’il y a de plus classique sous un soleil de plomb. Rien à déclarer, on file vers la scène métal pour voir Eths, histoire de se réveiller un petit peu. A ma grande surprise, c’est loin d’être nul ! On passe un peu de temps dans la grande tente tout au fond du festival ou des milliers de festivaliers écoutent du drum & bass non-stop de 4h de l’après-midi à 4h du matin, puis on passe aux choses sérieuses avec The Joy Formidable. Je ne connaissais à mon grand regret qu’un seul morceau, mais l’énergie du groupe permet de rentrer dans leur univers dès la première minute. Pour ceux qui ne les ont jamais vu, c’est de l’euphorie en barre du début à la fin (je ne suis pas sur que ça se dise, mais c’est ce qui se rapproche le plus de ce que j’ai ressenti). Puis je vais voir la fin de Petite Noir qui me laisse plutôt perplexe. Totalement blasé, mais qui fonce se jeter dans le public par moment, je n’ai pas vraiment compris ou il voulait en venir. Puis arrive l’un des meilleurs moments du weekend : Mass Hysteria.
Peut-être le seul groupe de métal vraiment crédible à chanter en français, Mass Hysteria en sont à leur cinquième Dour, et ils ont l’air tout sauf blasés de l’expérience ! Les répliques du chanteur font mouche, le public est hyper réactif, la poussière monte et on oublie qu’il fait bien trop chaud pour danser. Tout le monde se lâche complètement, les musiciens font part de leur amour pour ce festival, et il le leur rend bien. Dans un élan de grande folie, le chanteur demande à la foule un circle pit « comme celui qu’on vous a vu faire hier à Hatebreed ! » (preuve que le groupe n’est pas venu au festival juste le jour de son concert, ce qui est assez rare pour être souligné), et descend avec le guitariste… en plein milieu du bordel ! J’ai juste le temps d’allumer ma Go Pro et je fonce filmer au plus près de l’action ce moment mythique. Le résultat se regarde sur Youtube ci-dessous (on ne comprend pas toujours bien ce qui se passe mais l’idée est là) :
Un peu de calme ! On tente de voir Devendra Banhart sur La Petite Maison Dans La Prairie (oui oui, c’est le nom d’une scène), mais l’imbécile arrive avec 15 minutes de retard et on ne peut voir que quelques morceaux avant de partir pour être dans les premiers rangs devant la première raison qui nous a motivés à venir au Dour cette année : Dub Fx.
Notre australien préféré nous avoue d’emblée qu’il vient d’enchaîner 18 dates et qu’il va faire de son mieux pour que la fatigue ne l’empêche pas de donner un bon concert. Il s’en sort plutôt bien, aidé par le fait que le public connait les morceaux par cœur et saute partout en essayant de trouver enfin une danse cohérente aux rythmes dubstep, sans réel succès. Hystérie totale pendant 55 minutes, aidé par son pote Cade (décidément très très bon), Dub Fx balance tous ses « tubes » (un grand mot pour des morceaux connus uniquement grâce à des performances live sur Youtube) et ne laisse pas de survivant. Dans un dernier élan d’énergie, il serre la main de tout le premier rang, ce qui lui prend un gros quart d’heure mais ne laisse pas les gens indifférents. Et hop, une preuve de plus que ce type est le meilleur.
Une question se pose maintenant : comment allons-nous trouver la force pour survivre à Pendulum après ça ? J’ai rarement autant transpiré en une journée et il est bientôt 1h du matin… On se retrouve un peu par hasard devant Drumsond and Bassline et on se chauffe en dansant comme des imbéciles sur les morceaux répétitifs mais très efficaces de drum & bass bien basiques. Pause de quelques minutes puis dj set de Pendulum : toujours aussi violents. A chaque concert, je me demande comment ces mecs ont trouvé autant de tubes dans un genre musical si peu « mainstream »… c’est simple, toutes les 3 minutes, la foule reconnaît un son d’un morceau culte du groupe et redouble d’énergie ! Ça se termine en pogo façon métal, on se jette les uns sur les autres en hurlant comme des idiots jusqu’à nos dernières forces.
A 2h30, je me rends compte que l’ambiance du festival devient de plus en plus étrange… presque glauque par endroits. On me propose des drogues tous les 10 mètres dont j’ignore parfois le nom, les filles en mini-shorts ont été troquée par des mecs en jogging-casquette au regard agressif et beaucoup semblent plus proche du mauvais mélange de substance que de la joyeuse fin de soirée arrosée de festival. Une sorte de boite de nuit géante en plein air, avec tous les avantages et les inconvénients que ça implique.
Retour à la tente pour ce qui allait s’avérer être la plus courte nuit de la semaine.
dimanche.
5h15 du matin. Les gens bourrés rentrent des derniers concerts. « Aaaapé apé apéééroooo ! » Normalement, dans 15 minutes maximum ils vont s’écrouler de sommeil et on pourra se rendormir jusqu’au lever du soleil. « Eh les gars, j’ai péta une glacière ! Et moi un parasol ! Regardez ! » Putain, ils sont en train de voler des trucs. C’est le groupe de petits cons qui s’est installé à coté de nous le vendredi soir, je reconnais leurs voix. 6h00 Mon pote Max (qui ne plaisante jamais avec le sommeil) sort de sa tente. Un des mecs réagit au quart de tour : »Eh, retourne dormir toi ! Eh bâtard j’te jure, j’ai un rasoir, t’approche même pas ! J’aime pas comment tu me regarde ! ». Bonne ambiance. Nos voisins viennent en renfort et on le remet à sa place à coup de « petit con » « toi et tes potes vous êtes des merdeux, vous volez dans un festival ! Sérieusement ? Barrez vous ! Rapportez ces trucs aux gens à qui vous les avez pris !«
6h45, la sécurité arrive. Débat interminable pour leur expliquer que ces types sont des fléaux ambulants et que ce n’est pas nous qui les avons provoqués. Ils finissent par embarquer un des connards et le font sortir du festival (les autres restent cachés dans leurs tentes et font semblant de dormir, ils ressortiront fièrement quand la sécu sera partie pour lancer des déchets sur les tentes des gens autour). Impossible de rester dans le coin, les gars nous lancent des regards noirs (« Collabos, vous nous avez balancés !« ) et on se doute bien qu’il est impossible de laisser nos tentes à coté de ces types pour aller voir des concerts aujourd’hui. On déplace le campement de plusieurs centaines de mètres, jusqu’au fond du camping. Il est 9h30. Trop tard pour se recoucher. Direction le centre-ville pour faire la sieste. Manque de chance ! C’est la fête nationale belge, et une fanfare de jazz a investi le parc, ainsi qu’une centaine de personnes du coin. Et la température ne s’arrête pas de monter…
^ Les Concrete Knives nous font oublier qu’on est en début d’après-midi. Chapeau !
15h30, c’est l’heure de Concrete Knives ! Ça fait un moment que je voulais voir ce groupe en concert, et ce qu’on m’en avait dit n’était pas exagéré. L’énergie déployée est surpuissante et réveille les derniers festivaliers qui se mettent à danser comme des fous. Comme à presque tous les concerts données au Dour, les gens sont hyper réactifs. Presque tout le monde a le sourire, tape dans ses mains, danse, chante et reste jusqu’à la fin. Le groupe quitte pourtant la scène rapidement, comme déçu de ce moment pourtant parfait vu de l’audience… Dommage.
Au milieu de Tryo, Keny Arkana, Raggasonic et autres fautes de goût se trouvent quelques groupes qui m’intéressent bien dans la programmation de l’après-midi, mais ma trop courte nuit a raison de moi et après avoir cherché mon pote pendant 1h30 sans batterie sur mon téléphone, je m’endors comme une merde avec le peu d’ombre que me fournit ma tente dans laquelle il est impossible de rentrer pour cause de canicule. Vers le milieu de la journée, j’ouvre les yeux et regarde haut dans le ciel. « T’as vu mec, les oiseaux là haut ? On dirait qu’ils tournent au dessus du camping… » Mon pote sort la tête du parasol qu’il a emprunté à nos nouveaux voisins. « Non, c’est pas des oiseaux ça. C’est des trucs qui volent… je sais pas pourquoi d’ailleurs… » Je me lève, le camping est totalement silencieux et personne ne peut plus bouger tellement la température est haute. Mais au loin… des tentes volent dans les airs avec des sacs poubelle vides et des feuilles de papier. Elles montent vers le ciel jusqu’à plusieurs dizaines de mètres en tournant… « Mec, c’est le soleil qui me tape sur la tête ! Je vois une tornade dans le camping… » puis un silence. « Non, je la vois aussi… c’est une putain de tornade. Je comprend pas. Y a même pas de vent ! » « Merde je savais pas que c’était possible… c’est quoi cette journée de fou ? Une TORNADE ? Sérieusement ? »
Personne ne nous aurait cru, si des gens n’avaient pas mis de vidéo du phénomène sur Youtube :
Ce dernier jour un peu trop « têtes d’affiche » sera très pauvre en concerts pour moi. Je m’amuse à chanter les paroles d’IAM qui se donnent du mal pour tenir un bon concert de rap en début de soirée, mais je me rends compte que sans le côté nostalgique ce concert ne me parlerait pas vraiment. Le rock bien bourrin à tendance folk des Two Gallants me redonne de l’énergie. Leur set est assez fouillis mais les morceaux sont extrêmement bien foutus et on s’imagine très vite dans un bled perdu au milieu d’un désert ou des routiers texans viennent headbanger, une bière à la main, entre deux bastons. Assez parfait !
La plus grosse tête d’affiche du festival est la reformation un peu foireuse des Smashing Pumpkins. Seul le chanteur est un membre original du groupe, et on a vraiment du mal à apprécier une formation de musiciens pro qui reprennent les meilleurs tubes d’un groupe des années 90, il faut le dire, un peu oublié. Malgré ça, le spectacle est bien foutu et il y a quelques morceaux qui fonctionnent vraiment bien (Bullet With Buterfly Wings, Tonight, Tonight, Zero…) et une ou deux reprises rigolotes. Mon morceau préféré du groupe, 1979, passe à la trappe et le concert se termine aux environs de minuit. De façon un peu prévisible, un feu d’artifice éclate pour fêter les 25 ans du festival. J’ignore pourquoi les organisateurs ont choisi cet endroit pour un tel spectacle… il est sans doute très visible pour la « zone VIP », mais les festivaliers en loupent la moitié, cachée par les grands arbres qui empêchent de vraiment voir ce qui se passe. On profite quand même comme on peut du spectacle, et les gens finissent par applaudir comme des enfants quand les explosions sont plus grosses que la moyenne. Boum ! Waaaaahhhh !
Plus grand chose ne me passionne dans la programmation nocturne et mon week-end s’arrêtera là, après quelques minutes passées à regarder les deux gosses de Carbon Airways courir d’un bout à l’autre de la scène sur leur electro sans queue ni tête mais rigolote. Ce dernier jour était vraiment moins bon que les autres, et il faut se focaliser sur le positif : j’ai rarement vu une aussi bonne ambiance et autant de bon groupes en si peu de temps ! A refaire dès que possible.
Le lundi matin, comme prévu, le camping est aussi dégueulasse que celui du Pukkelpop en fin de festival (sérieusement, les Belges : c’est quoi votre problème avec les poubelles ?), et on est contents de retrouver la clim du car qui nous ramène vers Paris où la simple idée de pouvoir prendre une douche et dormir dans un vrai lit est presque trop belle.
^ Et encore, c’est loin d’être l’endroit le plus sale du camping. Et ils ne ramassent rien quand ils partent. Incompréhensible…
LES PLUS DU FESTIVAL
+ Programmation ultra-éclectique
+ (Presque) pas de têtes d’affiche chiantes
+ Public ultra-réactif, même en début de journée
+ Grande liberté donnée aux festivaliers
+ Presque toutes les scènes sont couvertes
LES MOINS DU FESTIVAL
– Pas d’ombre– Ambiance glauque la nuit à moins d’être très bourré
– Presque « trop » de groupes à voir !