Festival Beauregard 2016 : notre top 7 des concerts
Entre John Beauregard et Dancing Feet, c’est une longue histoire d’amour qui n’est pas près de s’arrêter.
C’est déjà la cinquième année qu’on couvre le festival. Et à chaque fois, on ressent la même petite excitation de retourner dans notre piaule entre potes, de passer la journée à courir entre l’espace presse pour les conférences de presse, les crashs et la fosse pour tâter l’ambiance et s’en prendre plein les oreilles. Et le soir, de se retrouver sur la plage autour d’une guitare avec des bières, à chanter (toujours fort, parfois juste) et respirer l’odeur de la mer, avant de s’endormir dans des draps plein de sable. Alors même si notre crew habituel n’était pas au complet pour cette nouvelle édition, c’est avec toute notre bonne humeur et notre envie de faire la fête qu’on est repartis pour un tour à Hérouville-Saint-Clair.
Si cette année le line up de Beauregard manquait peut être (à mon humble avis personnel de moi-même) un peu de piquant (j’aurais bien aimé sautiller devant un bon Hot Chip, un dansant Chvrches, une rêveuse Aurora, et puis, pourquoi pas, y’a pas d’mal à rêver, un petit LCD Soundsystem), on a quand même assisté à des moments mémorables et à des shows qu’on n’aurait manqué sous aucun prétexte.
Voici donc notre top 7 des concerts de cette édition 2016 :
7) N U I T
Le groupe havrais est ma plus belle découverte de cette année. Les lauréats du tremplin John’s Session ont diffusé sur le domaine de Beauregard leur mélange de trip hop et d’électro sombre et puissante, devant un public au début clairsemé, mais qui s’est étoffé le long du set. Drôle d’idée il faut le dire de leur donner un tel créneau, en début d’après-midi ! Vu l’émotion qu’ils ont procuré aux festivaliers et surtout en raison de leur petit nom, on aurait bien aimé les voir au clair de lune.
6) La Femme
Très attendue, la bande de Sacha et Marlon nous a étalé son spleen à la grosse louche, à renfort de plages de synthé bien cathartiques. Le groupe a ainsi opéré un voyage dans le temps, transportant la fosse au cœur des années yéyé, et atteignant son apothéose sur le désormais culte Sur la Planche.
5) PJ Harvey
Celle que tout le monde attendait s’est déposée sur la scène de Beauregard mi-femme, mi-oiseau bleu, majestueuse. Si son public était largement conquis d’avance, celle dont l’avant-dernier album Let England Shake avait la même année remporté le Mercury Prize et été élu album de l’année par la référence NME n’a pas failli à sa réputation, laissant les spectateurs ravis.
4) Louise Attaque
Si la tête d’affiche de Beauregard pouvait sembler un peu ringarde, on piaffait tout de même d’impatience à l’idée de voir Gaëtan Roussel et sa clique remonter sur scène après tout ce temps ! A 43 ans, le chanteur nous a réservé un show survolté et on a hurlé et vu repasser toute notre enfance sur Léa, Ton invitation et Les nuits parisiennes. A tel point qu’on envisagerait presque de refaire le plein de nostalgie lors de leur prochain passage dans la capitale à la rentrée prochaine.
3) Grand Blanc
Sous une pluie battante, devant une armée de K-Way bariolés et de cirés jaune, le groupe nous a livré une prestation intense. On est ressortis totalement hypnotisés par la chanteuse qui vit complètement sa musique avec ses tripes, et ça se voit : un chant parfait, la noirceur de la cold wave qui se ressent à travers sa voix, son intonation et sa gestuelle. On a vibré et ressenti la musique avec eux, jusqu’à en oublier qu’on se les pelait. En conférence de presse, plus tard, le chanteur remerciera l’unique fada qui aura suivi sa proposition de « se foutre à poil ».
2) The Chemical Brothers
On les avait déjà vus à Rock en Seine l’an passé et on avait dansé comme des malades. Du coup, cette fois, on avait sacrément hâte de les voir monter sur scène. Si ce fut un moment compliqué pour les photographes en crash barrière vu la fumée qu’ils dégageaient, nous, dans la fosse, on en a pris plein les mirettes. Le duo de choc a décoché ses premières flèches avec Hey Boy Hey Girl, histoire de donner le ton, avant de lancer les festivaliers dans des danses improbables, sur le récent Go ou sur la grosse machine Sometimes I Feel So Deserted, dansante à se désarticuler, avant d’exploser de joie avec l’arrivée sur la scène des deux robots géants qui ont remué bras et jambes avec nous.
1) Jurassic 5
Étrange choix que d’avoir donné au seul groupe de rap de la programmation (celui qui dit « Nekfeu » prend la porte) la lourde tâche de clore le dimanche soir. Après la tornade Louise Attaque dont tout le monde chantait chaque refrain jusqu’au plus lointain recoin du festival, le public semble rester par curiosité, ou parce qu’il n’y a plus rien d’autre à voir. Dans les premiers rangs, quelques fans expliquent à des ados curieux le nom de chaque rappeur et tentent de leur expliquer pourquoi « le rap c’était mieux avant ». Mais un concert de Jurassic 5 vaut mieux que tous les discours du monde : après 20 minutes de retard un peu inquiétantes, les 4 mecs et leurs 2 djs débarquent tranquillement, le sourire aux lèvres et la patate comme si c’était leur premier concert. Tout le monde est convaincu en quelques minutes, on saute, on danse, on lève les bras en l’air… L’énergie déployée est dévastatrice et on dépensera tout ce qui nous reste de forces, et un peu plus encore. Le concert se termine sur un What’s Golden épique, et nous voila débordants d’ondes positives jusqu’à la fin de l’été, au moins.
Et voilà une nouvelle édition de close. C’est fou ce qu’ils peuvent passer vite, ces trois jours. Il y a quelque chose de nostalgique à chaque fois au moment de voir s’éloigner ce parc et ce château, un peu comme quand à 10 ans, on quitte sa maison de vacances à la fin de l’été, en se disant qu’il va désormais falloir attendre 10 longs mois avant de pouvoir y retourner passer ses journées à lire des Picsou géant au soleil ou faire des cabanes dans le jardin. Il faut dire qu’on y passe de bons moments, dans ce beau parc verdoyant. L’effort est de mise côté ambiance, entre animations costumées légèrement freaky, dégustations de produits locaux et déco poétique. Notre seul regret : le peu d’interviews réalisées. C’est con, parce que nous, cette année, on aurait bien fait un brin de causette avec Ghinzu, Feu ! Chatterton et La Femme. Mais qu’à cela ne tienne, on se recroisera certainement bien vite.
Et vous, c’est quoi votre top 7 ?
Rédactrice: Aurélie Tournois // Photographe: Jacques de Rougé