Rencontre // Rich Aucoin // « Quand tu réalises combien la vie est courte, tu profites de tout »
Restés complètement babas devant la prestation de Rich Aucoin au Nouveau Casino en juillet dernier, nous avons rencontré le Canadien lors de son passage à Paris à l’automne. C’est au milieu des escaliers de la gare Montparnasse, entre une pinte de bière et le dernier métro, que l’on a capté l’étincelle brillant en l’artiste.
Tu as nommé ton album We’re all dying to live (« Nous mourrons tous d’envie de vivre ») et tu diffuses sur écran géant des phrases sur le sens de la vie pendant tes concerts. Est-ce que c’est un sujet qui t’a toujours obsédé ou bien est-ce qu’un évènement particulier t’a fait prendre conscience de cette chance d’être vivant ?
Rich Aucoin :J’ai frôlé la mort, perdu mon père et quelques amis, morts par accident ou de maladies. La mort est devenue une importante partie de ma vie. Y réagir est devenu une façon de me motiver à profiter du moment présent plutôt que de me morfondre. Evidemment, la tristesse ne s’en va pas, mais c’est un déclencheur qui aide et motive à se souvenir combien la vie est fragile et passe vite. Quand tu réalises combien celle-ci est courte, tu peux anticiper et profiter de tout. Au lieu de se dire qu’on sera heureux quand on partira en vacances, on peut se réjouir du fait d’être là, assis sur ces marches.
Pendant tes concerts, tu demandes à tout le monde de bouger, de jouer, de crier avec toi. Comment considères-tu la scène ?
Rich : C’est comme un grand projet, tout le monde travaille ensemble pour construire quelque chose. Ce n’est possible que si tout le monde s’entraide. Le public est conscient que cette énergie positive ne se produit que si chacun y met du sien. C’est génial de se retrouver au milieu de tout ça.
Quand on regarde la pochette de ton album et qu’on visionne le clip de It on se dit que tu dois être un grand fan de cinéma…
Rich : J’ai voulu faire un disque car c’est quelque chose que tu fais plus facilement tout seul qu’un film. J’ai commencé à tourner des bouts de films et à enregistrer de la musique en même temps, puis à rassembler les deux pour en faire des clips.
Tu as prévu d’aller visiter le musée d’Orsay demain. Dis-nous en un peu plus sur cette passion que tu as pour l’art.
Rich : J’adore les arts ! la peinture, la sculpture, l’architecture, les beaux bâtiments…J’ai eu une révélation au MOMA en voyant certaines installations. Pour moi, c’est l’art de maintenant, un art multimédia et technologique qui permet de réaliser tout ce qui peut être créé de différent actuellement, comme par exemple les sons en trois dimensions.
A propos d’installation, tu viens de jouer en acoustique sur un piano de la gare Montparnasse. Qu’est ce que tu en as pensé ?
Rich : C’est super ! Au Canada, ils en ont mis un peu partout l’été dernier à Montréal. Je pense qu’ils vont recommencer l’été prochain. Ca permet aux passants de s’exprimer et aux autres d’apprécier leur musique. J’ai beaucoup aimé le gars qui jouait tout à l’heure, il avait l’air un peu dur avec son crâne rasé et il s’est finalement assis pour jouer quelque chose de très beau.
Et si tu n’étais pas musicien, tu serais quoi ?
Rich : Réalisateur, c’est sûr !
La playlist de Rich Aucoin:
Elephant – Tame Impala
Instrumental Tourist – Tim Hecker
Instrumental Tourist – Tim Hecker
Propos recueillis par Aurélie Tournois // Photo : Jacques de Rougé