La Route Du Rock Collection Hiver 2013
Après avoir passé l’après-midi à se goinfrer de crêpes au Salidou les pieds dans le sable, direction la Nouvelle Vague, toute nouvelle salle de concert de Saint-Malo (ex-Omnibus). Au programme de ce vendredi soir, pour la collection hiver de la Route du Rock: Magnetic Friends, Melody’s Echo Chamber, Tomorrow’s World, Lou Doillon, Lescop et Yan Wagner.
A tant avoir attendu la fameuse unique navette qu’on n’a finalement jamais vu arriver, on a fini par louper la prestation de Magnetic Friends.
On arrive juste à temps pour voir Melody’s Echo Chamber. Leur musique, copie de Tame Impala (et pour cause, c’est Kevin Parker, leur leader, qui a produit l’album de la demoiselle) est un peu décevante. Un constat sûrement dû au fait que sur scène, Melody Prochet remue des bras, appuie sur trois boutons, poussant la chansonnette sans grande conviction. Dommage que le live ne retranscrive pas ses multiples talents, la jeune femme assurant en effet tous les instruments en studio. La pauvrette pâtit des réglages sonores, et semble manquer de retours tout au long de son set. Du coup, on reste scotché devant le jeu de scène de son guitariste prodigieux et à la chemise kitch.
Au tour de Tomorrow’s world de monter sur scène. On avait déjà vu le nouveau groupe de Jean-Benoît Dunckel, de Air, avec l’Anglaise Lou Hayter lors de leur première partie de Singtank, à La Gaîté Lyrique. Toujours aussi froide, la belle, malgré les paillettes de son éternelle robe style Jessica Rabbit, restée dans l’ombre des lumières les trois-quarts du set, ne parvient pas vraiment à faire transpirer la salle. Aucune émotion, aucun échange avec le public, il manque véritablement quelque chose à ce duo.
On ne pensait pas pouvoir compter sur Lou Doillon pour réchauffer l’atmosphère. L’ex-mannequin étant raillée par à peu près tout les médias musicaux un tant soit peu indé pour son statut de « fille de » (la belle ayant, faut-il encore le rappeler, Jane Birkin pour maman et Jacques Doillon pour papa), on ne savait pas trop à quoi s’attendre. Pourtant, dès les premières secondes, son sourire vient déjà rompre avec le ton donné par les précédents groupes. Et la voilà qui raconte sa vie, dédie ses chansons(« pour les filles trompées », « pour les jalouses, car moi-même je suis très jalouse », « pour ma maman »). Sa voix bluesy est bluffante, et la longiligne brune termine par deux reprises qui finissent de nous convaincre: Should I Stay Or Should I Go, des Clash, et I Go To Sleep des Pretenders, avant un rappel à la guitare acoustique pour interpréter un de ses tous premiers morceaux, en seulement deux accords.
On devine à la concentration de filles collées à la scène le nom du prochain groupe. Lescop ne cesse de cartonner avec son tube radio La forêt et au premier rang, on hurle les paroles par coeur. Le gringalet Mathieu Peudupin dit Lescop, ancien leader d’Asyl, tout de noir vêtu, fronce les sourcils et contracte les maxillaires. Son talent indéniable de songwriter n’arrive pas pour autant à faire oublier qu’il y a un truc qui cloche derrière cette mise en scène. Le type se prend pour Ian Curtis en balançant ses morceaux cold wave alors même qu’on ne peut s’empêcher de repenser aux mélodies rock un peu sales d’Asyl. Un brin d’opportunisme, ou bien une soudaine maturité ? Si Lescop est devenu en quelques semaines un chanteur sacré qu’il semble désormais interdit de critiquer, on doute quand même, bien que le style ne soit pas si mauvais, de la sincérité du bonhomme.
La soirée terminera sous les projos déglingués et l’électro classe du Franco-Américain Yan Wagner, dont on ne verra que 20 minutes de set, avant de prendre la fameuse navette retour intramuros.