Les albums du printemps à écouter absolument

 Les albums du printemps à écouter absolument

Cette année encore, le printemps aura vu bourgeonner de nombreux disques. Mais avec l’avalanche d’albums sortant chaque semaine, difficile de savoir où donner de la tête. On vous aide à faire le tri. 
On ne parlera pas ici du nouveau Coldplay, du dernier We Have Band ou du retour de Foster The People.  Non pas qu’ils aient été mauvais, mais il s’agissait ici de sélectionner ceux qui nous avaient émus, fait danser, bouleversés. On a écouté beaucoup, beaucoup de disques. De bons, de moins bons, d’excellents. C’est de ces derniers dont on va vous parler: voilà les nouveautés à-côté desquelles il ne fallait surtout pas passer.


Breton – War Room Stories
En ce premier semestre 2014, il fallait vivre dans une grotte pour être passé à côté du collectif britannique Breton. La sortie de leur deuxième opus, War Room Stories, a véritablement signé leur explosion médiatique. Encensé par la critique, cet album, composé entre les quatre murs  d’un ancien bâtiment de la propagande communiste berlinoise, transpire une pop électronique paradoxalement tout sauf étriquée, où se côtoient cordes et beats urbains épris de liberté.

Coming Soon – Tiger Meets Lion
On pensait que Coming Soon avait plutôt une sensibilité anti-folk. Avec Tiger Meets Lion, le groupe originaire d’Annecy prouve qu’il ne se cantonne pas à un seul style et se réinvente une identité pop dansante qui n’est pas sans nous rappeler Phoenix ou Is Tropical. La voix et les synthés nous replongent dans l’énergie des années 80. Mention spéciale à Vermilion Sands, à écouter de préférence en boucle lors d’une fête au bord de  la piscine.


Howler – World Of Joy
S’il fallait décrire le monde (de joie) de Howler il se résumerait en trois mots: guitare, candeur et frénésie. Comme les Strokes à leurs débuts, le groupe, originaire du Minnesota, n’invente rien de nouveau mais retranscrit sans maniérisme et avec un réel talent le son avec lequel il a grandi. Soit une pop matinée de punk à la Ramones. La fougue adolescente ne s’est jamais aussi bien exprimée que dans les mélodies surannées.


Talisco – Run
Derrière Talisco se cache le ténébreux bordelais Jérôme Amandi, qui, après avoir longtemps cherché sa voie semble avoir enfin trouvé la marche à suivre avec Run, premier album brillant et haletant. Est-ce pour rattraper le temps perdu qu’il coure ainsi à perdre haleine ? En réalité c’est dans l’urgence que son talent s’exprime le mieux. Ses cavalcades de cow-boy romantique nous transportent dans un monde de western magique et onirique.


Damon Albarn – Everyday Robots
Damon Albarn enfin en solo ? Avec Blur, Gorillaz et The Good, The Bad and the Queen, Albarn semblait jusqu’à présent avoir du mal à signer une œuvre de son seul nom. C’est désormais chose faite avec Everyday Robots, même s’il n’a pu s’empêcher de s’offrir la compagnie de Natasha Khan (alias Bat for Lashes), Brian Eno et The Leytonstone City Mission Choir sur trois titres. Curieux objet que cet album qui fait la somme de toutes ses influences empruntant par-ci par-là des touches de trip hop et de rythmes africains. Mais cet album est surtout l’occasion pour Albarn de mettre pour une fois sa (belle) voix en valeur.

Kishi Bashi – Lighght

Multi-instrumentiste, chanteur et compositeur, Kaoru Ishibashi, alias Kishi Bashi, réalise un disque qui s’apparente à une pièce aussi théâtrale que musicale. Un feu d’artifice musical servi par un violon pas sirupeux pour un sou, accompagnant même un synthé fou sur Carry On Phenomenon, ou se faisant beaucoup plus sage sur la narrative Bittersweet Genesis for Him AND Her. Dans cette pop hyperactive aux mélodies psychédéliques, on ressent clairement l’influence d’Of Montreal, dont Kishi Bashi n’est autre que l’ancien violoniste. L’artiste est également le violoniste de Regina Spektor et le leader de Jupiter One. Avec un tel CV, rien d’étonnant à ce que ce premier album solo soit une vraie merveille. Ensoleillé, bigarré, Lighght, qui emprunte son titre à un poème de l’Américain Aram Saroyan, jongle entre notes folles et mélodies scintillantes. Et puis un artiste qui se permet d’intituler ses morceaux « hahaha Pt .1 » et « hahaha Pt.2 » tout en proposant des mélodies aussi enjouées que complexes relève forcément du génie. Avec une bande son pareille, cet été, c’est sur, comme il le chante sur The Ballad of Mr.Steack, ce sera booty booty shaky shake ! Après la sortie de son album le 12 mai dernier, Kishi Bashi sera en concert au Point Éphémère le 23 octobre.

Beaty Heart – Mixed Blessings

Dans un univers assez proche, les Anglais de Beaty Heart, après avoir accompagné sur scène The Rapture et Chew Lips, ont sorti leur premier album le 12 mai dernier. Leur pop tropicale et tribale évolue dans un univers coloré, totalement psychédélique, à mi-chemin entre les mélodies folles d’Animal Collective et les joyeux morceaux des Beach Boys. Souvent déguisés dans leur clip, il est important de souligner que les Londoniens sont à l’origine de l’ensemble de leurs visuels. Un talent extravagant dont leur timidité sur scène ne laisse pas présager!

Lucius – Wildewoman
Paru le 31 mars, l’album porte bien son nom. Porté par le duo féminin formé par Jess Wolfe et Holly Laessig, le groupe, originaire de Brooklyn, se montre sur scène d’une énergie aussi jouissive que communicative. Les deux chanteuses au look copié-collé chantent à l’unisson sur des mélodies pop au rythme hyper-entraînant. Difficile de conseiller un morceau en particulier, tant chacun revêt l’étoffe d’un tube potentiel. Le quintet est à l’affiche de Rock en Seine le 23 août. Et avant cela, vous pourrez les voir ce jeudi 12 juin en showcase au Pop Up Record Store chez Gap, rue du Faubourg Saint-Antoine, à Paris.

Isaac Delusion – Isaac Delusion
C’est cette semaine, le 2 juin pour être précis, qu’est enfin sorti le premier album d’Isaac Delusion. Après la sortie de leur excellent EP Midnight Sun en octobre dernier, on trépignait d’impatience à l’idée de découvrir de nouveaux morceaux. Leurs mélodies planantes, entre électro et trip hop, est portée par la douce voix enveloppante de Loïc Fleury (Lucky Lindy). Ces petits frenchies cartonnent de l’autre côté de l’Atlantique, et ce n’est pas pour rien. A vous de vous faire une idée en allant les voir ce soir à la Gaîté Lyrique, où ils feront leur release party.

Lykke Li – I Never Learn
Après l’immense succès d’ I Follow Rivers, remixé par The Magician ou repris par Triggerfinger, Lykke Li revient avec I Never Learn. Ce nouvel album, composé et enregistré à Los Angeles, est le troisième et dernier opus d’une trilogie commencée avec Youth Novels et Wounded Rhymes. C’est à la fin d’une relation tumultueuse que l’artiste écrit le morceau éponyme : « c’était un moment horrible. Je ne ressentais plus que blessure, honte, tristesse, culpabilité et absence ».  Avant même la sortie de l’album, les singles Love Me Like I’m Not Made Of Stone, et No Rest For The Wicked, d’une beauté désarmante, donnaient le ton. Un long cri douloureux, d’une beauté désarmante et surtout incroyablement touchant et sincère. Encore une fois, la jeune suédoise nous enchante grâce à sa voix aussi sensuelle que sensible et ses grandioses mélodies exutoires, toujours saisissantes.

Champs – Down Like Gold
On vous a déjà beaucoup parlé sur Dancing Feet de ces deux petits génies de la folk. Les deux frères, originaires d’un petit village de l’Île de Wight, viennent de jouer leur deuxième concert à Paris à la Flèche d’Or, il y a quelques semaines. Ce premier album est une pure merveille. Les frangins Champion diffusent un folk délicat aux textes d’une sincérité étonnante. Tandis que Michael caresse sa guitare de délicats arpèges, la pureté cristalline de la voix de David s’immisce pour créer l’harmonie la plus parfaite.

Mily Chance – Sadnecessary
Alors que le remix de Stolen Dance par Flic Flac figure sur la playlist de l’ensemble des clubs d’Europe, Milky Chance sort enfin son premier album. Les deux Allemands mélangent folk-rock et beats électro, soutenus par la voix de Clemens Rehbein, grave et chaude à la fois, à la limite du reggae. Après la sortie d’un premier EP en février, ce nouvel album, paru en mai, se révèle une succession de morceaux tous aussi entraînants les uns que les autres. Chacun des morceaux de cet album est un appel à la danse. Les fans parisiens ont d’ailleurs pu découvrir le talent d’ambianceurs du groupe en début de semaine sur la scène de la Flèche d’Or.

My Little Cheap Dictaphone – The Smoke Behind The Sound
Le 10 mars, My Little Cheap Dictaphone (MLCD pour les moins courageux) publiait son quatrième album.  Les Belges se sont fait connaître grâce à The Tragic Tale Of  A Genius, album concept qui raconte le parcours torturé d’un artiste perdu entre rêves et réalité et inspiré de la vie de Brian Wilson, des Beach Boys. Les Liègeois, qui partagent le même producteur que Girls In Hawaii et Stromae, se sont payé le luxe d’enregistrer ce disque dans les studios ICP et Abbey Road. Redboy et ses acolytes délivrent une pop aérienne fourmillant de riches arrangements, aux guitares puissantes et au synthé pétillant. 

Kill The Young – Fingers For Gun
Trois ans (une éternité !) après Thicker Than Water, Kill The Young reviennent avec Fingers For Guns. Autant dire qu’on l’attendait de pied ferme, ce quatrième disque. Bad Bones et Born In The Real World, taillés pour des stades, sonnent comme de purs hymnes rock. Non, on ne se prendra pas à parler « d’album de la maturité », ce serait bien trop cliché. Même si les trois frangins Gorman, qui semblent avoir mûri et franchi une nouvelle étape dans leur vie, nous le balancent bel et bien en pleines oreilles. Pour en avoir le cœur net, les Anglais joueront le 21 juin aux 4 Ecluses à Dunkerque.

Blue Box – Afterglow
Les Franciliens de Blue Box publiaient ce printemps leur second EP, joliment nommé Afterglow. Les quatre potes remportent un pari haut-la-main: celui de réussir à nous faire danser sans interruption pendant 18 minutes. Mention spéciale à l’onirique titre éponyme et à l’aérien Strange Weather, dont les sons de batterie s’emballent tels des pulsations cardiaques jusqu’à l’apothéose d’une danse totalement survoltée. Depuis leur premier EP Don’t give up the ghost, sorti en 2012, le groupe semble avoir pris un tournant plus électro-pop, évoluant vers un style qui n’est pas sans rappeler les mélodies de Pony Pony Run Run et de Two Door Cinema Club.

Reptile Youth – Rivers That Run For A Sea That Is Gone
D’abord baptisés Reptile & Retard, les Danois de Reptile Youth publient en ce début d’année leur second album, au nom poétique Rivers That Run For A Sea That Is Gone. Les deux leaders ne se considèrent pas uniquement comme un simple groupe de musique, mais se voient plutôt comme un collectif créatif mêlant divers formes d’arts. A l’image de leur projet vidéo parallèle, dans lequel 11 réalisateurs de 11 nationalités différentes réalisent le clip de chacun des titres de l’album. A l’écoute de morceaux tels que JJ ou Two Hearts, on se croirait en plein milieu des années 90, portés par la voix légèrement froide et nonchalante de Mads Damsgaard Kristiansen. Pour vous faire votre propre idée, le groupe jouera le 28 juin au Nuba.

Animali – The Spark, and three other poorly-produced pieces of music
Animali est un jeune groupe originaire de Lyon. Impossible de ne pas penser à Pink Floyd ou Flaming Lips en écoutant The Spark, and three other poorly-produced pieces of music, leur premier EP au nom particulièrement humble. Leur rock très 70’s évolue dans une ambiance psychédélique et hallucinatoire. Le quintet, actuellement en tournée, retournera en studio cet été afin d’enregistrer de nouvelles compositions. Leur excellent single The Alchemist tourne déjà en boucle sur notre playlist…

Kasabian – 48:13
Après quatre albums que l’on considère comme un sans-faute parsemé de tubes en puissances comme de perles rares dont on ne se lasse toujours pas 10 ans après la sortie du premier disque, on avait peur d’être un peu déçus par ce nouveau Kasabian. Une pochette et un nom peu inspirés, un premier single pas si efficace… en écoutant le reste de l’album, on était plutôt rassurés de voir que, bien qu’un cran en-dessous des autres, 48:13 sera loin de faire tâche dans la discographie du groupe. On retrouve avec plaisir les petits arrangements et bidouillages sonores Kasabian-esques, comme à la fin de Clouds (l’un des meilleurs titres du disque), et les trois petits interludes d’une minute donnent un côté mystique à l’ensemble. Si les « gros tubes pop » manquent à l’appel (pour une fois), le disque s’écoute avec plaisir et les nouveaux morceaux se feront bien vite une jolie place dans les setlists du groupe et dans votre playlist de l’été.  

Rédacteurs: Kirana Chesnel, Aurélie Tournois et Jacques de Rougé
 

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