Rencontre // I Am Un Chien // Le Printemps de Bourges 2015
On a rencontré les trois pattes d’I AM UN CHIEN !!, cloîtrés dans une « box interview » avant leur passage sur la scène Pression Live du Printemps de Bourges. Sans langue de bois et imprévisibles, ils nous parlent de leur projet en évoquant le love, N’Djamena, Chatroulette et Interstellar.
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Je pensais que vous aviez intégré un batteur dans le groupe. Où est-il ?
David Fontao : Pas là. Il était avec nous en studio. C’est dur de faire sonner I AM UN CHIEN !! en live. Là, on a trouvé une recette qui marche très bien à trois. Ramener une batterie, c’est galère… ou bien ce serait pour une grosse scène, genre Belfort. On se prendrait une semaine de résidence uniquement pour la batterie, et là on arrive, c’est blindé de gens, tu mets le mec de dos à l’ancienne, et BOUM c’est ultra fat ! Mais le groupe restera une identité à trois.
Vous avez joué en Russie, en Hongrie… Comment votre musique s’est-elle exportée là-bas ?
Douglas Cavanna : On sait que nos morceaux sont repris par des DJs aux quatre coins du monde, dans des boîtes. On est tombé sur des vidéos où des DJs mixent nos titres, c’est cool et ça fait circuler le nom. Quand le premier EP est sorti, on a remarqué qu’on avait aussi pas mal de ventes aux Etats-Unis, surtout au Texas. Pourtant on n’y est jamais allé.
DF : On n’a jamais résolu ce mystère. On a peut-être une grosse fanbase là-bas ! Les clips, ça compte beaucoup aussi. Celui tourné sur Chatroulette, « Hologram » a pas mal tourné à l’époque.
À l’inverse, êtes-vous déjà tombés sur un public stoïque ?
Raphaël Lopez : On vit à Paris quand même, on connaît bien ce genre de public. (rires) Quoi ? On n’a pas le droit d’être méchant avec son propre public ?
DF : Notre première date en Suisse, c’était horrible, les gens n’applaudissaient même pas. Vraiment, y’avait rien. Je m’énerve rarement mais là, ça m’avait vexé de ouf. Parce que même si t’aimes pas, remercie-moi pour m’être cassé la nuque pour toi ! Encore si on nous jetait des verres, genre « Connard, t’es maigre ! », ok. Mais là, rien.
DC : Puis un mec déguisé en chien qui est venu sur scène…
DF : Ah ouais. Je lui ai dit de se casser, je voulais pas que les gens pensent que c’est nous qui l’avions ramené. C’est trop la honte, genre « Ah c’est un chien parce qu’ils s’appellent I AM UN CHIEN ! ». C’était une mascotte de prévention pour pas que les gens rentrent bourrés, mais il était complètement bourré ce chien ! Il puait l’alcool à côté de moi !
RL : Parfois, il y a aussi des erreurs de programmation, comme nous faire jouer à 18h en ouverture de soirée. C’est pas la meilleure idée.
Vous êtes actifs depuis 2008, mais vous n’avez sortis que des EPs.
DF : On est très EPs, parce que ça nous permet de tester, changer de style. Le jour où on sera prêts pour faire un album, avec une belle signature, un vrai développement, on se lancera. Sortir un album, c’est stressant. Si t’es pas dans un gros buzz et que ton album est pas prêt, les gens retiennent juste le single qui sort avec le clip, et tout le reste de ton travail est oublié.
Vous devez donc avoir pas mal de morceaux en stock.
DF : Ouais, on en a plein. Pour tout te dire, avant de sortir notre dernier EP Humanity, on partait sur un album. Mais une fois qu’on avait tous les morceaux, on s’est rendu compte que ça faisait un moment qu’on n’était pas revenu dans le game. Si on balançait tous nos nouveaux titres, beaucoup plus riches que les anciens, les gens allaient peut-être pas comprendre. Donc on a testé avec un petit EP, et d’autres morceaux vont suivre. On va sortir un single bonus fin mai, qui s’appelle N’Djamena. Un titre très violent.
DC : On préfère sortir nos titres avec un clip, aussi.
DF : C’est vrai. Tu peux pas sortir un titre tout seul, à part si t’es un DJ ultra fat. Nous, ça a toujours été un clip et quelques titres forts. Les albums, les EPs, c’est surtout des tickets pour la presse et les festivals.
J’ai été surpris par le côté pop de vos derniers titres « Come Back » et « Lipstick ».
DF : C’est presque un retour aux sources pour nous. Avant I AM UN CHIEN !!, on était un groupe de rock classique. « Come Back », c’est un titre que j’avais composé avec mon frère (José Fontao, chanteur de Stuck In The Sound, ndlr) en même temps que j’avais composé « Brother » pour Stuck. En regardant l’EP, on trouvait qu’on avait pas mal de titres bien bourrins. On a voulu proposer deux titres pop, mais pas non plus hyper doux, avec de gros kicks et de grosses guitares. Avec ces titres, on a touché de nouvelles personnes, pas que les fans de Bloody Beetroots. En concert, on a remarqué qu’il y avait plus de meufs qu’avant.
Côté lyrics, essayez-vous vraiment de donner du sens à vos textes ?
DC : On aime surtout les punchlines, les gimmicks et jouer sur la rythmique des mots. Après bien sûr, quand on écrit des paroles, on essaie d’y donner du sens.
DF : J’écris en yaourt, genre « Iwonabrain ! » Ensuite, je me dis, qu’est ce qui ressemble à ça ? « I wanna play ! » C’est complètement ça. En revanche, les paroles de notre dernier EP sont très « love ». C’est voulu, on assume et on kiffe ! On fait de l’amour, beaucoup de girls, beaucoup de love… Mais ça, c’est José et son côté romantique.
Avez-vous le temps de profiter des festivals où vous jouez ?
DC : Ce soir, j’ai envie de voir le groupe qui joue juste avant nous, K-X-P. J’ai découvert ça récemment, je suis curieux de voix ce que ça donne en live. Ça a l’air vraiment énorme, il y a deux batteurs.
RL : Moi, je veux voir Juliette Greco et Stéphane Eicher.
Quels artistes écoutez-vous en ce moment ?
DF : Jon Hopkins, et Kenkrick Lamar. Kenprick Lamar. Putain, Kendrick Lamar.
RL : London Grammar ? Je note ! (rires)
DC : C’est vrai que le dernier album de Kendrick Lamar est vraiment top.
RL : Moi je suis toujours bloqué sur des B.O de films, je suis un peu spécial. Surtout The Social Network et Interstellar.
DF : Ouais, d’ailleurs je comprends toujours pas pourquoi Hans Zimmer (Interstellar) a pas eu l’Oscar. Bon, c’est bien pour l’autre Français, Alexandre Desplat.
RL : Il était nominé 2 fois. S’il l’avait pas eu, il aurait été dégouté.
Vous avez un rituel avant de monter sur scène ?
DF : Ouais ! On se regarde et on fait GOOO ! (rires) Non, je déconne. En général, moi je suis encore aux chiottes qu’ils sont déjà sur scène. (rires) Non, je déconne encore. En vrai, on avait tenté d’en faire un, à un moment. On se mettait en cercle, les têtes serrées, genre rugbymen. Finalement, ça nous faisait plus mal au crâne qu’autre chose.
Propos recueillis par Ulysse Thevenon // Photos: Elise Schipman