RÜFÜS : Jellyfish-tronica
Le trio australien RÜFÜS/RÜFÜS DU SOL jouait aux Etoiles en mars dernier pour présenter son excellent nouvel album Bloom. Déjà énormes stars dans leur Australie natale, et faisant le buzz depuis plusieurs mois dans les autres pays anglophones, les trois potes sont de manière étonnante, encore peu au goût du jour en France. On l’espère plus pour très longtemps. On a eu la chance de rencontrer Jon George et James Hunt et faire la connaissance de ces petits prodiges de l’électro-pop.
Vous venez tout juste d’arriver à Paris, c’est la première fois que vous jouez ici ?
Jon : On vient tout juste d’arriver, directement d’Amsterdam, donc on n’a pour l’instant pas eu le temps de voir grand-chose de la ville. On a déjà joué ici quelques fois. D’ailleurs la dernière fois, juste après le concert, on avait fait une sorte de balade improbable dans un taxi noir, qui nous a fait faire un grand tour de la ville, c’était cool !
C’est la fin de votre tournée européenne, et vous avez joué dans des salles nettement plus petites qu’en Australie, où vous avez un succès énorme depuis déjà quelques temps.
Jon : Oui, c’est vrai, on joue dans des salles clairement moitié plus petites, mais c’est aussi finalement à l’image des salles européennes, et on avait les autres fois joué dans des salles encore plus petites. Là c’est vraiment agréable de pouvoir présenter le nouvel album, et de se dire qu’on peut faire encore mieux pour jouer on l’espère dans des salles de plus en plus grandes les prochaines fois.
James : Mais c’est vraiment plaisant de pouvoir jouer à nouveau dans des lieux plus intimistes, de voir à quel point on a évolué, ça nous manque de temps en temps en Australie.
Comment s’est passée cette tournée en Europe ?
James : L’accueil a été super, ça a été vraiment cool. On a eu plusieurs dates sold out, ce qui est vraiment incroyable. Ça a été vraiment sympa et rafraîchissant de pouvoir jouer nos nouveaux titres, et voir les réactions du public. On a eu beaucoup d’interviews en Allemagne, notamment dans certaines villes où on jouait pour la première fois. Et puis toute l’organisation de la tournée en soi est tellement différente comparativement à chez nous, en Australie, où tout est tout de suite plus grand, étendu. L’articulation entre les concerts, les trajets sur la route ici, c’était vraiment cool.
Il s’agit donc de votre tournée pour votre deuxième album, Bloom. Par quoi se différencie t-il du premier pour vous ?
Jon : Le premier album avait été écrit totalement en Australie, et de fait était beaucoup teinté de tout ce soleil, ces vibes australiennes. Depuis, on a beaucoup tourné, voyagé, on a joué dans beaucoup de festivals, et ce deuxième album reflète ça, toutes ces nouvelles différentes influences musicales qui nous ont imprégné, ces nouvelles expériences, on était vraiment excités d’écrire cet album pour retranscrire tout ça vite. On a aussi voulu évoluer, aller plus loin sur le plan de la production, tester d’autres choses. Une certaine partie de l’album a été écrite en Europe, notamment à Berlin, donc il y a probablement des émotions plus « européennes » mélangées aux vibes australiennes (rires).
Vous êtes sur le label Sweat it Out, où avait été signé à l’époque Flume. Vous avez déjà collaboré avec lui ?
Jon : Non, pas du tout, mais on l’a croisé assez souvent avant que son succès n’explose ! Après on a joué dans les mêmes shows ou festivals en Australie. On a évolué dans les mêmes cercles.
D’ailleurs de nombreux groupes australiens électro ont du succès en ce moment. Vu d’ici, ça ressemble à une grande famille musicale, est-ce vraiment le cas ?
James : En réalité, l’Australie c’est assez petit, et finalement, tout le monde finit par se croiser un moment où l’autre, on joue dans les mêmes salles de concert. Je ne sais pas si on peut dire qu’on est tous amis mais il y a vraiment une bonne ambiance, un bon esprit.
Jon : Tout le monde se soutient et s’encourage. On se croise dans les aéroports, les concerts, c’est cool.
Si l’on revient à votre histoire : depuis combien de temps jouez-vous ensemble ? Et comment vous êtes-vous rencontrés ?
James : J’étais au même lycée que Tyrone (Lindqvist – chanteur du groupe), mais on ne se connaissait pas directement. Jon et lui ont commencé à faire d’abord de la musique ensemble parce que Tyrone était à la base le meilleur ami du plus jeune frère de Jon, et moi je suis arrivé dans le tableau quelques mois plus tard …
Jon : Ca fait 6 ans qu’on joue ensemble. On s’est finalement tous rencontrés au lycée à travers plusieurs cercles d’amis, et on s’est rapprochés sur des goûts musicaux communs : on adorait Trentemøller, Booka shade, et autres, on faisait de la musique chacun de notre côté, de différentes manières, et ça a commencé comme ça.
Comment se passe votre processus créatif, est ce que chacun a un rôle défini dans l’écriture des titres ?
Jon : Pas vraiment, on a chacun je dirais les mêmes compétences en terme de production en studio, donc on est chanceux de pouvoir jouer finalement un peu tout quand on écrit. C’est vrai que sur scène par contre, James est à la batterie, moi aux claviers, Tyrone à la guitare, au chant et aussi aux claviers, mais ça veut pas nécessairement dire qu’en studio on a les mêmes places, si quelqu’un apporte une idée, on va jouer de tout, travailler tous ensemble autour de cette idée, et partir de là.
D’ailleurs, pour le public français qui ne vous connaîtrait pas encore, comment décririez-vous votre musique, en quelques mots ?
James : (rires) Humm… Jellyfish electronica ?
Jon : (rires) Oh oui, Jellyfish electronica ou Jellyfish-tronica ! [Ndlr : le nom du dernier titre de l’album InnerBloom était aussi inspiré des méduses]. Bon, pour préciser un peu, ça fait plutôt référence à ce sentiment d’instrumental acoustique, organique, très vivant, versus la musique électronique pure, à proprement parler. On essaye de faire un mix des deux tout le temps.
Quelles sont vos plus fortes influences musicales du moment ?
Jon : En ce moment, on écoute pas mal de choses… D’abord, David August, un musicien de Berlin, qu’on adore. Aussi, George Fitzgerald, Bob Moses, Maribou State, et pas mal d’artistes ou groupes qu’on a rencontré récemment.
Pour finir, un mot concernant cet été où vous jouez dans de nombreux festivals, dont le fameux Coachella !
James : Oui on va jouer dans beaucoup de festivals à la fois aux Etats-Unis, mais aussi en Australie. Aux Etats-Unis, l’accueil a été incroyable, on a beaucoup fait le buzz disons, le mot s’est répandu très rapidement, et de manière positive.
Jon : Oui ça va très vite finalement, et plus on joue quelque part, plus on en parle. Le Coachella c’est vraiment un gros truc pour nous, c’est très excitant, on a hâte.
Dans les oreilles de RÜFÜS
Bob Moses – Days gone by
HÆLOS – Oracle
David August – Her Myth
Leon Vynehall – Kiburu’s
George Fitzgerald – Full Circle
Propos recueillis par : Sunthavy // Photographe : Laurent Besson