Simulation Theory: que vaut le nouvel album de Muse?
Autant vous prévenir : si vous espériez un retour au rock, à grand renfort de riffs de guitares, alors passez votre chemin. Avec Simulation Theory, le trio anglais semble définitivement être passé à l’électronique. Efficace, mais sans génie.
La pochette de l’album donne le ton : il y a des années 80 dans Simulation Theory. Designée par Kyle Lambert (à qui l’on doit l’affiche de la série Stranger Things), elle cumule les clins d’œil à la culture populaire de cette décennie, de Star Wars à Retour vers le futur, en passant par SOS Fantômes. Et effectivement, la première chanson Algorithm tient cette promesse : avec ses beats marqués et son synthé omniprésent, elle pourrait figurer sans problème sur la bande originale d’un épisode de Stranger Things, justement. Tout comme The Void, qui clôt ce huitième album studio du groupe.
Entre les deux, il y a du bon et du moins bon. Du très bon avec Pressure, qui rappelle le Panic Station de The 2nd Law pour sa rythmique et son côté foutraque (y compris pour le clip, qui là aussi multiplie les clins d’œil aux films qui ont bercé l’enfance des Anglais).
Une série de morceaux taillés pour la radio
Avec Propaganda et Break It To Me, Muse surprend et offre deux morceaux qui font terriblement penser à Prince, des guitares saturées, à la manière de chanter de Matthew Bellamy, en passant par la production. Puis vient le ventre mou. Something Human, The Dark Side, Dig Down et Thought Contagion ne sont pas mauvaises. Efficaces, accessibles, elles remplissent un objectif simple : tourner sur les radios. Ce sont d’ailleurs elles qui ont été sorties en single pour défendre l’album. Et c’est bien ça le problème. Quand dans les années 2000, ce genre de production était rare (on pense au très décrié Starlight de l’album Black Holes), aujourd’hui il semble être devenu la règle. Et cela donne une œuvre sans grand relief.
Dans Simulation Theory, une obsession toujours présente pour les thèmes de fin du monde, manipulation des masses et révolution
Pour autant, Simulation Theory est agréable à écouter. Malgré l’omniprésence des claviers au détriment des instruments acoustiques, il ne fait aucun doute que Muse est aux commandes. Ici et là, un riff, un piano, une harmonie, une ligne de basse rappellent leurs anciennes compositions. Du côté des paroles non plus, les fidèles du groupe ne seront pas dépaysés, Matthew Bellamy continuant à décliner à l’infini les thèmes de fin du monde, de manipulation des masses et de révolution. Mais on cherche le supplément d’âme auquel le groupe nous avait habitué. La part de magie qui transformait leurs morceaux en moments suspendus.
Comme avec le vin, il faudra attendre quelques années pour voir comment ce Simulation Theory vieillit. Mais sans cette étincelle, il y a de fortes chances qu’il ne devienne qu’un album parmi tant d’autres, qui surfent sur cette vague nostalgique de retour aux années 80.
Rédactrice: Audrey Bourdier