The XX // Le 104 // 18 décembre 2012

 The XX // Le 104 // 18 décembre 2012
Ambiance festival au 104 ce mardi soir, le soleil en moins. On vend des merguez dehors et des sandwichs dedans, on se promène dans l’immense salle plutôt que de se coller à la scène, et on discute sous la verrière avec l’impression d’être en plein air.John Talabot fait office de première partie. De la musique électronique minimaliste et glaciale diffusée par deux types à moitié convaincus qui entre deux réglages tapent sur une cymbale pour ne pas trop donner l’impression d’avoir juste appuyés sur « Play ». Vous l’avez compris, l’ambiance n’est pas aux pogos : je compte sur les doigts de la main les gens qui bougent dans le public, et pourtant la foule est impressionnante! Il faut dire que le volume est loin d’être assez fort pour se plonger dans les compositions du duo et que les lumières bleues donnent une impression de fin de soirée triste. De toute façon, le public ne semble pas être là pour danser et se contente de regarder les deux hommes immobiles, osant parfois remuer la tête. Dommage ! Car l’album Fin sorti cette année contient d’excellents titres et pourrait donner quelque chose de très bon sur scène (comme arrive très bien à le faire Isaac Delusion, dans le même genre). L’ambiance décolle presque sur les deux derniers morceaux et suffit quand même à se mettre dans une certain état d’esprit pour apprécier la suite.
 
Après une mise en scène plutôt réussie en introduction, le grand rideau qui masque la scène tombe et laisse apparaître les trois Anglais. La foule est hystérique, le groupe pas vraiment. Tout en gardant cette distance froide qui caractérise aussi bien leur musique que la tronche qu’ils tirent en permanence, les XX parviennent à dégager cette espèce de magie super-efficace à chaque morceau. Guitariste et bassiste se répondent par une succession de mouvements saccadés hypnotisant, tels des marionnettes contrôlées par la musique. Tandis que le set avance, le jeu de lumières est de plus en plus violent et les morceaux évoluent progressivement jusqu’à donner l’impression d’assister à un concert de Vitalic, les basses en moins (encore que). Devant moi, des trentenaires semblant s’êtres passés le mot pour venir habillés pareils et avec la même combinaison moustache-lunettes-coupe de merde (ne pas prononcer le mot en « h »…) discutent de leur dernière soirée en titubant, une bière à la main. Personne ne les remarque, tant la scène capte totalement l’attention. Le rappel est le moment le plus dingue du concert, avec l’intro de l’album éponyme qui me file des frissons dès les premières notes. Définitivement leur chef-d’oeuvre. Un « X » géant finit par apparaître derrière le groupe, qui remercie le public et se dit très touché d’une telle affluence. Il faut dire que remplir le 104 deux jours de suite avec seulement deux albums n’est pas à la portée de n’importe qui.
 
John Talabot
 
 
 The XX
 
  
 
  
Texte et photos: Jacques de Rougé

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