Villagers // {Awayland}
2013 – Domino Records
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On avait été prévenu : Awayland serait différent de Becoming A Jackal. Moins Conor, plus Villagers. Moins timide, plus électronique.
Moins mélancolique, plus positif parfois (Nothing Arrived) sans chercher absolument à trouver un échappatoire, l’Irlandais laisse entrevoir une certaine naïveté empreinte d’un enthousiasme qu’on sent poussé sans pour autant être feint. A l’écoute de My Lighthouse, premier titre de l’album,on se retrouve pourtant déjà totalement en confiance, rassuré par cette voix bienfaitrice devenue familière. On se laisse plonger dans ce récit entre le songe et le conte, les yeux écarquillés à la manière de l’Irlandais. Grateful Pleasure vient troubler cette harmonie renfort de sonorités ténèbreuses alors même que Conor évoque le dieu de la douleur, de la tragédie, de la haine et du mensonge. Si sa diction tend parfois à modifier la mélodicité de ses morceaux, le songwriter confirme son statut de poète et déclame ses odes à la vie, dans ses bonheurs éphémères comme dans ses blessures profondes. Sur ses lèvres se dessine un monde aux diverses époques, en demi-teinte, où l’on demeure anxieux, les poings serrés, comme on imagine l’enfant de l’artwork dans laquelle se confond l’âme de Conor O’Brien . Très scénarisé, l’album oscille entre le poème et la séquence de cinéma, à l’image d’Earlthy Pleasure. Conor parle, nous abreuve de paroles même, ses mots s’enlacent, se répondent. C’est merveilleusement poétique, obsédant, ça triture l’âme, ça fait presque mal. Il faut savoir accepter de laisser le temps filer, avec les conséquences que cela implique. Ici, on regrette toutefois les fines balades intimistes et si touchantes de son premier opus.
A écouter : Earthly Pleasure
Aurélie Tournois