You and You + Suarez + Saule // La Flèche d’Or // 30 janvier 2013

 You and You + Suarez + Saule // La Flèche d’Or // 30 janvier 2013
Il n’y aura bientôt plus que les Belges pour oser chanter en français. Et ils s’ en tirent plutôt pas mal.
 
Trois groupes se succèdent à la Flèche d’Or ce soir: les Parisiens de You and You, et les Belges Suarez, de Mons, et Saule, de Bruxelles.
La soirée commence avec You and You. Pour nous, c’est une énorme surprise. Seulement deux sur scène, ils envoient un folk doux et puissant, plutôt scotchant. Les lauréats Paris Jeunes Talents 2009 et  du FAIR 2010 n’ont pas volé leur place. 
Vient ensuite le tour de Suarez. J’avais bien aimé « On attend », qui avait complètement envahi les ondes en 2008. Marc Pinilla, la mèche blonde et brillante, fait preuve, c’est sûr, d’un certain charisme. Mais si son morceau du moment « Qu’est-ce que j’aime ça » semble séduire un public  qui l’accompagne volontiers dans ses « ohohohohoh, ohohohohoh« , personnellement, moi j’aime pas ça. J’ai l’impression de me retrouver dans les tribunes d’un stade de foot, et c’est franchement pas mon truc. Si j’ai paradoxalement adoré la prestation du groupe, c’est davantage à cause de ses acolytes improbables, furieusement doués et visiblement passionnés. En observant les quatre zicos, je finis par me demander ce qu’ils ont mis dans ma bière, au bar. Plus je les regarde, plus j’ai l’impression de retrouver les mecs qui me suivent dans la rue en file indienne en exécutant des pas de danse, saxo aux lèvres, les jours de bonne humeur. Voir ses propres petites voix intérieures jouer sur scène, c’est pas banal.
Puis, après une longue attente, c’est à Saule de monter sur scène. A la frontière entre rock français, blues et folk, le grand gaillard est surtout un raconteur d’histoire. Et ça fait plutôt du bien de l’écouter. On aurait presque l’impression de se retrouver à nouveau en maternelle, assis en tailleur face à la bienveillante bibliothécaire du quartier. On l’écoute débiter ses textes sur « un type normal » ou « un mec bio » avec un sourire en coin, qui signifie: « mais ouais, mec c’est trop ça!« . On a de la chance, ce soir, il nous joue ses nouveaux morceaux,  complètement inédits puisqu’ils figureront sur son prochain album. Et puis, de façon totalement désinvolte, comme ça, l’air de rien, voilà que le showman appelle un pote à le rejoindre sur scène. Le type, son producteur au passage, n’est autre que Charlie Winston. Il n’en faudra pas plus aux demoiselles de la fosse pour tomber en pâmoison devant le  jeune homme à chapeau. Les deux amis interpréteront ainsi leur titre commun « Dusty Men », avant que Saule continue son répertoire, seul cette fois. Alors qu’on sent la fin s’approcher, le public meurt s’impatience de réentendre à nouveau la voix de Charlie Winston. Bonheur qui en saurait tarder: le chanteur entonnera Black Bird des Beatles avec Saule le temps d’un rappel très seventies.

 

 

 

Texte: Aurélie Tournois // Photos: Jacques de Rougé

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