Les meilleurs albums de la rentrée
Moodoïd, soit Pablo Padovani et ses quatre musiciennes, leur maquillage pailleté, et leur imagerie surréaliste en ont certainement intrigué, attiré, énervé plus d’un depuis que leur morceaux ont envahis les médias. Pour capter les intentions de ces hurluberlus, la meilleure option est encore de plonger la tête la première dans Le Monde Möö, leur premier album. Alors que les titres de leur précédent EP La Montagne et De Folie Pure annonçaient une couleur psychédélique et à la limite du parodique, les nouveaux morceaux surprennent par leur recherche et leur diversité. Machine Métal, composée en l’honneur de Lou Reed le jour de son décès, nous téléporte dans un générique de série des années 80. Il y a pour la première fois un texte en anglais dans la vaporeuse Yes & You, des percussions africaines et du saxo dans la très festive Bongo Bongo Club, et un improbable hybride : Heavy Metal Be Bop 2 !Mais parce qu’on revient toujours à ses premières amours le psychédélisme est encore représenté à travers La Lune et Les chemins de traverses, bijoux déjantés qui vous enveloppent comme les volutes de fumées de la Chenille d’Alice au Pays des Merveilles. Ne résistez-plus, laissez-vous transporter ! 8/10
En France, le duo basse-batterie de Brighton a fait sensation à Rock en Seine en août dernier, volant la vedette à Queens of The Stone Age. Au Royaume-Uni, adoubés par des Artic Monkeys à bout de souffle, ce sont eux les véritables stars du moment. Pressenti pour remporter le Mercury Prize, qui récompense chaque année le meilleur album britannique ou irlandais, l’album éponyme de Royal Blood est en effet tout à fait impressionnant. Chacun des dix titres, enchaînés avec fureur en 32 minutes ni plus ni moins, est un tube en puissance. Le son de Royal Blood est lourd, sombre, enragé et addictif comme rarement dès la première écoute. Et dire que seuls deux instruments ont été joués pour produire ce disque ravageur ! 9/10
Interpol – El Pintor
Souvenez-vous, il y a quatre ans déjà, Interpol sortait un album éponyme et annonçait le départ de son bien-aimé bassiste Carlos Dengler. On était en droit de se demander comment le groupe rebondirait après cette perte. Eh bien, loin de se laisser abattre c’est Paul Banks lui-même qui a enregistré la basse sur El Pintor, cinquième album aux allures de manifeste. D’une qualité impeccable, les dix morceaux d’El Pintor sont tous habité d’un souffle épique et d’une urgence digne des premiers succès du groupe. L’album débute en crescendo avec All The Rage Back Home toute en tension qui s’enchaîne avec la plus chaloupée et sexy My Desire pour aboutir sans mollir avec une mention spéciale du jury pour les complaintes lancinantes de la guitare de Kessler sur le très beau morceau final Twice as Hard. Deux fois plus fort Interpol seconde mouture ? C’est peu dire ! 9/10
Two Bunnies in Love – Manchester
Derrière ce nom tout mignon se cachent cinq turbulents Bas-Normands à prendre très au sérieux. Déjà récompensés par le Prix Ricard S. A Live 2014, Thibaut et Julien Monsallier, Lucas et Pablo Valero et Théo Schittulli sont la sensation du moment. Si vous ne les connaissez pas encore, ruez-vous sur leur fraîchement paru deuxième EP Manchester, qui, comme son nom l’indique, a un savoureux parfum d’Outre-Manche. Sautant de la britpop (le parfait premier single Duchesse) au rock frondeur à la Kasabian (Manchester), les Bunnies ont de l’énergie et des mélodies à revendre. Ce brillant EP ne nous donne qu’une seule envie : avoir très bientôt beaucoup de nouveaux morceaux à se mettre sous la dent ! 10/10
The Drums – Encyclopedia
Finie l’insouciance du sifflotant Let’s Go Surfing. Pour ce troisième album, The Drums exprime toutes les peines d’un cœur brisé, et, pour cela, a révisé ses classiques. Soit un rock sombre tout droit sorti des années 80, agrémenté de paroles glaçantes ( « They can go kill themselves » sur Let Me) et de feulements à la Morissey (Deep in My Heart). Magic Mountain, qui ouvre l’album, annonce d’emblée la couleur avec ses riffs agressifs. Mais ce revirement d’état d’esprit n’enlève rien à la qualité du groupe, il en aiguise même la créativité sur certains morceaux très intéressants et puissants comme Face of God malheureusement entrecoupés de chansons un peu trop sirupeuses. 7/10
George Ezra – Wanted On Voyage
Il suffit d’entendre chanter George Ezra a capella sur Did You Hear The Rain pour comprendre la dimension extraordinaire de son talent. Une voix grave et imposante pourtant insoupçonnable quand on aperçoit pour la première fois le petit blondinet de 21 ans. Il y a tout juste un an, il met en téléchargement gratuit sur internet son morceau Budapest. Devant le succès immense de ce morceau, le jeune homme originaire de Bristol, qui n’a jamais foutu un pied dans la capitale, se lance dans une tournée de l’Europe un peu spéciale. L' »Ezra Express » emmènera en train les fans souhaitant se joindre à lui et le conduira en dernier point dans la ville qui a fait son succès.Vu l’accueil qu’àreçu ce morceau, on aurait pu penser qu’Ezra serait l’homme d’un seul tube. Mais ses autres morceaux sont également de vraies pépites. On pense particulièrement àBarcelona, jolie petite ode àla ville espagnole, ou àl’entêtant Cassy O., aux accents 60’s. En dehors de cette voix puissante et de ses rythmes entraînants, George Ezra a la qualitésupplémentaire de nous offrir de la chanson àtexte, nous faisant voyager un peu partout à travers l’Europe dans des histoires àla teinte bien personnelle. 8/10
Alt-J – This Is All Yours
Deux ans après l’incroyable succès de An Awesome Wave, les Anglais reviennent avec un second album très attendu au tournant. D’autant plus que la promo de l’album s’est faite à travers un teasing impressionnant, avec une appli spéciale pour écouter leurs nouveaux morceaux dans des lieux choisis de la capitale, ou la performance de Walter, chanteur de Mr Crock qui a repeint leur artwork en public à la Fnac. Alors, que penser de cet album? Beaucoup de bien! Alt-J a le mérite, malgré le fait de s’être séparé de son bassiste Gwil Sainsbury, d’avoir réussi àconserver ce cotépionnier d’un style bien personnel, tout en proposant une oeuvre nouvelle, et sans provoquer l’ennui. Forcément moins surprenant mais paradoxalement plus original que le précédent, cet album s’écoute et se réécoute, se finit bien trop vite, encore. Cette fois, le quatuor de Leeds s’est inspiré, entre autres, de l’atmosphère dégagée par la ville de Nara, au Japon. Niveau musique, les influences sont variées, avec des morceaux à la flûte, d’autres a capella, d’autres carrément rock’n’roll 80’s, et des passages tirant vers le trip hop comme sur leur excellent single Hunger Of The Pine. A écouter d’urgence. 9/10
Marie-Flore – By The Dozen
Prénommée en hommage à la chanson de Joan Baez, Marie-Flore s’est consacrée pendant trois ans à peaufiner son premier album By The Dozen. Un disque inspiré par une histoire d’amour passée. Un sujet des plus classiques, que la jeune française s’évertue à poétiser en posant des mots précis sur ce qu’elle ressent. Un art qu’elle maîtrise si bien que Stuck In The Sound lui ont demandé d’écrire pour eux, et qu’elle a gagné la confiance de l’Américain Gregg Foreman, en featuring sur Feathered with Daggers. Joli. 7/10
The Rentals – Lost In Alphaville
Avec un casting pareil, on attendait (vraiment) beaucoup de ce nouvel album de The Rentals, après quinze ans d’absence! Pour ce retour, le groupe de LA s’est entouré de musiciens parmi les plus talentueux de la scène américaine actuelle. On vous parlait au printemps de l’excellent album de Lucius. Prenez les deux chanteuses Jess Wolfe et Holly Laessig, ajoutez Patrick Carney, batteur de The Black Keys, Ryen Slegr (guitare d’ Ozma), et Lauren Chipman (alto de The Section Quartet) au piano, et vous aurez la clé d’une telle prouesse! Pour couronner le tout, Lost In Alphaville a été produit par l’ex-bassiste de Weezer Matt Sharp, une patte que l’on entend àtravers les riffs de guitare qui ne sont pas sans rappeler justement les compos du groupe. Synthés psyché, guitares nerveuses, voix féminines et masculines en osmose, tout est réuni pour faire de cet album un excellent recueil de morceaux pop très efficaces. 8/10
Vance Joy – Dream Your Life Away
On a tous déjà dansésur Riptide, ce tube taillépour devenir la bande son de notre été, et remixé par Flic Flac pour faire remuer nos corps sur les dancefloors. Derrière ce grand succès se cache Vance Joy, James Keogh de son véritable nom. Avant de se consacrer àla musique, ce grand gaillard de 21 ans, évoluait dans la Victorian Football League. Après ses études, il s’envole direction l’Asie, histoire de prendre un peu de recul, et de s’ouvrir au monde qui l’entoure. Il en reviendra avec une ribambelle de morceaux dans ses valises, et prêt à raccrocher les crampons pour le bonheur de son ukulélé. 7/10
First Aid Kit – Stay Gold
Les Suédoises nous reviennent avec un troisième album, marqué par les joies et les déceptions intrinsèques à leur succès. Stay Gold recèle de mélodies toujours aussi charmantes, parachevées par deux voix à l’harmonie enchanteresse. Solitude, chagrin d’amour, les deux sœurs, âgées de 21 et 23 ans seulement, évoquent avec le sens de la poésie qu’on leur connaît toute une palette de sentiments qui les habitent depuis le début de leur carrière. Gros coup de cœur pour l’existentiel My Silver Lining. 8/10
Rédactrices: Kirana Chesnel et Aurélie Tournois
2 Comments
[…] leur univers, au gré de leurs jolies harmonies vocales et rythmiques. Les Parisiens de Moodoïd, dont l’album figurait parmi notre best of de la rentrée, prennent ensuite la relève, et c’est toujours avec plaisir qu’on les revoit, plus aventureux […]
[…] It Ain’t Easy The Rolling Stones – Can’t You Hear Me Knocking Retrouvez notre chronique de Wanted On Voyage de George Ezra et notre live report de son concert à La Boule Noire le 28 mai 2014. Propos recueillis et […]