Pogo Car Crash Control : Interview au Hellfest

 Pogo Car Crash Control : Interview au Hellfest

Dimanche 24 juin 2018 en début d’apres-midi, on a rendez-vous avec les Pogo Car Crash Control pour une interview en plein cœur du Hellfest. Leur album est l’une des très bonnes surprises de ce début d’année, et ça faisait longtemps qu’on attendait de pouvoir discuter avec eux ! Après un déluge de violence sonore sur scène le matin-même, c’est très extrêmement décontractés que Simon, Louis, Olivier et Lola se posent avec nous pour discuter festivals, scène française et bien sûr métal, avant de partir voir les concerts d’Alice In Chains, Marylin Manson et Iron Maiden. 

 

Pogo Car Crash Control Interview 2018

Vous venez de jouer sur la WarZone du Hellfest, comment c’était ? 

Olivier (chant, guitare) : C’était vraiment énorme. La dernière fois qu’on a joué devant autant de monde c’était à la Flip Party (grosse soirée organisée par le groupe Stupeflip, NDLR), mais du coup les gens étaient là pour Stupeflip, et là c’était juste pour nous et c’était vraiment hyper cool !

En comparaison, vous avez joué au Download la semaine dernière… 

Olivier : Franchement, c’était un bon concert aussi le Download ! Mais c’est vrai qu’au Hellfest, tu as les décors, tu as l’ambiance, tout ça… Les gens, tu as l’impression qu’ils sont tarés !

Vous avez joué super tôt, ce matin à 11h, et il y avait pourtant énormément de monde ! 

Louis (batterie) : C’est venu d’un coup, ouais ! Le Download c’était super, mais il y avait un peu moins de monde… Mais là c’était blindé c’était cool !

Lola (basse) : Il y a aussi l’idée qu’on est un groupe français, et qu’ici il y a beaucoup de groupes internationaux. Je pense qu’on a eu une part de curieux, qui se sont dit « Tiens, si on allait les voir… ».  Ce sont des curieux ici les gens c’est cool !

Il y a eu un wall of death au Download aussi ? 

Lola : Ah oui ! Ils ont même fait un wall of death avant qu’on leur propose ! Ils étaient très très chauds !

Louis : On a déjà tenté dans les kermesses d’école, ça fonctionne aussi le wall of death ! (rires) Non… c’est des conneries.

Vous étiez déjà venus au Hellfest en tant que festivaliers ?

Louis : Non, jamais. Pour moi, c’était un vieux rêve de gosse de venir, à l’époque ou j’étais fan de System Of A Down, Slipknot, tout ça…

C’est votre univers ici ? Par rapport à d’autres festivals ?

Olivier : On se sent déjà beaucoup plus à notre place ! Mais on aime bien tous les types de festivals, à partir du moment où tu nous donnes une scène, on est contents. C’est à dire qu’on a joué dans des festivals hyper familiaux, avec une programmation hyper variée, comme le Roi Arthur à Rennes, ou Rolling Saone où il y avait Niska, Stéphane Eicher, Les Négresses Vertes… et puis nous !

Pas de wall of death là-bas, donc !

Olivier : Si si ! Grave ! A chaque concert on le fait, et ça marche ! Enfin, c’est vrai qu’ici au Hellfest on se sent bien à notre place, et ça fait plaisir. Mais je pense qu’on ressort un peu parce qu’on est à mi-chemin garage, tout ça… On n’est pas 100% métal tu vois.

Justement, vous avez joué à Rock en Seine il y a deux ans, c’est un peu le grand écart avec le Hellfest ! Qu’est-ce qui fait que Pogo Car Crash Control peut jouer dans les deux festivals et que ça se passe très bien, et qu’on imaginerait pas Hatebreed à Rock En Seine par exemple…

Louis : Moi ça ne me choquerait pas qu’il y ait Hatebreed à Rock En Seine !

Lola : Ça manque de rock en plus à Rock En Seine, donc ils feraient bien !

Simon : Il faut dire qu’on fait une musique assez accessible, en même temps… je pense.

Simon (guitare) : Et puis on a été vachement influencés par toute la vague garage, je pense que ça peut se ressentir sur certaines de nos chansons, dans le son. Et il y a beaucoup de groupes de garage qui passaient à Rock En Seine il fut un temps… C’est peut être pour ça qu’on peut y jouer, au même titre que T.I.T.S qui y avaient joué avant nous sur la même scène.

Est-ce que le fait que vous chantiez en français change la façon dont les gens vous perçoivent ?

Simon : Ouais, et ça joue aussi pour Rock En Seine par exemple, comme tu disais, vu qu’on chante en français et qu’en plus on a des têtes de jeunots.

Louis :  Du coup les gens ne se ferment pas dès le début à la musique qu’ils entendent, et au final ils se disent « Eh ! Mais j’aime bien ! » et peut être qu’en fait au fond ils aiment bien le métal, mais ils se sont juste fermés au début, je ne sais pas…

Olivier : On ne transporte pas tous les a priori autour du « gros métal ».

C’est un choix volontaire ?

Olivier : Non. C’est naturel. C’est tout simplement ce qu’on est.

Simon : Et aussi c’est un peu ridicule quand même… (rires) Non, c’est cool ! Mais on est comme ça dans la vraie vie donc il n’y a pas d’essbrouffe tu vois.

Olivier : Mais en vrai on kiffe aussi les groupes de métal… les pulls noir à capuches… (rires)

Simon : Bien sûr ! Ne renie pas tes racines enfin !

Olivier : C’est vrai, je viens de là. (rires) Le français ça change la perception des gens par rapport à notre musique, mais c’est pas forcément un truc qu’on cherchait quand on a créé le groupe, quand on a décidé d’écrire en français. C’est juste que c’est un truc naturel pour nous.

Pogo Car Crash Control au Hellfest

Sur l’album, presque tous les morceaux sont assez punchy, assez véner, mais il y a une balade (Insomnie). C’était hors de question de la jouer au Hellfest ? 

Lola : Pas le temps ! C’est une question de set plutôt que d’ambiance, on la joue sur nos sets longs, mais là on a 30 minutes… Donc mets toi à notre place ! On est au Hellfest !

Louis : Mais c’est vrai qu’on a radicalisé le set pour l’occasion quand même.

Simon : Je pense que même si on avait fait un set long on ne l’aurait pas mise, parce que… nous-même avant que le groupe existe, en tant que festivaliers on voulait toujours entendre quelque chose de bourrin !

Lola : C’est un morceau pour lequel il faut changer le son, se désaccorder, c’est un petit peu complexe.

Olivier : En fait, le moment où c’est le plus agréable de la jouer cette chanson c’est quand on est dans des petites salles fermées où on va jouer une heure, en général tout le monde est rincé, aussi bien nous que le public, et là c’est cool parce que c’est un peu intime. Les gens qui sont dans la salle savent qu’après le concert on va rester, il n’y a pas d’autre groupe, on est là pour passer un moment un peu plus approfondi qu’à un festival ou les gens voient des concerts toute la journée. Et puis effectivement, moi en tant que festivalier ce que j’attends d’un groupe c’est seulement qu’il nous explose la gueule !

Dans les textes, on trouve beaucoup de violence, de rage, et aucun compromis. Est-ce que vous pensez que ça vient de quelque chose qui ne va pas en vous, que vous avez besoin de faire ressortir ?

Louis : C’est plutôt que ça fait du bien de raconter les trucs qui font que tu ne va pas bien sur le moment, en fait. Ça fait comme une thérapie, et du coup tu te libères un peu. Je pense qu’on n’écrit pas de chansons sur des trucs plus heureux ou plus positifs parce que ça ne nous fait pas le même effet…

Olivier : Mais moi je me sens bien, c’est les autres qui sont mal ! C’est vraiment les autres que je critique. Moi, je ne me déteste pas personnellement. Ça parait peut être un peu prétentieux mais ça vient vraiment de l’extérieur, quand j’écris c’est sur ce que je vois. Ce que je ressens, je ne considère pas que ça soit très intéressant, si je me sens bien ou pas bien, ça ne m’intéresse déjà pas chez les autres… « moi je, moi je » !

Louis : A contrario moi j’écris beaucoup comme ça, en parlant de moi, parce que ça me fait du bien de faire ça. Et du coup après, je vais bien ! (rires)

Chacun écrit ses morceaux, du coup ?

Louis : Voilà.

Vous êtes plus authentiques que beaucoup de groupes actuels, surtout dans les textes, et j’ai l’impression que c’est à la fois un avantage et un désavantage. Il y a des gens que ça va déranger, et en même temps ça vous fait sortir du lot…

Louis : On ne passe pas sur NRJ…

Si vous chantiez en anglais, ça passerai plus inaperçu ?

Lola : Ah oui, c’est sûr.

Olivier : Il y a des gens qui sont hermétiques au chant français !

Lola : Et il y a des gens qui ne comprennent pas qu’on chante en français. Ils viennent au concert, ils kiffent, et après ils demandent « Mais en fait, vous chantez en quelle langue ? Français ? Bah, c’était cool. »

Louis : Même nous, d’ailleurs, on n’écoute pas tant que ça de rock chanté en français. Il y a Guérilla Poubelle qu’on écoutait plus jeunes… Bon en vrai j’écoute encore ! Mais on n’a pas été influencés par des gens qui chantent en français.

Vous n’avez pas du tout ce côté politique, revendication…

Tous : Ah non ! Surtout pas !

Lola : Il y a des gens qui pensent « Rock en français? Ah, donc ils veulent faire passer un message, et donc un message forcément politique », alors qu’il y a des tas d’autres messages super cools (ou pas) à passer ! Nous on est pas du tout dans l’engagement.

Louis : Ça ne veut pas dire qu’on ne s’engage pas sur des valeurs, qu’on a pas d’avis. En fait, tout est politique quelque part.

Oui ! Mais pas de message direct, engagé…

Olivier : Nan, fuck nan !

Louis : Mais c’est bien. Je trouve que c’est de la démagogie de faire ça aujourd’hui, parce qu’il y a une scène pour ça, et c’est presque marketing. Peut-être pas tous ! Mais moi ça me saoule quand je vois des groupes faire la morale sur scène. Nous on essaye d’abord de régler nos propres problèmes avant d’aller faire chier les autres ! (rires)

Pogo Car Crash Control pieds

LA PLAYLIST DE POGO CAR CRASH CONTROL

Retox – Thirty Cents Shy of a Quarter
Band of Skulls – Himalayan
Parquet Courts – Almost Had To Start A Fight
Das Oath – Awesome Rape

The Exploited – Beat The Bastard