Notre semaine au festival Sziget 2016

 Notre semaine au festival Sziget 2016

Début août, on a pris l’avion direction Budapest pour le Sziget 2016. Au programme des 7 prochains jours : d’immenses têtes d’affiche internationales, des groupes locaux, quelques frenchies, mais aussi des centaines d’animations telles que projections ciné, spectacles de cirque et de cabaret, conférences Ted x Talk, pièces de théâtre, cours de danse, de yoga ou de sieste… Le tout au milieu d’une forêt entourée par le Danube. On vous raconte notre semaine sur l’île de La Liberté.

Ambiance dans une allée du Sziget Festival 2016

Mercredi 10 août 2016 : Les prévisions météo, ce mensonge qui te pourrit ta soirée

Pour des raisons de planning, de météo capricieuse et d’organisation : impossible pour nous de parvenir aux portes du festival à temps pour les premiers concerts. Après avoir fait la queue sous la pluie (habillés comme à la plage, puisqu’il était annoncé un temps impeccable toute la soirée) pour retirer nos accréditations, il fait déjà nuit quand nous posons le premier pied sur l’île. C’est tout de même dommage, si on avait réussi à entrer plus tôt, on serait bien allés écouter Skunk Anansie.

On fait nos premiers pas dans la boue alors que les voix de Die Antwoord résonnent au loin. On est trempés, on a froid, et on se console avec un langos bien gras (spécialité hongroise à base de pâte frite, de crème et de fromage – tout à fait légère) devant le set des Chemical Brothers, toujours aussi géniaux. Nous voilà un peu réchauffés, mais pas assez pour faire la fête toute la nuit dans cet état… Retour à la maison en se promettant de mettre les bouchées doubles dès le deuxième jour.

Sziget festival live report 2016 en français

Jeudi 11 août 2016 : Premier prix de « air chanteuse » pour Rihanna

Il fait beau ! On débarque en début d’après-midi frais comme des gardons pour tâter un peu le terrain. Beaucoup de choses ont changé depuis notre dernière visite du festival en 2012, mais on s’y retrouve à peu près. On se sent quand même tout petits à sillonner les allées les yeux écarquillés comme des enfants devant chaque détail génial pensé par les organisateurs pour rendre l’endroit totalement magique. Il est presque 18h00 quand Jake Bugg débarque sur la grande scène toujours aussi radin en sourire mais bourré de talent. Le classique Two Fingers joué en début de set et repris par la foule colle parfaitement à l’ambiance ensoleillée. Ça y est, ça sent bon l’été !

Notre premier gros coup de cœur viendra de la chanteuse Karen Marie Ørsted, aka (mais si, la fille qui chantait avec Major Lazer le tube de l’été 2015), sur la scène A38. Pas de Lean On aujourd’hui, mais une énergie admirable et des morceaux qui marchent vachement bien, loin de la soupe radiophonique qu’on aurait pu craindre d’une fille projetée si vite sur le devant de la scène.

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Pendant ce temps, devant Parov Stelar, les festivaliers se lancent dans un swing plein de jambes désarticulées. La chanteuse est aussi classe qu’à son habitude. Dans les allées, on circule difficilement, et plus l’heure avance, plus la fosse devant la grande scène devient compacte. L’explication ? La présence de Rihanna, raison pour laquelle ce jeudi est la seule journée sold-out du festival. Même si ce n’est pas exactement notre came, c’est toujours sympa de voir une grosse star sur scène, et puis on a l’impression de connaître pas mal de ses tubes sans vraiment s’être donné la peine de les écouter. Allez, ça va être rigolo ! Au bout de trente minutes à attendre Madame la Princesse, c’est déjà un peu moins drôle. Et quand, enfin sur scène, elle balance la moitié des tubes en medleys indigestes, ne faisant même pas l’effort de garder le micro devant sa bouche pendant les passages en playback, on finit par se dire qu’elle se fout quand même bien de notre gueule. La déception sera totale pour la grande majorité des gens avec qui on en discutera. Au moins, on a un sujet de conversation facile avec n’importe quel festivalier jusqu’à la fin de la semaine.

Vendredi 12 août 2016 : Le choix cornélien qui fait splitter ton groupe de potes

bombay sur la Europe Stage au Sziget 2016

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Bonne nouvelle : aujourd’hui, on interviewe les excellents Bombay ! À 16h30 débute leur set sur la Europe Stage. Le soleil brille et sous la torpeur, les festivaliers sont avachis sur la pelouse devant le groupe qui fait ses premiers accords. Petit à petit, il semble conquérir le cœur du public, qui se rapproche progressivement de la scène. S’ils semblent bien sympathiques, les efforts de communication sont peu nombreux et l’essentiel de leurs échanges avec le public se limite à du néerlandais adressé notamment à une jeune fille repérée dans le fosse qu’ils invitent à grimper sur les crash barrières pour slamer.

Bombay sur la Europe Stage au Sziget 2016

À la fin du set, on rejoint le groupe dans sa loge, où s’entassent sodas, bières et paquets de gâteaux. On est accueillis à bras ouverts par le frère du chanteur : « Avant toute chose, vous devez tous inaugurer ce bucket de mojito ». Ambiance ! L’interview sera dispo sur le site d’ici quelques jours.

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À fond dans notre discussion, on en loupe le concert de Jain, et même si on l’a déjà vue plusieurs fois cette année, l’observer évoluer dans sa bulle au-dessus du public comme un hamster volant est toujours un plaisir. Alors qu’on entend au loin les tubes de Bastille, on rejoint des amis pour déguster un bol de pelmeni au stand de spécialités russes (il est possible de trouver de la nourriture d’à peu près tous les pays sur l’île, et on s’est donné l’objectif intenable de tout essayer). Un peu plus tard, on se plonge dans la folie des Balkans avec le set hyper dansant de Goran Bregovic. C’est la folie totale et tout le monde rebondit sur le refrain de Gas Gas dès les premières secondes du concert, avec la traditionnelle ouverture du bonhomme : « If you don’t go crazy, you are not normal ».

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Il faut ensuite faire un choix difficile (impossible ?) entre Editors et Manu Chao, qui scindera notre petit groupe pour le reste de la soirée. C’est finalement la légende française aux pieds nus qui l’emporte pour moi. Bien m’en a pris : le chanteur et sa troupe nous feront danser toute la soirée en revisitant façon medley ses innombrables morceaux cultes et ceux de la Mano Negra. Les titres s’enchaînent super vite et on comptera à peine 3 courtes pauses au total pendant l’intégralité du concert. Épuisant mais génial ! Probablement le plus authentique personnage à se trouver sur la grande scène aujourd’hui, se donnant à 100% et faisant allusion à tous les drapeaux présents dans le public (et croyez-moi, il y en avait un paquet).

Samedi 13 août 2016 : L’info du jour : Au Pays-Bas, on écoute Indila

C’est avec le concert de We Are Match qu’on débute la journée sur la Europe Stage. Le groupe est bien arrivé à Budapest, mais… pas leur matériel ! C’est avec des instruments prêtés par le festival qu’ils se lanceront dans un set pourtant très carré, même si j’avoue n’avoir jamais vu le groupe avec son matériel original. Des requins en plastique volent dans le public en écho à leur titre phare Shark, et tout le monde à l’air de trouver ça très cool. Jusqu’ici, la France s’en sort très bien sur cette Europe Stage!

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Un peu plus tard, on est attendus pour une conférence de presse internationale, dont on retiendra 2 chiffres essentiels. Premièrement, deux artistes ont été payés autour d’1 million d’euros cette année, et il est plus que probable que l’un d’eux soit Rihanna, ce qui fait quand même un peu mal aux tripes vu sa déplorable prestation… Deuxièmement, 500 000 festivaliers sont attendus cette année, à J+4, ce qui établit un nouveau record de fréquentation pour le Sziget. À l’issue de cette réunion, on rencontre un artiste de la compagnie française de cirque Trans Express, qui nous convainc de venir voir son spectacle les jours prochains. On nous recommande également pour la seconde fois de découvrir le show de Soap au Cirque du festival cette semaine. On prend note, avant de repartir direction la scène de l’A38 pour !!! (Chk Chk Chk).

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La dernière fois qu’on les a vus, c’était à La Route du Rock à Saint-Malo en 2013, et c’était la perfection. Cette fois, les Américains se font attendre, et au bout de 30 minutes, ils commencent à se faire huer par un public exaspéré. Mais il suffira que le déjanté Nic Offer fasse son apparition en caleçon dans des poses improbables pour que la magie opère finalement. Hypnotisés par le spectacle, on arrive trop tard pour la Color Party, mais on voit défiler des festivaliers joliment bariolés.

Sur la grande scène, c’est désormais à Sigur Ros de faire son entrée. Alors que ce concert faisait partie de nos priorités, on est finalement bien déçus, non pas par la prestation des Islandais, mais simplement par l’atmosphère, qui ne colle pas du tout. On est en plein après-midi et il fait un soleil éclatant. Autour de nous, les gens discutent et ne regardent même pas la scène. Impossible de rentrer dans l’ambiance ! On se souvient pourtant avoir vécu un moment magique lors de leur set à Rock en Seine, à la nuit tombée, en 2012. Dommage.

C’est au tour de la machine de guerre Muse d’investir la grande scène. Revoir la bande de Matthew Bellamy à l’œuvre, c’est un peu comme feuilleter son agenda de terminale 10 ans plus tard. C’est avec des souvenirs qui nous reviennent en pleine face qu’on saute avec la plus grande hystérie sur Plug In Baby, Starlight ou Time Is Running Out. Si on a renié totalement les deux derniers albums du groupe, on ne peut contester le talent du trio britannique et la beauté de la voix de son chanteur. Malgré tout, on se résout à quitter la fosse 15 minutes avant la fin du show car on espère avoir une chance de voir le fameux spectacle Soap ce soir. Grosse désillusion en voyant la file d’attente : on reviendra demain. C’est un mal pour un bien, car finalement, on termine la soirée devant le set de DJ Tagada, à renfort de fanfares des Balkans, de queue leu-leu, de sauts de cabri et de chorégraphies bien nazes mais assumées avec brio.

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Vers 2 heures du matin, pleins de courbatures, on se dirige vers la sortie du festival, avant de se faire arrêter par deux Néerlandais ayant bien tâté la bouteille, à la recherche de la Europe Stage. L’un d’eux nous déclare combien il trouve notre langue sexy, avant de nous chanter un tube d’Indila dans un français douteux. Au moins, cette fois, on nous épargnera Zaz, Alizée et Moulin Rouge.

Dimanche 14 août 2016 : David Guetta, aka « sauve-qui-peut »

Ce matin-là, on renoue avec nos traditions en commençant la journée par un croissant au beurre au camping français, où l’on profite également d’un massage du dos par un kiné bordelais en échange d’un jus d’orange fraîchement pressé. Il n’y a pas à dire, on fait les choses bien par chez nous !

Notre premier rendez-vous musical se fait avec Oscar & The Wolf. La soul doucement électronique du Belge est un délice et il est impressionnant de voir à quel point ses tubes fonctionnent au delà des frontières.

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Notre passion pour les Ted Talks nous mène ensuite jusqu’au cinéma du Sziget, où l’on suit quatre conférences successives, dont une passionnante par la journaliste américaine Suki Kim qui s’est infiltrée en Corée du Nord sous couverture et raconte son incroyable vécu sur place. Alors qu’on a le regard pendu à ses lèvres, le gros punk rock de Sum41 résonne derrière nous sur la Main Stage. Quelques minutes plus tard, c’est séquence émotion et larmes à l’A38, quand un jeune homme profite du concert de Boy pour demander sa petite amie en mariage, devant le groupe qui n’en revient pas.

C’est déjà l’heure du set de David Guetta, et nous voilà à contre-courant, en train de lutter contre le mouvement général pour nous diriger le plus loin possible à l’extrémité de l’île. En pénétrant par curiosité sous le chapiteau du Magic Circus, on tombe sur la répétition du spectacle du soir, d’une beauté émouvante, et on se promet de ne pas louper le vrai ce soir, à 23h. Malheureusement, c’est sans compter le véritable labyrinthe qu’est l’île du Sziget, et le temps qu’on retrouve la fameuse tente, la salle est pleine à craquer. En lorgnant de loin sur la pointe des pieds, on aperçoit tout de même quelques numéros à couper le souffle, on ne peut que vous conseiller d’aller voir « The Trip – Berlinesque Cabaret » si vous en avez l’occasion, notamment les danses majestueuses et les numéros de tissu aérien.

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On file ensuite grappiller quelques minutes du concert de Bloc Party, spécialement en forme, qui nous mettent la patate. Dommage que la scène A38 soit si difficile d’accès une fois les concerts commencés !

Lundi 15 août 2016 : Double dose de Diamonds 

À 15h, c’est devant un public plutôt correct vu l’horaire que jouent les Français de Las Aves. C’est une chance pour les anciens Dodoz de se retrouver propulsés dans un festival d’une telle ampleur, et le petit groupe compte bien en profiter en jouant le jeu à fond en balançant leur originale sauce pop-r’n’b-hip hop. Une heure plus tard, c’est au tour de Years & Years de faire crier les jeunes filles émoustillées au premier rang, tandis que non loin de là, avec un contraste saisissant, les britanniques de Tourist balancent une électro bien noire et intense.

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Le grand ballet répétitif entre la grande scène et l’A38 ne fait que démarrer quand on va applaudir Kaiser Chiefs, en pleine forme (comme toujours), avant de retourner voir deux morceaux de The Neighbourhood, et d’apercevoir au passage un bref extrait du live de Palace Winter, vachement cool.

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On participe comme on peut à la Confetti Party (qui ressemble un peu à une Color Party mais en plus propre) avant de se faire une petite place dans la fosse pour Noel Gallagher’s High Flying Birds, devant lequel il n’y a finalement pas autant de monde que ce qu’on s’imaginait. Les fans d’Oasis seront récompensés avec Champagne Supernova, Wonderwall, Don’t Look Back In Anger, et quelques autres classiques.

C’est enfin au tour de Chvrches de nous faire danser sur son électro-pop pétillante, devant un public de fans conquis d’avance comme c’est souvent le cas pour les 3 écossais.

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Et c’est au tour de la tête d’affiche de la soirée : Sia. Énorme surprise sur tous les visages quand on voit sortir de la robe magique de la chanteuse australienne la jeune Maddie Ziegler. La suite du concert ne fera que nous émerveiller de plus en plus, à mesure que la petite danseuse répète les fameuses danses des clips qu’on a bien dû se remater des dizaines de fois. L’intervention inattendue de Paul Dano participera à nous ravir un peu plus, et Sia nous offrira même un deuxième Diamonds (titre dont elle est l’auteur), quatre jours après celui de Rihanna. La comparaison entre les prestations des deux chanteuses est d’ailleurs assez drôle : l’une a tout simplement pulvérisé l’autre sur tous les plans, alors qu’elle n’a fait aucun mouvement du concert autre que chanter.

Une des grandes frustrations du Sziget est la simultanéité de certains concerts. C’est ainsi que ce soir-là on loupe Say Yes Dog pour voir les Hongrois de Paddy & The Rats, qui font du rock celtique hyper énergique sur une toute petite scène devant un pogo permanent, bordélique à souhait. Il est déjà tard et ce n’est toujours pas ce soir qu’on verra le spectacle Soap. On tente d’apercevoir un bout du concert de M83, mais l’A38 est une fois de plus blindé de monde, et finalement, on en profite pour s’approcher du magique spectacle mi-aérien mi-aquatique de la compagnie Trans Express. Une façon parfaite (et franchement impressionnante) de terminer sa soirée.

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Mardi 16 août 2016 : Aurora est la chose la plus adorable qui ait jamais existé (cœur cœur cœur)

Déjà le dernier jour. On profite de la quiétude du festival à 14h et du creux dans le planning pour faire un détour par la plage où se déroule un cours de yoga, au milieu des festivaliers éreintés qui roupillent un peu partout. Pour nous aussi, la fatigue commence à se faire sentir, mais on garde la patate à l’idée de cette grosse journée remplie de concerts qu’on attend depuis un moment.

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Devant le cirque, on se fraie un passage histoire de comater au soleil tout en découvrant le chouette spectacle de jonglage avec du feu du duo comique canadien Les Dudes : Let’s Do This. Pendant que sur la grande scène Parkway Drive s’époumone, on se presse vers l’A38 pour ne pas louper une seule miette du concert d’Aurora.

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On est totalement subjugués par la jeune Norvégienne depuis qu’on a entendu pour la première fois le magnifique Running With The Wolves. Frêle et blonde comme les blés, c’est avec une maladresse touchante dans ses mouvements qu’elle se présente sur scène. Au bout de seulement deux morceaux, les larmes aux yeux et la main sur le cœur, elle remercie avec une sincérité bouleversante son public. C’est la première fois qu’elle joue en Hongrie et probablement dans un festival d’une telle ampleur, devant une foule aussi importante et un public qui l’admire autant. Les écrans sur le côté balayent des visages cramoisis aux yeux humides. Elle rit nerveusement pendant quelques secondes, avant de reprendre son set. Puis, c’est un jeune homme au 1er rang qu’elle repère et montre du doigt, et qui lui tend un gigantesque bouquet de fleurs. Il a les cheveux longs et le regard amoureux. Elle le remercie, remercie tout le monde, encore une fois, le pose puis explique devoir reprendre son set « car le temps est limité ». La jeune chanteuse fait vibrer les cœurs, tourner les têtes et pleurer pas mal de monde : c’est de loin le concert le plus émouvant du festival.

On reste jusqu’à la fin avant de se diriger vers la grande scène pour applaudir The Lumineers. Pris d’une envie de bain de foule, le chanteur se fraie un passage dans le public pour taper dans la main de tout le monde en faisant un immense et presque complet tour de la fosse.

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On se dépêche d’aller jeter un œil au concert de Fidlar, et on arrive juste à temps pour profiter de l’ultra-efficace No Waves, suivi de Cheap Beer… le public semble n’être qu’un gigantesque pogo recouvert de slameurs fous. C’est le dernier jour et tout le monde se donne à 100%, nous y compris ! C’est d’ailleurs complètement trempés qu’on ressort de ce joyeux bordel. Le Sziget propose généralement une programmation métal/punk/alternative assez faible, mais les quelques groupes énervés présents cette année ont franchement très bien fait le boulot !

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C’est l’heure de la Pinwheel party, comprenez « fête du moulin à vent ». On joue des coudes comme des gosses pour obtenir le joujou, bien décidés à ne pas se faire avoir comme la veille. Comme c’est un peu la guerre, on ressort avec un truc à moitié cabossé qui ne tourne plus vraiment. Le tout au son des curieux élans de fraternité d’un mec invisible au micro, peu soutenu par le public («Est-ce qu’il y a des Africains parmi vous ?» « (…) » « Allez, on est tous un peu africains finalement on vient tous du même monde ! » (applaudissements timides) « Est-ce qu’il y a des vegans parmi vous ? » « Bouhhhhh ! »). Alors qu’une myriade de moulins multicolores sont brandis dans le ciel, on attend avec hâte l’arrivée de Last Shadow Puppets. Après réflexion, il semblerait qu’on fasse partie des plus impatients, à voir la fosse clairsemée. L’effet « dernier jour » probablement : beaucoup sont déjà en train de repartir, tente sur le dos. Du coup, pour une fois, on arrive à se frayer un chemin pour voir le duo infernal sur scène, accompagné d’une brochette de violonistes. Alex Turner, chemise et dents blanches, tourne rapidement la caméra vers lui pour mieux la monopoliser avec des poses de beau gosse plutôt irritantes. On sautille légèrement, mais quelque chose fait que l’ambiance ne décolle pas vraiment. En fait, on regrette le côté propret du duo de Sheffield. On décide de se rattraper ce soir lors du concert « tribute » à Arctic Monkeys (concept très en vogue à Budapest et présent chaque jour du festival pour toute sorte de groupes) pour entendre un truc un peu plus nerveux. Un comble !

Un rapide passage par la scène A38 nous permet de découvrir Jesse Glyne (mais si, la fille qui chantait le tube de l’été 2014 Rather Be avec Clean Bandit), qui se débrouille plutôt bien.

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À peine le temps d’avaler nos pâtes fourrées à la sauce aux champignons (arrivées largement en tête du podium après évaluation personnelle de l’ensemble des stands) qu’on va retrouver la scène Europe et nos compatriotes de Deluxe. On se croirait en France en tendant l’oreille dans le public. D’ailleurs le groupe ne fait pas beaucoup d’effort pour s’exprimer dans la langue de Shakespeare, hormis un « motherfucker » bien senti. Peu importe : l’énergie brise la barrière de la langue et on en prend plein la figure comme à chaque fois avec nos moustachus préférés !

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Avant d’aller voir le spectacle de cirque Soap, aux innombrables éloges, on s’assoit involontairement à une table pleine de peinture fraîche pour boire une énième bière. On en a plein les doigts et on se lance inévitablement dans une bataille de gamins…. pour se pointer le visage barbouillé à l’entrée de la tente colibri. Le spectacle, qui se déroule dans des baignoires, joue avec l’eau comme avec son public. Entre chant d’opéra, jonglage et danse, c’est à la fois drôle et magnifique. Un truc unique qui se place tout en haut du classement de tous les spectacles qu’on a pu voir avant… On ressort enchantés et on se dirige aussitôt vers notre fameux « tribute band » hongrois pour se faire quelques classiques d’Arctic Monkeys. Après avoir usé nos semelles sur I Bet You Look Good On The Dancefloor, il commence à se fait tard et tous les stands ferment les uns après les autres, tandis que l’île se vide de ses festivaliers.

Alors qu’on s’apprête à repartir nous aussi, on aperçoit de loin une jungle mouvante. Devant le set balkanique du DJ berlinois Robert Soko, une centaine de festivaliers s’agite, des branches d’arbre de 2 mètres dans les bras. On pense à une sorte de concert conceptuel improbable, mais on nous explique que c’est l’initiative d’un seul type qui a trouvé cool de rapporter des morceaux de la forêt avoisinante. À notre tour, on caresse la scène avec la cime de nos arbres en jetant un œil du côté de la sécu dans les crash, qui est plutôt amusée par la situation et plus relax que dans n’importe quel autre concert. Le DJ, lui est aux anges, même si il ne comprend pas très bien pourquoi une bande d’énergumènes passablement éméchés a décidé de transformer son set en hommage à mère nature. Ça nous va très bien comme ça, et malgré la pluie qui commence à s’abattre sur l’île, la fête se prolonge jusqu’à très tard dans la nuit.

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Pendant cette semaine, on a aussi visité une « Art Zone » gigantesque ou les gens réalisent des fresques, des vêtements, des œuvres contemporaines ou encore des meubles. On a croisé des gens qui prennent et donnent des cours de toutes sortes de danses, des jongleurs, des gens déguisés en tout ce qu’on peut imaginer, des dinosaures géants qui déambulent dans les allées, un avion russe, des salles remplies de jeux de société, de gens qui font la sieste, de Rubik’s Cube (qui a été inventé en Hongrie), de jeux vidéo ou de concours d’échecs. Mais aussi un labyrinthe, plusieurs musées, une zone de sport, du saut à l’élastique, des bars à thèmes gigantesques, un luminarium… Il est tout simplement impossible de parler de tout, tant l’île regorge de choses à faire, mais on retiendra une chose : même si vous n’alliez voir aucun concert pendant 7 jours, il serait impossible de s’ennuyer une seule minute pendant ce festival.

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TOP 5 CONCERTS

Aurora
Sia
Fidlar
Manu Chao
DJ Robert Soko


Epilogue : Le lendemain, on a pris nos billets pour la Closing Party à Budapest Park, à l’autre bout de la ville. Une affiche de rêve avec Slaves, Crystal Fighters et Foals, suivis d’un dj set rock. On pouvait difficilement rêver mieux pour terminer une semaine de folie dans la plus cool des villes d’Europe.

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texte : Aurélie Tournois & Jacques de Rougé / Photos : Jacques de Rougé