Rencontre // Lord Huron // Un cowboy pas si solitaire

 Rencontre // Lord Huron // Un cowboy pas si solitaire
Plus qu’un simple groupe, Lord Huron est un concept artistique, mêlant musique et graphisme, tout droit sorti de l’esprit talentueux de Ben Schneider. Dancing Feet a rencontré ce personnage aux multiples facettes, dont l’univers mêle les imaginaires du western et des romans d’aventures à quelques touches orientales, la veille de sa toute première date parisienne.
 
Vous avez débuté votre carrière dans les arts visuels, à Los Angeles, comment êtes-vous venu à la musique ?
Ben Schneider: En fait j’ai toujours fait de la musique. Quand j’étais enfant je prenais la guitare de mon père et je m’enregistrais sur un enregistreur quatre pistes qu’on m’avait offert à Noël. Plus tard j’ai dû choisir entre une école de musique et une école d’art. Comme j’avais joué dans un groupe pendant tout le lycée j’ai pensé que j’en apprendrais plus en école d’art. J’ai commencé une carrière dans la peinture à Los Angeles mais la musique n’était  jamais très loin, on me demandait souvent dans des projets multimédias d’intégrer des éléments musicaux. Et comme je ne me sentais pas tout à fait à ma place dans le milieu artistique, la musique a vite pris le dessus.
 
Lord Huron était donc un projet solo au départ, comment avez-vous constitué un groupe ?
Ben: Quand j’ai commencé Lord Huron, on m’a demandé de faire des concerts mais je ne connaissais pas de musiciens à Los Angeles. Alors j’ai rappelé mes amis d’enfance Miguel Briseño (basse), Mark Barry (percussions) et Tom Renaud (guitare). A part Carl (guitariste lui aussi), qui nous a rejoint récemment, on a tous grandi dans la même ville du Michigan. On a commencé à jouer ensemble à l’âge de treize ans avant de prendre des chemins différents. On se connait par cœur, c’est facile de travailler ensemble !
 
Est-ce qu’ils participent aussi à l’aspect visuel du projet ?
Ben : Eh bien comme je suis à l’origine du projet, je me charge encore de la plupart du côté visuel. Mais maintenant que mes potes sont de la partie on travaille ensemble sur les vidéos et je les consulte à propos de l’artwork, donc oui on est vraiment un collectif à présent. C’est bon de les retrouver !
 
D’où vient l’univers de Lord Huron ?
Ben : J’ai toujours été attiré par les westerns et les romans d’aventure et peut-être que d’aller vivre dans l’ouest des Etats-Unis a accentué encore un peu plus mon intérêt pour ce genre. Ces histoires me parlent vraiment.
 
Parlez-nous de cet écrivain imaginaire, George Ranger Johnson, pour lequel vous avez créé le site georgerangerjohnson.com , et dont les écrits sont censés vous avoir inspiré les chansons de l’album Lonesome Dreams.
Ben : Pendant que je travaillais sur l’album, j’imaginais chaque chanson comme des histoires d’aventures.  Je repensais à tous ces romans à dix cents que je lisais quand j’étais enfant, ces petites nouvelles d’aventures qu’on pouvait acheter d’occasion pour trois fois rien. Je me suis imaginé que chaque chanson était basée sur une de ces nouvelles et j’ai donc créé un personnage qui me permettait de matérialiser cette idée. Je ne saurais pas vraiment expliquer pourquoi j’ai fait ça mais ça m’a aidé et ça a ajouté une couche en plus à l’univers que j’ai créé.
 
Dans la continuité de ce concept, votre premier clip, celui de Time to run, illustre lui aussi une de ces histoires, et vous jouez dedans. Est-ce que ce personnage est en quelque sorte votre alter ego ?
Ben : Je n’irais peut-être pas jusque-là.  Dans beaucoup de mes chansons je parle effectivement de ma propre vie mais toujours à travers le prisme de ces histoires d’aventure. Et à vrai dire je ne voulais pas jouer dans le clip mais on n’avait pas les moyens d’engager des acteurs (rires) !
 
Est-ce que vous comptez faire une série de vidéos ?
Ben : Oui c’est l’idée ! On vient de terminer la deuxième. On va essayer de faire autant de clips que possible mais on est un peu limités par notre budget et par le temps. Mais oui l’idée est d’avoir une série de vidéos qui auraient une trame narrative commune, pas forcément linéaire, mais qui reprendraient les mêmes personnages et la même intrigue. J’aimerais vraiment toutes les faire mais c’est compliqué surtout quand on est comme en ce moment en tournée en Europe depuis une semaine. On espère sortir la prochaine courant mars.
 
Pourquoi est-ce que le clip est sous-titré en Indonésien ?
Ben : Comme une autre couche de ce monde imaginaire, j’ai imaginé que ce petit film était une rediffusion à la télé indonésienne. Je suis allé en Indonésie il y a quelques années et j’ai été très impressionné par la musique et la culture de là-bas et ça m’est resté.
 
On entend d’ailleurs un gamelan (ensemble de percussions traditionnelles indonésiennes) dans Time to run.
Ben : Oui, quand j’étais là-bas j’ai vraiment adoré la musique et je n’arrivais pas à croire que ces sons n’aient pas été plus repris dans la musique occidentale. J’ai enregistré quelques prises et j’ai adapté quelques-uns de ces rythmes et sons. On n’a pas pu partir en tournée avec un vrai gamelan alors on a dû retranscrire ces sons avec des instruments occidentaux.
 
Les voyages vous inspirent beaucoup ?
Ben : J’essaye toujours de découvrir la musique locale quand je me rends dans un endroit nouveau, j’essaye d’en garder quelque chose. J’ai découvert de la musique géniale au Mexique aussi et ça a certainement influencé notre manière de jouer de la guitare. J’espère pouvoir aller en Inde ! J’adore la musique indienne. Je n’ai pas toujours pu aller dans les pays dont la musique m’inspire mais le cinéma a été un bon moyen pour moi de découvrir la world music. Les bandes originales de films japonais et de films indiens m’ont beaucoup influencé.
 
Est-ce que la France vous inspire aussi ?
Ben : Oui, en fait j’ai vécu dans le sud de la France pendant huit mois après avoir fini mes études. C’était définitivement une des périodes les plus formatrices de ma vie. Je suis très heureux de revenir ici pour jouer cette fois.


La Playlist de Lord Huron:
 
 
 
Propos recueillis par Kirana Chesnel // Photos: Jacques de Rougé
 

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