Les cinq révélations qui ont marqué Rock en Seine
Alors qu’on se remet à peine de notre week-end marathon à rock en seine à enchaîner les concerts entre deux bières, quelques morceaux continuent de nous trotter dans la tête. Voici les cinq révélations qui ont marqué le festival et que l’on vous conseille vivement de suivre de très très près dès la rentrée!
1. La folk poétique de ToKill A King
Ce dimanche, les Anglais passent sur la scène Pression Live à un horaire difficile: en ce début d’après-midi, leurs compatriotes de Blood Red Shoes viennent de rassembler une grande majorité du parc de Saint-Cloud devant la Grande scène, autant dire à l’autre bout du festival. Sur la petite colline à l’herbe encore verte, le soleil tape fort. Les festivaliers les ont tellement attendus, ces premiers rayons de chaleur, que la fosse, cinq minutes avant le début du set, ressemble davantage à la plage de Lacanau en plein mois de juillet. Autant dire que la tâche n’était pas aisée pour le club des cinq, qui a pourtant assuré son show avec aisance et humour. Originaire de Leeds, le groupe est passé l’été dernier par l’immense festival du Reading avant même de publier son premier album Canibals with cutlery fin 2013. Leur rock indie tantôt pop, tantôt folk, à la croisée de The National et de Mumford and Sons, est d’une poésie déroutante et dénuée de faux-semblants. Sur scène, la complicité entre les gaillards est évidente, et leur musique n’en ressort que grandie. Attirant des spectateurs tout au long de leur set, leur public finira triplé, debout, et complètement scotché, à applaudir frénétiquement. Plus tard dans la soirée, rencontrés backstage, les gars au sourire super friendly m’assureront, entre deux blagues, que Rock en Seine est un des meilleurs festivals qu’ils ont fait jusqu’à présent.
2. Les sixties revisitées par Lucius
De passage à la Flèche d’Or en avril dernier, Jess et Holy, les deux chanteuses au carré blond identique et au look coloré très travaillé, nous avaient déjà enchantés. Toujours à la pointe de l’élégance, les Américaines finiront tout de même par abandonner leurs (magnifiques) talons haut de plus de 20 cm au bout d’un morceau seulement, devant la souffrance infligée à leurs orteils. Celles qui me raconteront en coulisses l’après-midi être impatientes de voir Saint-Vincent sur scène ce même soir, et sur la même scène, n’ont rien à envier à leur compatriote. Leurs harmonies vocales soulignées par des percussions savantes sont directement inspirées des sixties, avec ce qu’il faut de soul et de rock pour faire danser les foules. Ce n’est pas par hasard qu’on a sélectionné leur premier album, sorti en mars dernier, parmi les meilleurs de ce printemps. Un disque nommé Wildewoman, et qui leur convient finalement très bien. Pour voir ça par vous-mêmes, Lucius sera de nouveau en concert à Paris le 28 octobre prochain au Café de la Danse.
3. Royal Blood, dark vibrations
La presse spécialisée ne tarit pas d’éloges sur le groupe de Brighton. Programmé au même moment que Die Antwoord, il bénéficie de l’effet désertion d’un public frileux provoqué par les couinements égosillés par la chanteuse sud-africaine. Du coup, au même moment, devant la scène Pression Live, les Anglais rassemblent une audience désireuse d’entendre du rock, du vrai. Du pur, et bien dark. Le duo balance sans ambages ses riffs de basse effrénés accompagnés d’une batterie furieuse sous un ciel aussi noir que la pochette de leur album. Un artwork aussi magnifique qu’inquiétant, d’ailleurs, collant parfaitement au son angoissé envoyé en rafales par le chanteur/bassiste Mike Kerrr et le batteur Ben Thatcher. Le set est efficace, et la fosse totalement convaincue. Un bon coup de promo pour Royal Blood, dont l’album éponyme est sorti juste après la clôture du festival. Les Anglais seront en concert le 16 novembre à La Cigale à Paris.
4. L’électro pop glacée de Giana Factory
A l’écoute de Lemon Moon, le nouvel album des Danoises, sorti en mai dernier, j’étais plutôt séduite par l’alchimie vocale du trio. Les voir sur scène m’intriguait. C’est désormais chose faite, et cette expérience n’a fait que me conforter dans ma première idée: ces filles envoient du lourd! Présentées comme « la réponse danoise à Warpaint », Giana Factory avait intérêt à assurer le show. La ressemblance ne s’arrête pas au côté bohème chic des trois jeunes femmes, qui sont à l’électro ce que les Américaines sont au rock: une version pop et punchy, classe et sans détours. En témoigne le clip du morceau éponyme, offrant une plongée dans le quotidien effrayant des évangélistes, à travers une séance d’exorcisme. Ce second disque a été produit par leur compatrioteTrentemøller, qui assurait la veille son set électro dans le parc de Saint-Cloud, et met en lumière les voix délicates aux tonalités différentes, mêlées à des beats à la lisière du trip hop et du new-wave.
Devant la scène de l’Industrie, la fosse est totalement blindée, et l’on a du mal à avancer vers la scène. Il semblerait que Raphaël d’Hervez et sa bande soient très attendus. Echappé de Minitel Rose, le jeune musicien-producteur a créé son propre label, Futur Records, et a troqué ses instruments contre des bécanes, afin de produire sa douce ambient pop. Le premier album éponyme de Pégase est sorti en mars dernier, et semble déjà avoir mis la critique de son côté. Il y a de quoi! J’avais hâte de découvrir sur scène ce groupe à la magnifique pochette de disque et au nom délicieusement poétique. Voila qui est fait, et à l’écoute de ces douces mélodies éthérées, on n’a qu’une seule envie: les revoir sur scène.
Rédactrice et photographe: Aurélie Tournois