Musique de film: les meilleurs duos cinéastes & compositeurs
Quand compositeurs et réalisateurs sont au diapason, ça donne des collaborations de légende. Si Hollywood regorge d’exemples, le cinéma hexagonal n’est pas en reste. Tour d’horizon de ces duos qui font battre le cœur des spectateurs, dans l’harmonie de notes et de cadrages savamment orchestrés.
Ennio Morricone & Sergio Leone : des bancs d’école aux plateaux de tournage
À l’honneur d’une exposition à la Cinémathèque française, Sergio Leone avait l’art de brosser des fresques grandioses. On doit à ce conteur d’histoires le triptyque dit des « Il était une fois » : Il était une fois dans l’Ouest, Il était une fois la Révolution et Il était une fois en Amérique. En 1964, son producteur suggère un compatriote romain pour la musique de Pour une poignée de dollars, Ennio Morricone. Quelle ne fut pas la surprise du père du western spaghetti de retrouver son ancien camarade de classe, perdu de vue depuis l’enfance. Leone lui fera confiance jusqu’à sa mort, le laissant composer ses partitions en amont du tournage, pour calquer les mouvements de caméra sur ceux de sa mélodie.
Hans Zimmer & Christopher Nolan : la vie en rose
Les 10 Oscars® qu’ont récolté leurs films communs – six, dont la trilogie Dark Knight – valent au duo de voir la vie en rose. C’est justement dans le répertoire d’Edith Piaf qu’il faut piocher le coup de bluff musical d’Inception. En 2010, la ritournelle Non, je ne regrette rien sert de thème au personnage de Marion Cotillard, connue outre-Atlantique pour avoir incarné la Môme dans le film éponyme. Des puristes se sont intéressés à une scène en particulier, en révélant que la musique a priori anodine qu’on entend devient Non, je ne regrette rien lorsqu’elle est jouée à l’envers et en accéléré. Coutumier des expérimentations orchestrales, le tandem n’a par ailleurs pas hésité à faire résonner de l’orgue sur la BO d’Interstellar (2014), en référence au répertoire d’un autre maestro des odyssées de l’espace, Kubrick.
Bernard Herrmann & Alfred Hitchcock : suspense et paranoïa
Près de 60 ans après sa sortie, Psychose continue de résonner dans le cœur des cinéphiles au son de l’archet strident qui a rendu la scène de la douche si emblématique. Ce ressort musical qui fait monter la tension crescendo, on le doit à Bernard Herrmann, maître du suspense… musical. Indissociables, les deux hommes ont eu une relation artistique d’une dizaine d’années, aussi brillante que houleuse en raison du tempérament entier d’Hitch.
George Delerue & François Truffaut : la Nouvelle vague sur un air de guitare
Riche d’une dizaine de compositions originales, le partenariat Truffaut-Delerue permet à Serge Rezvani d’imaginer une chanson d’une bouleversante mélancolie : Le Tourbillon de la vie, dans Jules et Jim (1962). Interprétée par la regrettée Jeanne Moreau, elle est autant connue dans sa version initiale, qu’à travers la reprise que Vanessa Paradis fera en ouverture du Festival de Cannes 1995. Pour l’anecdote, l’admiration que Truffaut porte à Hitchcock est telle, qu’il « soustraira » Herrmann à son confrère britannique l’espace de deux films : Fahrenheit 451 (1966) et La Mariée était en noir (1967). La boucle est bouclée !
Alexandre Desplat & Wes Anderson : un Frenchy à Hollywood
Collaborateur privilégié de Jacques Audiard en France, Alexandre Desplat est célèbre hors des frontières hexagonales et pas uniquement pour la BO d’Harry Potter. Loin des canons des majors, les sociétés de production indépendantes sur lesquelles s’appuie Wes Anderson permettent à Desplat de laisser libre cours à son génie créatif. Débordant de fantaisie, les mélodies aux accents multiculturels du Frenchy donnent du panache à Fantastic Mr. Fox, Moonrise Kindom, The Grand Budapest Hotel et L’Île aux chiens, les quatre projets du duo. Multirécompensé, le tandem devrait se retrouver autour du bien nommé The French Dispatch, long métrage en préproduction, dont on sait juste qu’il sera porté par les incontournables Timothée Chalamet et Saoirse Ronan. D’ici-là, les fans pourront se consoler avec le prochain Wes Fest, festival dont la première édition s’est tenue à Brighton en octobre 2018.
Justin Hurwitz & Damien Chazelle : copains de fac
Miles Teller, en sueur, jouant de la batterie à tout rompre sous les véhémences de J.K. Simmons est l’image qui a fait de Whiplash (2014) un triomphe. Propulsé sur le devant de la scène internationale, le réalisateur Damien Chazelle s’est considérablement inspiré de sa propre expérience au conservatoire, mais a laissé les rênes de l’écriture musicale à Justin Hurwitz, qu’il connaît depuis une quinzaine d’années. Naturellement de la partie pour La La Land, cet ami d’université a contribué à ce que leur comédie musicale se hisse sur le podium des meilleurs films de 2017. Entre eux, la complicité ne fait aucun doute : « Justin et moi nous comprenons à demi-mot et parlons le même langage », confiait le cinéaste, qui a réitéré sa confiance à Hurwitz et Ryan Gosling l’automne dernier avec First Man.
Danny Elfman & Tim Burton : les funèbres complices
Quand Tim Burton rencontre Danny Elfman, celui-ci est le leader d’un groupe punk, les Oingo Bingo. Tous deux novices à Hollywood, le rockeur et l’ancien scénariste des studios Disney s’associent autour d’un premier long métrage, Pee-Wee Big Adventure. Sorti il y a 35 ans, ce film donne le coup d’envoi d’une carrière commune jalonnée de succès, comme Batman ou Edward aux mains d’argent, qui deviendra l’une des plus prolifiques du septième art. Prochain rendez-vous le 27 mars, avec la sortie dans les salles de leur Dumbo en live-action.
Rédactrice: Coline Feldmann