Solidays 2015 // Jour 1: The Do, Hanni El Khatib, Angus & Julia Stone, Izia, Palma Violets, Radio Elvis // Hippodrome de Longchamp
Vendredi 26 juin
Cette édition 2015 des Solidays se présente sous les meilleurs auspices. La météo prévoit des températures caniculaires, ce qui, si on se protège bien, ne peut être que de bon augure. Un tube de crème solaire indice 50 quasiment vidé plus tard, je me dirige avec hâte et détermination vers l’Hippodrome de Longchamp. Je récupère mon petit pass médias à l’entrée technique 1 et, à l’approche du site, j’entends les hurlements des festivaliers inconscients, pardon, téméraires, qui se sont déjà élancés depuis les fameuses nacelles de saut à l’élastique. « Traversez le mur du son » qu’ils disent… Tu m’étonnes ! Décidemment ce spectacle me fascine mais ce n’est pas pour autant que je m’y adonnerai de sitôt ! Je longe la Greenroom d’où retenti la house de Stephan. Je poursuis mon chemin jusqu’à l’Espace médias et tombe nez à nez avec les membres d’Isaac Delusion qui, comme moi, sont venus s’enquérir du programme du jour. Radio Elvis va jouer sur la scène César Circus dans quelques minutes ! En attendant, c’est le groupe de hip-hop/reggae Phases Cachées qui y termine tout juste son set et qui a l’air d’avoir beaucoup plu au public.
« Ce sera court mais intense » avait prévenu Radio Elvis sur sa page Facebook à quelques heures de son passage. Le groupe, qui joue dans le cadre de Paris Jeunes Talents, ne dispose en effet que de trente minutes. Mais intense est bien le terme adéquat pour définir leur jeu et la voix de Pierre Guénard qui nous chante bien sûr La Traversée et Goliath, mais aussi l’inédite Bleu Nuit/Synesthésie ou encore leur dernier single Au Loin Les Pyramides. Quelle belle entrée en matière pour ce premier jour de festival !
Je décide de me diriger maintenant vers la grande scène Paris où vient tout juste de commencer Biga*Ranx. J’ai hâte d’entendre enfin en live les morceaux qui m’accompagnent tous les matins sous la douche depuis qu’ils tournent en boucle sur Nova ! Blague à part, son show est super efficace et je me mets instantanément à danser, jusqu’à ce qu’au bout de vingt minutes à peine, une panne technique massive ne coupe court au concert. J’en ai mal au cœur pour lui. Mais après avoir attendu quelques minutes, je reviens sur mes pas et arrive devant la scène Domino où se démène Soviet Suprem. Soviet Suprem c’est un hybride de musique balkanique et de Beastie Boys qui se prend tout sauf au sérieux et ça fait du bien ! Mais alors qu’ils jouent, nouvelle panne ! Les biens nommés John Lénine et Sylvester Staline appellent à la rescousse le Raspoutine Orchestsar pour poursuivre cette grande marrade soviétique en rendant hommage aux camarades Grecs sur un sirtaki remixé à la sauce Stroganov.
Je dois à présent retourner dans l’espace médias pour une petite conférence de presse avec The Do dont je vous dévoilerai le contenu dans la suite de l’article.
Et ressortant j’entends jouer Kid Wise sur la scène César Circus. Ça a l’air vraiment cool mais ma curiosité me pousse jusqu’à la scène Bagatelle, à l’autre bout du site, où jouent les londoniens de Palma Violets. Et j’arrive juste à temps pour Best of Friends, le titre phare de leur premier album 180.
Dans la lignée des Clash et des Libertines, ces cinq sales gosses portent haut l’étendard du rock anglais irrévérencieux. Leur attitude rebelle n’a pas manqué d’inspirer l’un de leurs admirateurs britannique, tout aussi chevelu qu’eux, qui, pris dans le feu de l’action, n’a pas hésité à grimper sur scène pour le plus grand plaisir des lads de Lambeth. Et alors que personne n’a cherché à récupérer l’intrus, ce dernier est resté pour chanter avec plus de fougue encore que les chanteurs du groupe les deux derniers morceaux du set. Le niveau de coolitude de Palma Violets n’en a été que décuplé dans mon estime.
Après ce gig ébouriffant, je regagne la scène Paris et ce n’est nul autre que Bill Gates qui y prend la parole. Après une expérience très positive l’année dernière, le fondateur de Microsoft, très engagé dans la lutte contre le sida, le paludisme et la malnutrition, a en effet souhaité revenir et renouveler son soutien à Solidarité Sida.
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« Si on m’avait dit que Bill Gates ferait un jour ma première partie je ne l’aurais jamais cru ! » plaisante Izia quand elle lui succède au micro. Bien que passée du rock en anglais à l’électro pop chantée en français avec son troisième album La Vague, la fille de Jacques Higelin est toujours la même boule d’énergie et alterne les deux styles musicaux sur scène. Mais bien que plutôt efficaces, ses nouvelles mélodies pop soulignent quelques faussetés dans la voix de la jeune femme, bien meilleure lorsqu’elle reste dans la puissance de ses tubes rock.
Retour à la scène Bagatelle pour un moment de poésie pure avec Angus & Julia Stone. Les frère et sœur australiens, dont les voix voilées me donnent des frissons, se révèlent également être d’excellents musiciens en live. Guitares, trompette, tambourin se succèdent tour à tour entre leurs mains pour accompagner leur divine pop éthérée.
Mais le concert dont je ne veux absolument pas perdre une miette ce soir est celui de l’américain Hanni El Khatib dont le blues-rock me fait totalement chavirer. Je me dépêche donc de repartir vers la tente de la scène Domino, où il vaut mieux arriver en avance pour être bien placé. En chemin je passe donc devant Isaac Delusion qui en est à la fin de son set avec le génial morceau Sleepwalking qui s’achève sur un dantesque son électro-tribal avant d’enchaîner sur Pandora’s Box.
Hanni El Khatib entre en scène sous des applaudissements chaleureux. Il faut dire que ses concerts sont réputés pour être d’une grande intensité. Pendant une heure, « HEK » et ses musiciens nous gâtent avec les meilleurs morceaux de leurs trois albums (entre autres : Moonlight, Build. Destroy. Rebuild., Dead Wrong, Mexico, You Rascal You, Pay No Mind, Family) que je me surprends à connaître par cœur. Le public, constitué de véritables fans, ce qui est plutôt rare en festival, est en transe absolue. Comme à son habitude, Hanni tente un slam pendant son avant-dernier morceau. Le public, tellement heureux, ne veut plus le lâcher ! « Holly shit ! » HEK n’en revient pas de ce qui vient de lui arriver quand les vigiles réussissent enfin à le rehisser sur scène. Je pense qu’il se souviendra longtemps de son passage au Solidays. Et nous aussi.
Après avoir bien bougé et profité du concert de HEK jusqu’à la toute dernière chanson (l’émouvante et chaloupée Two Brothers) je regagne tranquillement la scène Bagatelle où doit se produire The Do en me doutant bien qu’il doit déjà y avoir beaucoup de monde. Au passage j’aperçois les britanniques Clean Bandit sur la scène César Circus. Mais de loin je n’arrive à distinguer que la blonde chevelure de la chanteuse, Grace et Milan Neil, le violoniste.
J’arrive juste à temps devant la scène Bagatelle pour entendre Keep Your Lips Sealed de The Do et m’installe tranquillement dans l’herbe, en hauteur, pour profiter du spectacle. Olivia est toujours aussi magnétique sur scène. Sa voix cristalline est un déchirement. Et c’est avec une oreille toute neuve que je redécouvre le texte de Miracles.
Un peu plus tôt dans la soirée, Dan Lévy s’était en effet confié en conférence de presse sur la période difficile qui avait précédé la création de leur troisième album Shake Shook Shaken. Leur couple venait de se dissoudre et ils n’avaient plus d’autre choix que de continuer à composer « pour ne pas couler ». « J’avais toujours envie d’entendre la voix d’Olivia », avait-il dit. Pour The Do, leur concerts sont bien plus qu’une série de titres, ce sont des séries d’histoires personnelles dont ils ont su exorciser la violence. Et cela se ressent dans la force et l’émotion qu’ils dégagent sur scène. La scénographie, les pas de danse guerriers d’Olivia, leur complicité lorsqu’ils se rejoignent pour une version électro et musclée de Aha qui figurait sur leur tout premier album A Mouthful , tout est très beau. Et ce sont des étoiles plein les yeux que je rentre chez moi, tandis que Paul Kalkbrenner s’installe sur la scène Paris.
De belles choses m’attendent encore demain et, notamment, des interviews avec les messins de Grand Blanc et les londoniens The Vaccines…
Kirana Chesnel